Franz26 a dit (16 Avril 2024 à 07:34)
Dernier opus de la saga sur Nes, Castlevania III : Dracula’s Curse fut malheureusement pénalisé par une sortie tardive en Europe (1992) et la présence dans les bacs de Castlevania IV sur Super Nintendo. Ce qui explique probablement le prix de la cartouche PAL aujourd’hui… Un juste retour des choses - malgré l’absurdité des tarifs liés au rétrogaming - car ce volet est sans aucun doute le plus abouti de la Nes.
Si j’allume de temps en temps ma vieille Nintendo afin de vérifier son bon fonctionnement, cela faisait des années que je n’avais pas poncé un titre 8 bits. 13 ans je crois, avec le génial Double Dragon 2 en coopération. Aux bons souvenirs du coup de genou sauté ! Mais je m’égare. Tout ça pour vous dire que, si les softs de la génération suivante restent parfaitement abordables, plates-formes et J-RPG en tête, ce n’est pas le cas de tous les jeux Nes ! Une large majorité d’entre eux sont désormais devenus très (trop ?) austères, même pour un habitué du rétro-gaming, et le plaisir de jeu n’est pas toujours au rendez-vous. J’insiste sur ce point, justement parce que Castlevania III fait partie des rares millésimes non bouchonnés !
Alors bien sûr, il faut quand même faire preuve de bon sens et remettre le tout dans son contexte. Symphony of the Night n’avait pas encore révolutionné le genre, et la recette de la franchise jusqu’au 4e opus consistait en une succession de niveaux en scrolling-horizontal/vertical, parsemés d’ennemis et de phases de plates-formes millimétrées. Aux commandes d’un Trevor Belmont rigide mais maniable, le gameplay de Castlevania 3 surprend encore par sa fluidité. Notre chasseur de vampire répond bien aux directives, et les maigres possibilités offertes par le pad Nes suffisent à engendrer un gameplay complet et agréable. Outre les capacités habituelles (saut/coup de fouet/item spécial), cet opus introduit la présence de sidekicks : Grant, un pirate pouvant grimper à n’importe quelle paroi tel Peter Parker, Syphia, une magicienne maitrisant les pouvoirs élémentaires, et enfin le grand Alucard, adepte des boules de feu et de la métamorphose. Une simple pression sur select permet de switcher entre Trevor et le compagnon du moment afin de profiter au mieux de ses capacités spécifiques. Un concept novateur avec lequel il faudra compter : sans la transformation en chauve-souris du jeune vampire, j'aurais eu un mal fou à visionner les crédits de fin…
Le périple de Castlevania 3 étant marqué par divers embranchements, il n'est pas impossible de louper un allié selon le chemin emprunté. Conséquence directe sur la durée de vie : l’envie de relancer une partie pour découvrir les quelques zones, boss et partenaires potentiels ratés lors du premier run se fait vite ressentir... avant que la difficulté globale ne vous rappelle à l’ordre ! Car oui, venir à bout du titre se veut assez éreintant ! Epoque oblige, on n’échappe pas à des phases très punitives et un nombre de vies restreint. Ne comptez pas non plus sur des objets de soins (le fameux poulet !) pour vous refaire une santé, ceux-ci sont rares et bien cachés. Et lorsque, après avoir galéré comme un diable pour arriver dans son antichambre, un boss vous poutre en 8 secondes, la tentation de s’ouvrir les veines au tire-bouchon monte dangereusement… On retrouve donc cet aspect « hard try » typique de l’époque, heureusement nuancé par quelques checkpoints et un système de mot de passe entre chaque stage. Persévérance obligatoire ! Un apprentissage dans la douleur, qui permet d’atteindre le boss du niveau avec un maximum de crédits/santé, et ainsi conserver toutes ses chances de victoire. Faisable, et de surcroit gratifiant !
Avec des décors fins et détaillés, couplés à une animation convaincante et un bestiaire varié, Castlevania 3 s’impose comme l’un des plus beaux jeux de la Nes ! Son souci du détail rend les niveaux parfaitement lisibles, nous laissant ainsi apprécier la qualité du level-design et de la direction artistique. Faisant écho à l’ambiance du titre, la bande son livrée par Michiru Yamane se révèle évidemment exceptionnelle. La compositrice phare de la série remet en effet une copie remarquable, et les musiques transcenderont votre sinistre périple.
Vu l’âge de l’œuvre, il m’est bien difficile d’attribuer une note pertinente à ce Castlevania 3. Malgré toutes les qualités énumérées nous restons en face d’un jeu 8 bits, certes à l’épreuve du temps, mais néanmoins limité par son support. Amateurs de rétrogaming souhaitant remonter à la genèse de la série, je vous recommande pourtant chaudement ce troisième opus, épisode magistral d’une franchise mythique.
Franz26 a dit (09 Avril 2024 à 09:21)
Encensé par la critique lors de sa sortie sur Playstation 2 en 2007, Okami fut pourtant un échec commercial. Mais le titre de Clover s’est forgé au fil des ans une belle réputation auprès du grand public, comme en témoigne de nombreux portages. C’est la version HD sur Playstation 4 que nous allons prendre pour base aujourd’hui, puisqu’elle permet de redécouvrir ce chef d’œuvre dans un confort visuel optimal.
