
Bella est une jeune femme ramenée à la vie par le brillant et peu orthodoxe Dr Godwin Baxter. Sous sa protection, elle a soif d’apprendre. Avide de découvrir le monde dont elle ignore tout, elle s'enfuit avec Duncan Wedderburn, un avocat habile et débauché, et embarque pour une odyssée étourdissante à travers les continents. Imperméable aux préjugés de son époque, Bella est résolue à ne rien céder sur les principes d’égalité et de libération. (Source : Allociné)
Adapté du livre Pauvres Créatures de Alasdair Gray
Rôle principal
Rôle principal
Rôle principal
Rôle principal
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Apparition
Apparition
Apparition
Apparition
Apparition
Merci à MoonFace qui a créé cette fiche
Poor Things est un film complet, dans lequel Lanthimos et son équipe excellent dans chaque aspect. La production est d'une qualité dingue, décors comme costumes crèvent l'écran et mettent en valeur un sublime casting, Emma Stone en tête.
La réalisation de Lanthimos retrouve un second souffle après être quasi tombé dans le gimmick avec la favorite. Son amour pour les grands angles sert ici le bizarre dans lequel évolue Bella, monde autant étranger pour nous que pour elle.
La gestion des couleurs/noir et blanc, la différenciation du numérique et de la pellicule, les décors cartons pates VS les fonds verts... Tout donne corps à un film qui excelle dans quasi tout ce qu'il entreprend.
J'ai trouvé un petit coup de mou niveau écriture sur la fin. Les dernières péripéties, bien que justifiées narrativement, m'ont semblé un poil longuettes. Heureusement que tout ce qui se passe avant est magnifique. Le film aborde des thèmes profonds, chers au réalisateur (la privation de liberté, la découverte de la sexualité) mais aussi nouveaux (l'injustice, l'émancipation féminine) tout en restant dans une nuance des plus implacable (le personnage de Harry notamment).
Le cumul des tons est digne des plus grands, le film étant drôle et touchant à chaque instant.
Mais pas de quoi bouder mon plaisir. Poor Things est un excellent film, d'un réalisateur accompli, avec en tête une actrice phénoménale tout en contrôle. Et c'est beau.
J'ai eu peur les cinq premières minutes et puis je suis tombé dedans comme on tombe en amour.
La photographie, le scénario, le jeu d'acteur, la musique, tout m'a paru merveilleusement bien foutu. Le sujet est difficile, les scènes de sexe nombreuses, mais ça fait tellement de bien un film sur la recherche du plaisir féminin et sur la liberté sexuelle (entre autres.)
L'atmosphère gothique est également un bonheur.
Poor Things dépeint de manière surréaliste l'évasion d'une femme d'un système patriarcal, embrassant un voyage d'autodécouverte. L'éveil de Bella, aussi bien psychologique que sexuel, explore avec fascination et humour l'émancipation, le désir et l'identité, confrontée à des personnes et des situations qui défient sa vision du monde et sa perception de soi. Une grande comédie noire, parfaite en tout point. Visuellement, le film est sublime comme un carnaval infiniment fascinant d'étrangeté, dansant entre un noir et blanc contrasté magnifique et un monde extérieur surréaliste qui ravit la rétine avec ses plus beaux tableaux. Et que dire des performances des grands acteurs, rendus méconnaissables par leur chaos brillant. Bravo Emma. Bravo Yorgos. Une oeuvre absolue d'une rareté précieuse dans le monde du septième art.
"I must go punch that baby." - Bella
Mais quel enfer ce film. Nul. Nuuuuuul. Plus capable de voir des films qui romantisent les agressions sexuelles, la prostitution et la sexualisation des femmes/enfants. Nan, c'est pas féministe.
Je ne pensais pas aimer car dès les premières minutes on est plongé dans un univers particulier. Et finalement on se laisse porter :)
Ce film est un chef d'œuvre; une esthétique incroyable au service d'une histoire plaisante, qui se laisse regarder.