Développé par la branche de Capcom à l’origine de Viewtiful Joe, Okami attise d’abord la curiosité grâce à une pate artistique unique, usant d’un « Cel-Shading » coloré aux trais prononcés non sans rappeler les estampes Japonaises. Chaque écran ressemble à une peinture animée et se veut un régal pour nos yeux et notre âme d’enfant. Un émerveillement qui tourne vite à l’admiration lorsque ce monde s’anime et prend vie devant nos pupilles ébahies ! Car la direction artistique d’Okami nous plonge dans un japon féodal magique inspiré de contes et légendes traditionnelles, où Amaterasu, notre louve divine, va devoir combattre la corruption qui consume le pays et restaurer la végétation environnante. Véritable ode à la campagne Nipponne, le titre de Clover centre sa thématique autour de la nature et de la faune qui l’habite. Un parti pris visuel audacieux, offrant de superbes panoramas et des effets grandioses, alors sublimés dans cette version HD au rendu impeccable.
Si le titre joue la carte de l’humour et de l’autodérision à travers dialogues et situations cocasses, aérant ainsi un scénario poignant, il use également d’un character-design caricatural pour nous happer dans son univers enchanteur. Amaterasu et son compagnon de fortune, Issun, vont donc parcourir le japon médiéval afin de vaincre les forces maléfiques et aider les malheureuses victimes des Yôkai. Pour cela, Okami introduit une mécanique des plus originales : le pinceau céleste. En pressant une gâchette le jeu passe en mode « parchemin » et vous laisse l’opportunité de gribouiller l’écran à votre guise ! Passé le réflexe commun de dessiner quelques majestueux phallus en érections, il faudra bien sûr respecter les codes schématiques déverrouillés au fur et à mesure de vos rencontres avec les divinités. Entourer un arbre mort afin de le revitaliser, tracer une ligne pour trancher, esquisser un cercle agrémenté d’une mèche pour faire apparaître une bombe, etc… Petit échantillon des possibilités offertes, dont l’exploitation sera indispensable tant pour progresser dans les donjons - au level-design excellent malgré un trop plein de linéarité - que pour venir à bout des ennemis. Un aspect du jeu non sans rappeler le célèbre elfe à la tunique verte de Nintendo. Une comparaison d’autant plus évidente que Twilight Princess est sorti la même année. Sacrée coïncidence !
Afin de débarrasser la nature de sa souillure, Amaterasu va rosser sans remords les Yôkai qui rodent sournoisement dans les parages ! Le canidé dispose de nombreuses armes magiques au rendu clinquant réparties en trois catégories : le rosaire, l’épée et le miroir. Mais c’est bien votre coup de pinceau qui sera déterminant, notamment pour dévoiler et exploiter les points faibles adverses. En échange de services rendus (floraison, quêtes annexes, nourrir les zanimeaux, etc…), Amaterasu gagne des points « d’amour » indispensables à l’upgrade de la jauge de vie, d’encre, ou à la taille de votre bourse. Et si l’argent ne fait pas le bonheur, c’est bien connu, dans Okami il y contribue un peu ! La cupidité des PNJs vous ruinera vite si vous ne prenez pas le temps de combattre et d’achever les quêtes annexes.
Autre atout indéniable du jeu : sa richesse sonore ! Le titre de Clover se dote de mélodies non seulement magnifiques, mais aussi en parfaite symbiose avec la proposition ludique générale. Malgré l’absence de voix digitales, remplacées par des petits bruitages discutables, la bande son sublime l’atmosphère magique du titre et porte l’immersion à son paroxysme. Du grand art. Okami s'offre pour finir d’une durée de vie dantesque et propose, en sus d’une épopée principale déjà dense, moult quêtes annexes et mini-jeux. Au rayon des maigres défauts, on relèvera une caméra déjà peu ergonomique à l’époque et une histoire assez longue à démarrer.
Véritable fable onirique, Okami c’est avant tout un univers enchanteur, vaste, où les mots liberté et dépaysement sont rois. Tout le monde n’adhérera pas à sa proposition artistique, parfois très contemplative au détriment du rythme, mais pour une large majorité de joueurs il fait partie de ces jeux uniques à l’empreinte impérissable. Okamiden, sa suite Nintendo DS méconnue mais néanmoins géniale, n’a pas rencontré le succès de son aîné et semblait avoir enterré définitivement l’avenir de la licence. Jusqu’à une « récente » interview de Hideki Kamiya, laissant encore planer un mince espoir... En attendant, si vous n’avez encore jamais touché à ce chef œuvre, je vous invite à vivre cette expérience rafraichissante et o combien précieuse dans le paysage vidéoludique.
Franz26 a dit (11 Février 2024 à 09:27)
Kratos n’en a pas encore fini avec les dieux Nordiques et revient faire parler ses lames dans un déchainement de violence glacial, suite direct du premier reboot PS4. Tandis que notre spartiate profite de son petit havre de paix retranché avec Atreus, désormais adolescent, et leurs loups domestiques, ces quelques années d’interlude paisible vont rapidement voler en éclat… Paré pour une seconde expédition dans les neufs royaumes ? Aiguisez vos lames, faite briller votre hache, et préparez-vous à en prendre pleins les yeux !
Car oui, évidemment, God of War Ragnarök (GOWR) est beau ! On passera sur quelques fautes de gouts en terme de character design ou de direction artistique, parfois un peu criarde, pour saluer sans modération l’incroyable travail de Santa Monica. Les environnements sont à couper le souffle, usant de textures magnifiques afin de matérialiser un monde bourré de vie et de détails que l’on arpente sans modération. Jungles tropicales, déserts glacés, cavernes et cités disparues, le dépaysement s’avère total et vient conforter la nouvelle direction de la licence : le voyage. Nous y reviendrons. Une fluidité et un framerate exemplaire sur PS5, même en mode « 4K haute-performance », et je n’ai constaté aucun souci technique durant mon périple. Un véritable régal !
GOWR reprend à la lettre la recette de son prédécesseur. Fini l’aspect beat’em all nerveux et peu subtil des premiers opus, on contrôle ici un Kratos plus lourd qui doit jouer de l’esquive et de la parade pour s’en sortir sans bobo. L’utilisation du bouclier et du contre parfait, idéal pour faire grimper la jauge de choc adversaire, ne sont pas à négliger pendant les combats. Une fois cette mécanique assimilée, à vous de switcher intelligemment entre vos trois armes principales, de jouer sur les affinités élémentaires et d’utiliser à bon escient les pouvoirs runiques préalablement équipés. Le tout en compagnie d’un sidekick qui se bat en autonomie tout en suivant quelques directives. S’ensuit alors des affrontements dantesques aussi sanglants que jouissifs jusqu’à la délivrance finale, concrétisée le plus souvent par un « finish-him » incroyable ! Et si l’on se mélange parfois un peu les pinceaux entre toutes ces possibilités, d’autant que la caméra ne sera pas toujours un allié, les affrontements restent d’une efficacité redoutable. A noter que le titre vous laisse de temps en temps aux commandes d’Atreus, renouvelant ainsi l’approche de combats puisque notre jeune homme excelle dans les joutes à distance. La richesse du bestiaire viendra sublimer le tout, et si le titre manque peut-être un peu de démesure vis-à-vis de ces prédécesseurs, il offre néanmoins des affrontements dantesques inoubliables ! Mention spéciale à la quête des Berserkers et de leur roi déchu : les amateurs de challenge seront aux anges.
On retrouve également tout l’aspect personnalisation du premier volet. Expérience et matériaux vont permettre de déverrouiller diverses capacités, mais aussi d’améliorer les compétences d’armes, les pouvoirs runiques, l’équipement, etc… Bref, un système de gestion typé RPG excessivement complet, comme on en retrouve dans la majorité des triples A récents. Vous allez donc passer beaucoup de temps dans les menus et aux fourneaux, histoire de forger en masse afin d’orienter le build et les statistiques de Kratos selon votre envie.
Mais si l’action directe est évidemment un atout de GOWR, le dernier né de Santa Monica sait aussi modérer son rythme au profit de l’exploration. Certaines zones officient comme des petits mondes ouverts regorgeant de secrets, laissant ainsi au joueur une totale liberté dans son approche. Ces phases plus contemplatives feront appel à votre observation afin de dénicher le maximum de collectibles et de quêtes secondaires. Bien évidemment, tout ne sera pas accessible d’entrée et il faudra retourner sur vos pas à plusieurs reprises une fois en possession de toutes les armes, au cœur de nombreuses énigmes. Peu complexes, elles ont le mérite d’apporter de la variété à un gameplay au final très équilibré.
Si je ne me suis pas attardé sur l'histoire dans mon introduction, c’est parce qu’il n’y a pas grand-chose à en dire. Centré sur la thématique familiale, le synopsis tient la route malgré les motivations obscures, voir incohérentes, de certaines protagonistes. Passons, l’immersion reste totale, et si l’ambiance désolée des royaumes d’Asgard en proie au « Ragnarök » y joue énormément, c’est aussi grâce à la spontanéité des protagonistes qui, comme dans le premier reboot, n’hésitent pas à tailler causette spontanément durant vos promenades. Une vraie force narrative se dégage donc du titre, épaulée par une mise en scène épique ! Sans transition, à titre personnel les phases aux commandes d'Atreus m’ont moins convaincue, manquant d’intensité et de panache. Difficile de troquer la brutalité séduisante de Kratos pour le charisme d’huitre de son fils… Au maigre rayon des défauts, on notera les temps de chargements assez agaçants qui imposent un détour par l’arbre monde entre chaque changement de zone.