J y suis allé et j ai pas accroché un instant mis à part les costumes et décors: dis t on oh génie si ce sont des acteurs lambdas ? Pas sûr enfin bref j ai pas adhéré au scénario
Je suis incapable de dire si j'ai aimé ou pas...
Que dire que dire.... Je savais que je me lançais dans un film qui a divisé par son scénario mais je me trouve divisé moi même après le visionnage. Alors déjà, Emma Stone est juste parfaite dans son rôle qu'elle incarne avec brio (ce qui est limite flippant tant le personnage est creepy mais bon). Ensuite, les personnages sont d'une rare complexité tout du long des 2 heures de film et je n'arrive toujours pas à savoir si Godwin était quelqu'un de cool ou non (parce que mettre le cerveau du bébé dans celui de sa mère c'est tordu mais il a une affection paternelle pour elle alors ?). Après ce qui caractérise le film, c'est bien son étrangeté, la réalisation, notamment les prises de vue sont spéciales (mais intéressantes), les plans le sont tout autant (mais ils sont magnifiques). Bref, je n'arrive pas à décrire ce que je ressens après le visionnage et je suis resté sur le c** ce qui est signe pour moi d'un OVNI qui fait du bien au cinéma malgré tout (j'ai quand même pas mal ri au vu des scènes).
Donc franchement, c'est à voir pour l'expérience mais allez-y le cerveau complètement éteint mdrr
À voir pour sa cinématographie ; les plans et l'atmosphère sont fous.
j'aurais mis 18/20 s'il y avait pas autant de x
Absolument aucune idée de si j'ai adoré ou détesté. Mais il est clair que d'un point de vu cinématographique, c'est une expérience incroyable !
Je suis en terrain ennemi vu ma note
Je pensais vraiment que j'allais détester, ça partait très mal. Les scènes du début sont extrêmement malaisantes, la musique m'a fait vriller le cerveau, je me disais que c'était encore un film qui essayait de se démarquer des autres en faisant n'importe quoi pour être "original". Finalement ce n'est pas n'importe quoi. Effectivement, ce film est spécial, c'est indéniable. Et les nombreuses scènes de cul n'étaient pas nécessaires, selon moi. Mais j'avoue que j'ai finalement été charmée par l'ambiance générale. La photographie est sublime, il y a vraiment des plans a couper le souffle. Toujours pas fan de la musique mais ça donne une pâte assez raccord avec le propos du film. Emma Stone est éblouissante, je suis fan de cet accent anglais :p Même si son personnage a une façon tres particulière de s'exprimer, j'ai quand même fini par m'y attacher. Et a tous les autres d'ailleurs. Tout n'est pas tout blanc ou tout noir, juste des nuances de gris.
Nul.
C'est très space. Mais c'est génial.
Je suis d'accord avec les critiques précédentes : les 10 premières minutes sont un peu dures à passer car la plupart des scènes sont malaisantes. On se demande à quelle sauce on va être mangé. Ces 10 premières minutes ne reflètent pourtant aucunement la beauté du film !
Quand Bella part à la découverte du monde, ça devient tellement plaisant et intéressant. On a une sorte de conte initiatique philosophique qui ne rentre dans aucune case.
C'est tantôt poétique, tantôt cynique, tantôt drôle et réjouissant. C'est parfois touchant, et ça donne à réfléchir.
Ca m'a fait penser à un mélange entre Frankenstein, Le Petit Prince et Siddhârta. (Oui, ce sont 3 œuvres que l'on aurait pas idée de mettre ensemble, et pourtant !) J'adore la manière dont l'image a été travaillée. De A à Z, ce film nous montre comment Bella voit le monde. Donc les couleurs sont saturées, les décors affolent la rétine, puis visuellement, on en prend plein la vue.
Les dialogues sont géniaux, le jeu d'acteur est impeccable, le scénario est original.