Cette review commence à s’éterniser et il me reste encore deux points à aborder. La bande son tout d’abord. Excellente, elle alterne avec brio mélodies d’ambiance lors des phases d’exploration, pistes brutales voir épiques pour les combats, et thèmes plus épurés histoire d’appuyer les rares moments de quiétude ou de dramaturgie. Le tout avec un talent certain, auquel s’ajoute des bruitages impeccables et un doublage VO quasi parfait. En terme de contenu GOWR se veut un modèle du genre. Comptez à minima 50 heures pour terminer l’aventure en fouillant minutieusement les 9 mondes du jeu, et encore davantage pour viser un degré de complétude parfait ! Le post-game permet de peaufiner son épopée et offre même de nouvelles quêtes annexes intéressantes. Quant au DLC gratuit « Valhalla », il assure une expérience « rogue-lite » plutôt sympathique pour quiconque voudra prolonger l’expérience.
Malgré un démarrage un peu timide le temps que les évènements se mettent en place, God of War : Ragnarök propose un périple aussi dense qu'épique. Maestria technique, ambiance géniale et gameplay immersif, voici les fondements d’un succès annoncé. Si quelques fausses notes ponctuent l’aventure, celle-ci se veut mémorable tant par ses affrontements grandioses que par la richesse de son univers récompensant l’exploration. Conforté par des acquis solides et éprouvés, Santa Monica ne chamboule pas la formule avec cette suite d’exception. Un périple jouissif et marquant, à la hauteur de sa réputation.
Franz26 a dit (06 Février 2024 à 08:04)
Classique de l’arcade des années 90, Windjammers fait partie de ces jeux Neo Geo intergénérationnels. Capitalisant sur l’engouement autour du retrogaming, c’est le studio français Dotemu qui prend la responsabilité de dépoussiérer ce nom mythique. Et à en juger par leur excellent travail sur Street of Rage IV, on pouvait être confiant !
Mais avant d’attaquer cette review, je dois vous expliquer mon affinité particulière avec le titre de Data East sorti en 1994. Taillé pour le versus, Windjammers propose des duels au frisbee sur un terrain délimité et coupé en deux par un filet, tel un court de tennis, tout en optant pour une vue de dessus à la manière d’un Pong. Pierre angulaire du média auquel il rend d’ailleurs hommage. Découvert comme beaucoup grâce à l’émulation, Windjammers occupe une place de choix au sein du petit panel très sélect des jeux intemporels ponctuant mes sessions multijoueur local depuis plus de 20 ans ! Toujours avec la même bande de potes, et un en particulier que je ne me lasse pas d’humilier à grands coups de frisbee dans ses cages ! Oui Tilkou, je parle de toi, ne fait pas semblant. Mais il faut parfois savoir passer outre la nostalgie, et il y quelques semaines nous avons changé nos habitudes au profit de son successeur. Le contexte est posé…
… et le constat tombe immédiatement : Windjammers 2 réussi à moderniser ses mécaniques de jeu sans dénaturer l’expérience originale, et c’est bien là l’essentiel ! On retrouve donc un gamefeel très familier, à tel point que vos techniques de p*** savamment élaborées dans Windjammers premier du nom fonctionnent ici toujours aussi bien ! Mieux encore, l’arsenal à votre disposition s’est étoffé, avec la possibilité de sauter pour annihiler un lob ou d’effectuer une reprise de volée, amortie ou puissante. Pas de gros chamboulement, mais juste assez de nouveautés pour renouveler un tantinet les sensations sans remettre en questions les acquis de base. A la fois techniques et accessibles, les matchs se veulent toujours aussi frénétiques et procurent un fun immédiat !
Techniquement Windjammers 2 respecte le ton décalé de son modèle et propose une panoplie de personnages caricaturaux riches en couleurs ! Mais si la DA conserve l’humour ringard du premier opus, le titre reste plaisant à regarder grâce à de superbes effets visuels et une animation impeccable. Il s’offre même le luxe de cinématiques animées stylées propres à chaque personnage en cas de victoire finale en mode arcade. Un contenu solo toutefois très limité malgré l’ajout de nouvelles têtes et arènes (mention spéciale au stade du Casino et son système de points aléatoires à chaque engagement !), le jeu se voulant bien évidemment destiné au multi en ligne ou local. Une fois passé les tutoriels et remporté quelques championnats avec vos personnages favoris, Windjammers 2 patientera tranquillement sur votre étagère le temps d’inviter un ami à la maison. En espérant de tout cœur que, à manière de son prédécesseur, cette habitude perdure chez moi encore deux décennies… Je me garderais donc de juger la durée de vie du titre à ce stade et de lui attribuer une note définitive.
Windjammers 2 s’inscrit dans la suite logique du premier opus et tient toutes ses promesses : à savoir conserver l’esprit arcade originel tout en apportant quelques ajouts bien sentis. En résulte un titre nerveux et dynamique, véritable concentré de fun qui ravira autant les joueurs occasionnels que les grands compétitifs en ligne. Dame nostalgie ne me fera point oublier les dizaines d’heures passées sur l’opus de 1994, mais il est l’heure de se forger de nouveaux souvenirs mémorables… Mon petilk, prépare les shooters, y’a des fonds de bar à finir !
Franz26 a dit (30 Janvier 2024 à 07:49)
Petit Beat’em all rétro indépendant, voici un nom qui ravive des souvenirs et renvoi inconsciemment à un grand du genre ayant fait les beaux jours de l’Amiga et de la Megadrive. Mais si Golden Force et Golden Axe pratiquent le même sport, ils ne boxent pas dans la même catégorie.
Une différence de fond d’abord, puisque le titre de Storybird Games propose tout un pan de gameplay axé sur la plate-forme et la recherche de collectibles (quatre par niveau). Un aspect qui s’entremêle à la grande tradition du « beat’em all », où prime le matraquage de la touche « attaque » couplé à l’utilisation abusive du « dash » afin de sortir plus ou moins indemnes des vagues ennemies envahissant l’écran. Si le gameplay reste efficace, on notera quelques soucis liés à la hitbox et à la frame d’invincibilité, apportant ainsi leur lot d’approximations. Ne comptez pas non plus sur les quatre personnages jouables, beaucoup trop similaires, ni sur le level-design, assez classique malgré quelques fulgurances, pour dégager une véritable plus-value.
L’aventure se décompose en cinq zones à thème, chacune gardée par un boss immense. Ces derniers, à contrario du bestiaire lambda très générique, proposent un vrai challenge et un peu d’originalité. Dans Golden Force l’action prédomine donc, elle est entrecoupée par des phases de plateforme, des petites énigmes… et par un manque de finition criant ! Car malheureusement le jeu s’entache de nombreux bugs, et sur une session de quelques heures il nous aura fallu recommencer injustement certains passages ardus 4 ou 5 fois ! « Nous », oui, car Golden Force peut se parcourir en coopération : une configuration alléchante mais clairement perfectible. L’option « second joueur » semblant avoir été rajouté à la va vite, traverser certains niveaux en duo s’est parfois révélé laborieux. Heureusement, entre deux stages la boutique permet d’acquérir divers consommables et d’échanger les reliques récoltées contre un boost de puissance ou de vitalité. Indispensable !
Enjolivé d’une réalisation 2D old school, Golden Force use d’un pixel art soigné pour happer le joueur dans son univers coloré. Les décors sont joliment détaillés, et malgré de nombreux sprites affichés simultanément l’action à l’écran reste assez fluide. Une direction artistique « bon enfant », à mi-chemin entre l’Heroic Fantasy et la piraterie.
Sans transition, on relèvera une bande son très sympathique avec des thèmes qui, à défaut de marquer véritablement, accompagnent efficacement et sans redondance notre petit périple. La durée de vie de cette escapade bariolée s’inscrit dans la moyenne du genre : comptez à minima cinq heures pour faire le tour complet de l’archipel, et un peu de rab pour décrocher le 100% en bravant les soucis techniques exaspérants susmentionnés !
Si l’expérience n’est pas indigeste, loin de là, Golden Force ne restera pas dans les annales du Beat’em all. Malgré une esthétique attrayante et quelques bonnes idées de gameplay, l’ensemble manque de précision et les bugs de cette version Switch n’arrangent rien ! On en ressort globalement satisfait, mais avec un petit gout doux-amer en bouche.
Franz26 a dit (01 Janvier 2024 à 17:55)
Alors que la Nintendo Switch vient d’accueillir le remake du mythique Super Mario RPG, j’ai en cette fin d’année privilégié la découverte de l’épisode Nintendo 64. Sorti en 2000 et arrivé une année plus tard dans nos belles contrées, soulignons-le, il faut aujourd’hui débourser un demi-rein pour se procurer la cartouche PAL qui ne faisait malheureusement pas partie de ma collection. Grand amateur des opus portables ayant fait les beaux jours de la GBA, DS et 3DS, j’ai investi en toute confiance ! Voyons voir ce que nous réserve Paper Mario premier du nom.
Dès l’introduction on retrouve le ton et l’humour décalé de la franchise, annonçant une intrigue complètement folle et bourrée d’autodérision. Une fois n’est pas coutume, Mario se lance à la poursuite de Peach (et de son château !) enlevée par l’infâme Browser grâce aux pouvoirs des étoiles, également dérobés à l’insu de nos héros. Convenu sur le papier, le scénario fait pourtant preuve d’une efficacité redoutable avec sa succession de scènes improbables et son défilé de protagonistes burlesques. L’aventure abuse des comiques de situation et profite d’une traduction Française honorable. Un vrai bon point.
Mais évidemment la sève de la série réside dans son gameplay dynamique qui revisite les mécaniques du J-RPG au tour par tour. En apparence simplistes, les affrontements se révèlent pourtant vite passionnants de par leur interaction constante avec le joueur. Mario dispose de la panoplie traditionnelle matérialisée par une jauge de HP, de MP, d'attaques spéciales ou encore l'incontournable commande des objets. Soutenu par les nombreux acolytes recrutés au cours de ses péripéties, c’est avec un partenaire peu banal, et interchangeable à tout moment, que le moustachu prend part au combat. Chaque action, y compris un simple saut ou coup de marteau, nécessite une petite manipulation afin de maximiser son efficacité. Concentration, observation et réflexes sont nécessaires afin de réussir vos assauts et, à l’inverse, parer les coups. En résulte des batailles immersives, funs et fichtrement originales !