Bref, un excellent film ! Je l'ai absolument adoré, et je le recommande plus que chaudement.
Très beau sur le plan artistique, la performance d'Emma Stone est époustouflante, mais le scénario me laisse dubitative...
Et comme d'autres l'ont déjà souligné, la multiplication des scènes de sexe n'apporte rien et l'émancipation par la prostitution bof bof
Bon, je viens tout juste de finir mon revisionnage que j'avais prévu de faire après avoir exploré un peu la filmographie de Yorgos Lanthimos. Parce que cette exploration ne m'a pas donné l'image la plus... positive du monsieur (même s'il y a des choses intéressantes dans (presque) chacun de ses films), ce qui m'a plutôt déçue parce que j'avais initialement beaucoup aimé Pauvres Créatures.
Mais ça, en plus des nombreuses controverses avec lesquelles je n'étais pas forcément en désaccord, m'a donné envie de revoir le film pour me faire un meilleur avis, un avis plus global à la fois sur le film et sur Lanthimos.
Et finalement, après un long moment passé à ne plus savoir quoi penser de ce film, je suis arrivée à la fin en pensant qu'en fait, il y a à la fois de très bonnes idées, et de très gros problèmes dans Pauvres Créatures, et c'est bien pour ça qu'il divise autant (et qu'il m'a divisée, moi, parce que vraiment ça n'a pas été facile de me faire un avis définitif).
Déjà, pour les points positifs.
Évidemment, au niveau du visuel, c'est juste magnifique. Vraiment, c'est un régal pour les yeux, et j'aime particulièrement la manière dont chaque ville visitée par Bella est stylisée pour s'adapter à son propre point de vue. Par moments, on dirait presque de la peinture surréaliste (très Magritte sur certains plans, je me demande s'il a servi d'inspiration), c'est vraiment beau comme esthétique. Sans compter la musique, qui est à la fois unique et magnifique également. Vraiment, d'un point de vue purement formel, je n'ai rien à critiquer, ce serait de la mauvaise foi de ma part de dire le contraire.
Une autre chose, le jeu d'acteur est très bon. Même si je le trouve un petit peu moins bon que ce qu'on en dit, il reste plus que correct, en particulier chez Emma Stone et Willem Dafoe (même si j'avoue que je n'ai jamais trouvé Emma Stone très crédible dans la première partie où on la voit littéralement jouer un bébé, et de manière générale je trouve qu'on ne ressent pas vraiment l'innocence qui est pourtant censée caractériser le personnage-c'est quelque chose que je ressens beaucoup plus chez Margaret Qualley dans ses brèves scènes en tant que Felicity).
Et pour finir, il y a beaucoup de réflexions que je trouve fascinantes. Je ne dirais pas forcément qu'elles sont explorées de la meilleure des façons, mais il y a beaucoup de choses très intéressantes (par exemple, j'adore toute cette idée de (re)partir de zéro pour se placer en-dehors des codes de société et ainsi ne pas les laisser nous restreindre lorsque l'on pense faire ce qui est juste (notamment dans la confrontation entre le cynisme/réalisme et l'idéalisme/humanisme)).
Mais, maintenant je vais parler des points négatifs. En fait, l'un des points les plus controversés à propos de Pauvres Créatures est la question du féminisme : le film est-il féministe ou au contraire, propose-t-il une vision rétrograde de la femme ?
Et j'avoue que lors de mon premier visionnage, je ne me suis pas posé la question parce que je n'avais pas perçu le film comme un récit d'émancipation de la femme mais plus comme une confrontation entre l'innocence et la violence du monde, et la manière dont cette innocence pourtant décriée peut rendre le monde meilleure car elle permet de conserver un espoir que les "réalistes" ont perdu. Une question que je trouvais très belle, et qui a sûrement biaisé mon premier jugement.