L’expérience amassée permet d’améliorer l’une des trois catégories suivantes : jauge de vie, de magie et les « points badges ». Mario peut en effet s’équiper d’une ribambelle d’accessoires histoire d’étoffer son arsenal de coups spéciaux, ou tout simplement s’octroyer divers bonus statiques. A ne pas négliger, car derrière son aspect enfantin Paper Mario n’est pas toujours facile et requiert une certaine dose de réflexes et de stratégie, notamment contre certains boss riches en couleurs et généreux dans la distribution de mandales ! La progression, elle, est beaucoup plus évidente. Très linéaire, l’exploration reste agréable et exploite les capacités respectives de vos sidekicks. Bombinette peut faire exploser les murs fissurés, Parakarry le Koopa ailé vous aidera à traverser les fossés, Watt, la petite étoile, illuminera les chemins ténébreux, etc… Des mécaniques diverses au service d’un level design soigné, empli de petites énigmes sympathiques. Découpé en chapitres, le titre vous fera voir du pays et exploite l’univers de la licence à merveille.
Grâce à son style graphique original Paper Mario n’a pas pris une ride. Chose rare pour un soft Nintendo 64 ! Mélange de 2D/3D, jeux de perspectives, rotation de la caméra, effets visuels tape à l’œil, finesse des décors, etc… l’ensemble impressionne et fait encore son petit effet aujourd’hui. Un dépaysement visuel coloré et bon enfant, accompagné par une bande son dynamique et efficace. Mélodies joviales et bruitages burlesques baliseront votre voyage, pouvant s’étaler sur plusieurs dizaines d’heures pour les plus perfectionnistes. Foutue quête des morceaux d'étoiles...
En confiant une nouvelle fois le projet à Intelligent System, Nintendo réédite son pari et nous propose un mariage rafraichissant accessible à tous. Outre une réussite technique incontestable, c’est surtout la qualité de son gameplay qui propulse Paper Mario parmi les meilleurs jeux de la console ! Extrêmement fun, le titre n’a pas à rougir de son âge et on lui doit la plupart des mécaniques des « Mario & Luigi ». A moins d’être allergique à l’univers du plombier, ne passez pas à côté de cette petite pépite old school également accessible via le catalogue 64 de la Switch. Pas d'excuses !
Franz26 a dit (31 Décembre 2023 à 09:48)
Développé par les français de BlueTwelve Studio, Stray semble aux premiers abords s’adresser aux amoureux des petits félins domestiques. Mais derrière cet aspect « cute » qui me fait déjà perdre toute objectivité, se cache un jeu d’aventure post-Apo surprenant. Paré pour un voyage éphémère empreint d’une ambiance cyberpunk mélancolique ? Installez-vous confortablement devant l’écran avec un bol de lait, et lisez ce qui suit.
L’histoire débute par un réveil en douceur et une balade champêtre en plein air avec vos amis chats. Ici la nature semble avoir repris ses droits sur les vestiges industriels construits par l’homme, mais la quiétude ambiante cède vite place à la dramaturgie : notre petit bonhomme tombe dans les tréfonds et se réveille seul et apeuré. N’écoutant que son courage, il brave l’obscurité et débarque dans une cité habitée par des machines. Ces robots, bipèdes intelligents et anciens serviteurs d’une humanité disparue, sont stupéfiés par l’apparence de notre boule de poils, premier être biologique qu’ils aperçoivent depuis des siècles ! Très vite B-12, une IA amnésique secourue par le matou, se téléchargera dans un drone et s’improvisera compagnon de fortune en quête de sa mémoire perdue. Périple coïncidant avec notre besoin de remonter à la surface. Une tâche ardue relevant du fantasme pour les entités robotiques du coin, confinées dans leur ville délabrée des bas-fonds afin d’échapper aux Zurks : bactéries mutantes étroitement liées à l’extinction de l’humanité et des IA.
Bon, le contexte est posé, je n’en dirais pas davantage afin de vous laisser le plaisir de la découverte intact. Stray nous propose un synopsis intéressant aux thématiques classiques mais bien exploitées. Son univers, tout en verticalité, fait le reste. Dextérité féline oblige, les développeurs jouent bien sûr avec les capacités de notre avatar qui peut très facilement prendre de la hauteur ou se hisser dans des petites ouvertures discrètes. L’agilité du quadrupède renouvèle un tantinet notre approche mais ne révolutionne aucunement le genre, même si l’impression de gigantisme permanent ébranle un peu nos repères.