Parce que maintenant, j'ai plutôt l'impression que le film n'est ni féministe, ni idéaliste/humaniste, mais tout au plus anti-conformiste (et encore). Ce n'est pas un problème en soi, mais ce que ça implique pour cette histoire précise, c'est que la majorité des très importantes thématiques adressées dans ce film ne sont pas traitées avec la délicatesse nécessaire, et tous les beaux messages qui auraient pu naître sont réduits à néant dans la scène qui suit.
Parce que c'est ça le plus gros problème de Pauvres Créatures à mes yeux : il se dirige sans cesse vers des thématiques très importantes et/ou tout simplement belles, tout ça pour les contredire quelques minutes plus tard ce qui fait qu'au final, au-delà de cette histoire de créature de Frankenstein qui s'émancipe pour choisir sa propre voie, on ne sait pas trop quelle est réellement la vision de film et ce qu'il cherche à dire (d'où les débats sans fin à propos de cette oeuvre). Et pire encore, si on commence à vraiment décortiquer ce que l'enchainement des scènes amène comme message... Ce qui en ressort est parfois profondément nihiliste, et pourtant ça ne me semblait pas être l'intention du film.
Je vais prendre un exemple : [spoiler] La scène qui m'a toujours le plus touchée, c'est celle dans laquelle Bella est mise face à la pauvreté et, bien loin de laisser cette horreur la plonger dans le cynisme, elle lui donne au contraire la motivation d'agir pour rendre le monde meilleur. Ce qui, déjà, perd en puissance lorsque sa tentative de donner de l'argent aux pauvres, avec son argent en réalité volé par les marins qu'elle avait sollicités naïvement, est tournée en dérision.
Mais surtout, c'est la seule et unique fois qu'on la voit réellement agir par pure empathie. Suite à ça, non seulement il lui suffit de devenir elle-même "pauvre" pour oublier la douleur ressentie face à la souffrance de ces bébés morts dans des conditions atroces, mais en plus elle ne cherche ensuite à changer le monde que pour ses besoins personnels : elle se prostitue dans le but de combiner son amour du sexe à son besoin d'argent, mais ne prend aucun plaisir avec ces hommes, donc son nouveau but devient de rendre le sexe dans ce contexte agréable aussi bien pour le client que pour elle-même. C'est quand même une sacrée chute en terme de combat, et j'y reviendrai.
Mais un autre problème par rapport à ça, c'est que ça enchaîne avec Bella qui se voit stoppée dans sa rébellion par la gérante qui lui apprend qu'il faut accepter le malheur et la part sombre de soi-même pour en ressortir plus complète, plus vivante. Ce que Bella fait, lui faisant perdre jusqu'à son empathie (même pour une courte période), et ça marche !
Donc en gros, se battre pour changer les choses ça ne sert à rien, il faut juste accepter le malheur et le regarder droit dans les yeux parce que la vie, c'est aussi la souffrance. Je vois l'idée, je ne dis pas que je ne comprends pas... Mais dans ce contexte, c'est du cynisme, c'est réellement du cynisme. Et puis, je suis persuadée qu'on peut vivre et être heureux sans perdre sa part d'innocence et d'empathie profonde, mais ça c'est une question de philosophie qui peut aller très loin.
Le fait est que, à plusieurs reprises, Bella commence à se rebeller contre un monde qui lui semble, à raison, profondément injuste, tout ça pour que le film la pousse dans une autre direction et fasse passer ça pour de la sagesse et la vraie façon de s'émanciper.
(Je précise quand même qu'il y a une scène coupée qui montre justement Bella qui refuse de laisser le cynisme de la gérante la corrompre et décide de partir pour cette raison, ce qui est une scène qui améliore grandement le film... Sauf que c'est une scène coupée, malheureusement le rendu final ne suit plus ce point de vue.)