Le gameplay use de mécaniques classiques, essentiellement centrées sur la recherche et la résolution d’énigmes simplistes, entrecoupées de quelques phases de plates-formes ou d’action plus rythmées. Le chat interagi en permanence avec B-12, qui sert de traducteur universel et permet de contourner les limites naturelles de l’animal. On s’amusera bêtement de petites possibilités inutiles, tel que miauler, faire ses griffes ou se frotter amicalement aux passants robotiques. Un aspect ludique sans prétention au service de la narration, essentiellement visuelle et environnementale.
Vivre l’aventure à travers les yeux de ce petit minet roux, aux mimiques aussi réalistes qu'adorables, n’est pas un simple caprice marketing des développeurs. Cela sert bien évidemment l’expérience - nous parlions de proportions plus haut - mais aussi la symbolique tant le contraste entre les deux protagonistes principaux parait irrationnel. Observer ces robots émancipés mimer le style de vie de leurs anciens maitres interroge, et si la curiosité n’est pas votre fort, la direction artistique incite malgré tout à prendre son temps. Le temps d’observer, de communiquer, de se promener dans les ruelles et sur les toits. Bref, de profiter de cette ambiance cyberpunk extrêmement soignée et d’en comprendre davantage sur le background du jeu. Une atmosphère soutenue par une bande son de qualité, emplie de thèmes légers pour appuyer les moments de mélancolie et d’exploration solitaire, mais n’hésitant pas à user de sonorités plus électro lorsque le tempo s’y prête. Quantité et variété sont de mise, pour un résultat au poil.
L’envie de flâner ne serait pas si prononcée sans une solide réalisation. Ça tombe bien, Stray est une belle réussite technique ! Le titre bénéficie de textures propres, les jeux de lumières sont magnifiques et les décors fourmillent de détails. Ajoutez la taille respectable des zones urbaines et l’animation impeccable du chat, et on obtient une performance assez remarquable pour un si petit studio ! D’autant que le contenu tient la route : comptez une demi-douzaine d’heures pour terminer l’aventure en prenant son temps, et sans doute quelques sessions supplémentaires afin de dénicher tous les secrets du titre. En rapport à son prix de vente, rien à redire. Une durée de vie calibrée qui veille aussi à maintenir l’intérêt jusqu’au bout. La boucle de gameplay, malgré quelques phases surprenantes, n’étant pas prévue pour une expérience de jeu prolongée.
Stray n’est pas qu’une simple proposition contemplative. S’il se repose avant tout sur son atmosphère, semblant parfois suspendue hors du temps pour véhiculer sa mélancolie ambiante, il reste un jeu d’aventure intelligent. La complicité naissante entre les deux protagonistes ne laisse pas indifférente, et l’approche féline apporte une touche d’originalité très agréable. Sans être transcendante, l’aventure use de ressorts narratifs intéressants et ces quelques heures de jeu resteront gravées dans ma mémoire. J’en ronronnerais presque.
Franz26 a dit (25 Décembre 2023 à 09:41)
Metroidvania en pixel art développé par le petit studio The Game Kitchen, Blasphemous emprunte à première vue un chemin déjà surreprésenté sur la scène vidéoludique indépendante. Il se démarque cependant par son univers horrifique empreint d’un culte religieux des plus malaisants.
Une abjecte malédiction connue sous le nom du « Miracle » s’est abattue sur la terre de Custodia, condamnant ainsi ses habitants et ôtant toute joie de vivre à l’humanité. Alors que le monde n’est que ruines et désolation, vous incarnez le « pénitent », un survivant anonyme lancé dans une quête obscure aux tenants et aboutissants tout aussi opaques. Difficile en effet d’éclaircir le mystère entourant ce personnage et l’univers dans lequel il évolue. Les rares PNJs ne dévoilent que des bribes d’information énigmatiques, et il faut davantage se tourner vers le lexique des objets afin d’en apprendre davantage sur le lore de Blasphemous. Un synopsis volontairement alambiqué, contribuant à l’atmosphère glauque et captivante du titre. Car avant d’aborder les mécaniques de jeu, j’insiste encore sur cette ambiance macabre qui prend aux tripes autant qu’elle n’en expose. Teintée de références au christianisme, elle abuse d’un bestiaire malsain et de scènes riches en hémoglobine ! On notera d’ailleurs la possibilité inutile mais jouissive d’effectuer des « Fatality » sur les ennemis agonisants : paix à leurs âmes.
En terme de gameplay, nous voici en présence d’un Metroidvania relativement classique dans sa construction. Mais le titre de The Game Kitchen ne s’encombre pas d’une multitude d'aptitudes à déverrouiller, et même si les allers et retours sont monnaie courante, ces détales enchevêtrés n’ont rien de labyrinthiques et bénéficient d’un level design sage et efficace. Evidement la traditionnelle mappemonde aiguillera votre parcours, laissant la possibilité bienvenue d’annoter divers points d’intérêts.
En revanche, Blasphemous impose un minium d’exigence au joueur, et une maitrise intrinsèque des capacité du pénitent se révèle vite indispensable. La bonne gestion de l’esquive et de la parade sera souvent la clé du succès, bien davantage que les divers bonus statiques procurés par votre chapelet, aux emplacements limités, ou que les coups spéciaux de votre épée, unique arme du jeu au demeurant. La ténacité des ennemis, couplée à des phases de plates-formes parfois punitives, engendre une progression ardue et ponctuée d’échecs. Revers régulièrement occasionnés par des boss vénères et originaux, qui nécessitent parfois plusieurs essais avant de rendre leur dernier soupir.