[/spoiler]
Et tout ça amène aussi un autre problème (qui, je le sais, n'en sera pas forcément un pour tout le monde) : le film cultive énormément la notion d'individualisme et d'utilitarisme dans les relations. Il y a quelques scènes qui semblent aller dans le sens opposé, mais dans l'ensemble, il y a vraiment cette vision étrange de la place de soi face aux autres.
J'ai tendance à penser que l'on vit autant pour soi qu'avec les autres, que la découverte de soi passe également par ces relations humaines, que ce n'est pas "moi face au monde" mais "moi avec le monde", etc... Mais on ne voit jamais Bella interagir de façon normale avec qui que ce soit. Elle ne se découvre pas à travers ses relations, elle ne s'ouvre pas autant que ce qu'elle attend de l'autre, c'est seulement "Bella", point. Mais le monde ne fonctionne pas comme ça, j'en suis persuadée.
Et dans le film, ça amène une conclusion qui n'est pas forcément des plus belles quand on y pense vraiment :
[spoiler] Bella et sa copine la socialiste vivent finalement la belle vie dans leur grande maison en étant toujours servies par la pauvre domestique qui elle n'aura jamais la moindre chance d'émancipation, et surtout par Felicity, pourtant une Bella bis face à laquelle Bella n'a visiblement aucune compassion. Et apparemment, c'est normal.
Sans parler du mari qui se fait changer en chèvre... C'est plutôt drôle, je ne dirais pas le contraire, mais pour ce que ça dit de Bella, je ne suis pas convaincue.
Je note d'ailleurs le fait que Bella soit considérée comme exceptionnellement intelligente là où Felicity a beaucoup plus de difficultés, ce qui amène donc une autre question : est-ce-que Lanthimos est en train d'insinuer que seules les personnes intelligentes et donc, selon son point de vue, capables d'apprécier la complexité du monde, on le droit de vivre pleinement, là où quelqu'un comme Felicity est condamné à rester coincé dans un carcan sans que personne ne lui tende la main ?
[/spoiler]
Au-delà de ça, il y a évidemment toute la question du sexe dans le film. L'émancipation par le sexe, la découverte de soi par le sexe, le sexe, le sexe, encore le sexe... C'est dommage que la majorité du personnage de Bella, pourtant voulu comme une personne complète et complexe à la fin, tourne à ce point autour de cette seule et unique notion. Surtout qu'on parle uniquement de sexe utilitaire, pas de relation humaines, une fois de plus.
Et surtout, ça amène évidemment la question de comment est-ce-que le film perçoit réellement la femme. Je ne vais pas trop revenir sur ça car il y a déjà eu de longs essais à ce sujet, mais juste pour en parler brièvement, le film minimise quand même beaucoup le viol... Voire le relativise. Et ça c'est un vrai problème (surtout que ce n'est pas la seule œuvre de Lanthimos dans laquelle je vois cette thématique être traitée de cette manière (coucou Kinds of Kindness, oui c'est toi que je regarde)).
Et puis bien sûr, bien sûr... Bella, décrite comme un bébé dans un corps d'adulte (certes qui grandit rapidement mais qui est bel et bien une petite enfant au début), devient obsédée par le sexe et est filmée en plein acte. Il ne faut pas trop réfléchir à ça je pense (parce que c'est ☆métaphorique☆) mais... Franchement, ça aurait pu être évité, c'est très gênant.
Et la métaphore n'excuse pas tout, mais ça beaucoup d'artistes l'ont oublié.
(Et ça me permet aussi de mentionner le fait qu'Emma Stone ait dit ne jamais avoir perçu Bella comme une enfant... Sauf que le film lui-même nous présente d'abord Bella comme, littéralement, un bébé dans un corps d'adulte, qui finit certes par grandir et devenir adulte mais au début, c'est une enfant, le film nous le dit lui-même et Emma Stone a passé la majeure partie du film à jouer (maladroitement) une enfant. (Dans le meilleur des cas, on est face à un personnage avec d'importants troubles cognitifs, ce qui n'est pas mieux, surtout quand vient la question du consentement.) Alors soit elle ne sait plus sur quoi elle a travaillé auquel cas ça doit être contraignant dans la vie de tous les jours, soit elle a décidé de ne pas assumer le projet et de nous faire croire que c'est nous qui sommes stupides, ce qui ne serait pas très sympa de sa part donc j'ose espérer que ce n'est pas ce qu'elle a fait. Dans tous les cas, il y a un vrai désaccord entre la façon dont Emma Stone décrit Bella et la manière dont le public (détracteurs comme fans) l'a perçue, et ça ce n'est pas forcément la faute du public.
Non parce que si Emma Stone n'a réellement jamais joué une enfant, il va falloir nous expliquer pourquoi son personnage s'est uriné dessus en hurlant joyeusement "PIPI". Entre autres.
Ah et encore mieux, après ça je suis allée lire ce que Yorgos Lanthimos avait à dire à ce sujet... En gros, lui n'a jamais lu le livre de cette manière (ce qui est quand même dommage puisqu'apparemment c'est un aspect central du roman (que je n'ai pas lu, je me suis renseignée sur la fin) mais j'en reparle plus bas), c'est juste sur une femme-enfant qui découvre le monde (jolie contradiction : ce n'est pas sur une femme-enfant, parce qu'en fait c'est sur une femme-enfant, faut le faire), et si nous on attache trop d'importance à la partie sur le bébé dans le corps adulte... Bah c'est de notre faute et on n'a rien compris.
Et même plus : [spoiler] En fait le film c'est sur une femme de 28 ans qui s'est suicidée puis se voit offrir la possibilité de vivre une nouvelle vie, libérée de tout carcan. D'accord. Ça c'est bien.
Sauf que le film lui-même nous dit que Victoria, la fameuse femme qui s'est suicidée, n'a pas pu être ressuscitée, que la conscience de Bella n'est pas celle de Victoria mais de son bébé encore dans son ventre au moment de l'impact, et que l'âge mental de Bella n'est pas le même que son âge physique (puisque c'est un bébé, précoce, certes, mais un bébé). Donc en prenant toutes ces informations en compte, la femme décédée n'a jamais eu l'occasion de vivre une seconde vie, sa fille vit à sa place, et sa fille n'a absolument pas 28 ans même si son apparence physique indique le contraire. Je n'invente rien. [/spoiler]
Je ne sais même plus quoi dire à ce niveau-là, Yorgos Lanthimos et Emma Stone se contredisent mutuellement, se contredisent eux-mêmes, contredisent le livre, CONTREDISENT LEUR PROPRE FILM, et nous disent que c'est nous le problème.
Nan mais... Au bout d'un moment, si autant de monde a un problème avec cette représentation de cette femme-enfant, il faut peut-être remettre son propre travail en cause.
À ce train-là on dirait presque que le film de Lanthimos n'est pas celui qui nous a été présenté (pas seulement en ce qui concerne la problématique du bébé d'ailleurs), c'est... perturbant.)
Et puis, Lanthimos a aussi beaucoup insisté sur la notion de "honte", dictée par la société, expliquant ainsi le comportement de Bella notamment vis-à-vis du sexe (elle n'a aucun moyen de ressentir cette honte, étant totalement en-dehors des codes de société, et donc fait ce qui lui plaît sans se poser de questions).
Le problème là-dedans, c'est que dans le contexte des relations entre Bella et les hommes, notamment Duncan, ça sous-entend quelque chose de terrible : les victimes de viol (oui parce que du sexe non consenti, on appelle ça une agression) ne sont traumatisées que parce que la société leur a imposé la honte qui vient avec mais dans le fond, si elles pouvaient se libérer de ces diktats, elle se rendraient compte que finalement... C'était plutôt sympathique comme petite expérience..
Vous vous rendez compte ? Je ne dis pas que c'est précisément ce qu'a voulu dire Lanthimos, mais je ne peux ne pas voir ce message ressortir de l'histoire de Bella. Si on prend la métaphore comme une métaphore, c'est ça que je vois, je suis désolée.
Autre chose : [spoiler] s'il y a un passage durant lequel Bella réalise vraiment que Duncan tente d'entraver sa liberté et décide de se rebeller contre lui... C'est lorsqu'il l'empêche d'aller frapper un bébé. Alors, il y a eu d'autres choses avant ça, c'est un tout, mais la goutte d'eau, c'est vraiment lorsqu'il lui dit que ce n'est pas socialement acceptable de frapper un bébé même si ses pleurs sont énervants.
Et là on arrive à un autre problème du film que je n'avais pas immédiatement cerné : le positionnement anti-conformiste du film est tel qu'il en vient à rejeter TOUTES les règles de société... y compris celles qui sont nécessaires pour un monde plus harmonieux. Par exemple, empêcher quelqu'un de frapper un bébé, ce n'est pas le brider, c'est juste normal, on ne fait pas ça, faut pas taper les bébés. (Et quand je vois le nombre de personnes ayant trouvé la soudaine envie de violence de Bella hilarante car tellement facile pour l'identification, je me dis que si un jour on décide de vraiment renverser tous les codes sociaux, les pauvres bébés seront les premiers à devoir être protégés. Les gens me font peur.)
Et non, malgré ce qu'on en dit, Bella n'évolue pas réellement au-delà de ces pulsions. On a parfois l'impression que si, et il faut admettre qu'elle arrive en tout cas à comprendre les notions de gentillesse et d'empathie au cours du film, mais comme je l'ai dit plus haut, ça ne veut pas dire qu'elle applique ces notions ni que le film la pousse à changer positivement (par positivement j'entends pour elle-même autant que pour les autres). Et je le répète, sa pulsion de violence envers un bébé n'est pas traitée comme un vrai problème, le seul personnage l'empêchant d'agir de la sorte étant le symbole des chaînes dont elle cherche à se libérer. (Et il ne faut pas oublier qu'un peu plus tard, on la voit se réjouir d'une tentative de meurtre... Ce que le film ne remet pas en cause puisque la victime de cette tentative trouve ça également amusant. Oh bah tout va bien alors. (Oui, d'accord, c'est de l'humour, mais ça reste inclut dans le développement global de Bella et des thématiques du film.) )
[/spoiler]
Oh misère, plus j'y pense et plus le film me pose problème...
Et juste un dernier point : apparemment, la fin du roman, que le film a occultée, [spoiler] confirme complètement les craintes de ceux qui voient Pauvres Créatures comme une histoire problématique. Normalement, c'est voulu pour critiquer l'infantilisation de la femme par l'homme. Le simple fait que Lanthimos ait retiré ce détail pourtant essentiel... Ça ne me fait pas voir le film d'un très bon œil. [/spoiler]
Donc je ne dirais pas que c'est un chef-d'oeuvre, loin de là, mais pas non plus une catastrophe absolue. C'est un film qui aurait pu être beau et profond... Mais qui s'est mélangé, a fait un gloubi-boulga de messages, est resté trop détaché de son propos et de ses personnages sous couvert de satire (malgré quelques fulgurances émotionnelles) et a franchi trop de limites pour son propre bien.
...En gros, c'est du Lanthimos. Mais du joli Lanthimos.
(Et il faut quand même le reconnaître : habituellement, je ne suis pas très réceptive à l'humour de ce réalisateur, mais là, plusieurs moments m'ont fait sourire.)
Incroyable. Je l'ai trouvé excellent en tous points et ne lui trouve pas de défauts sur le moment.
Cette évolution très bien mise en scène, cet apprentissage de la vie par Bella, et ce propos sur la liberté et l'appropriation masculine des femmes (et le fait que la société, les moeurs, sont construits autour de ça), c'était super bien amené, avec un humour très léger, très subtil, mais noir et cynique, souvent.