Si l’exploration est récompensée avec nombreux collectibles, upgrade de vie, de magie ou fioles de soins pour les plus importants, elle alimente aussi votre inventaire via une multitude d’objets obscurs dont l’utilité ne saute pas aux yeux immédiatement. Certains servent à l'accomplissement d’étranges quêtes annexes, mais il faut porter attention aux détails ou lorgner sur divers « Wiki » afin de ne rien rater ! Transition toute faite vers l’excellente durée de vie du titre, puisqu’il m’a fallu une petite vingtaine d’heures au compteur avant d’afficher un pourcentage de progression quasi complet. Les plus courageux peuvent ensuite se lancer dans un second run au challenge rehaussé, afin de déchiffrer les dernières énigmes et visionner la seconde fin de Blasphemous. Notez que cette « Deluxe Edition » bénéficie de quelques amélioration en terme de contenu et d'équilibrage.
Parti pris technique et volonté de surfer sur la vibe nostalgique des « vieux» joueurs dont je fais désormais parti, les développeurs nous offrent une réalisation en pixel art d’un autre âge mais au charme indéniable. Malgré quelques beaux moments de contemplation, plutôt dus à la direction artistique macabre qu’à la qualité appréciable des décors, on s’extasiera plus facilement sur les cinématiques « old school » et la taille de certains sprites. En effet, plusieurs boss, PNJs et autres abominations apportent un peu de piquant à une esthétique volontairement terne, en parfaite résonnance avec l’atmosphère sordide du titre.
La bande son apporte son mortier à l’édifice et accompagne votre éprouvante pénitence avec justesse. Des thèmes d’ambiance mélancoliques embellissent la majorité de votre parcours, ainsi guitares, pianos et violons reviennent régulièrement dans des styles distincts au rythme varié. Un vrai régal, qui peut aussi se matérialiser par des passages plus « métalleux » aux tons saturés, ou encore des sonorités brutes et primitives lors des affrontements. Un ensemble sonore très travaillé, qui accentue cette ambiance malsaine et corrobore l'influence religieuse des lieux.
Qualifié de « Soulsvania » par certains, il est vrai que Blasphemous reprend quelques éléments chers à la saga de From Software. Ambiance désolée quasi dépourvue d’espoir, scénario énigmatique et difficulté conséquente en sont la preuve. Mais ce petit parallèle mis à part, le titre de The Game Kitchen dégage une identité propre. Sans révolutionner le genre, il se distingue essentiellement par son ambiance et cette pénitence macabre emplie de souffrances. Quelques petits défauts çà et là, entre des phases de plates-formes perfectibles, des quêtes annexes indéchiffrables et un gameplay assez lourd, tous les joueurs n’adhéreront pas et lui préféreront peut-être des « Metroidvania » plus dynamiques. Les autres découvriront une expérience peu commune aux mécaniques efficaces et immersives. Excellente découverte.
Franz26 a dit (10 Décembre 2023 à 09:20)
Suite au succès critique de Nioh en 2017, la Team Ninja capitalise clairement sur les acquis du premier volet et nous propose un second opus dans la stricte continuité de son ainé. A défaut d’une révolution, c’est une confirmation avec un programme équilibré et toujours aussi dense en perspective. Malgré la rude concurrence dans le milieu des « Souls-like », Nioh avait su se distinguer et proposer une expérience plus nerveuse et dynamique. Voyons voir si, trois ans plus tard et après le passage d’un certain Sekiro, la recette prend toujours.
En préambule, il faut désormais passer par la création d’un « protagoniste » assemblé de toutes pièces, et intégré au scénario fictif mais empli de lieux, divinités et personnages historiques du Japon féodal. Enchevêtrement de conflits, quêtes de pouvoirs et complots étalés sur plusieurs lignes temporelles, la trame de Nioh 2 n’est pas simple à suivre et se révèle vite nébuleuse. Mais des résumés de l’histoire, personnages et bestiaire sont disponibles afin d’en apprendre davantage sur le lore. Si l’aspect narratif mixant sans détours faits réels et imaginaires sous fond de folklore traditionnel mystique passe clairement au second plan, cela n’enlève rien à la richesse du background et surtout à l’incroyable atmosphère que dégage l’univers du jeu.
On retrouve donc l’ambiance typique du premier volet, dépeignant un Japon féodal noirci et corrompu, à la limite du satanisme. Archipel dévasté par la guerre et les luttes internes, où l’avidité des hommes et les pierres de pouvoir ont donné naissance aux « Yôkai » ; hybrides humanoïdes et autres monstruosités que nous allons devoir éradiquer grâce au doux contact de notre lame. Le tout dans des décors variés et d’une justesse artistique exemplaire, parsemés de raccourcis et de passages dérobés dans la pure tradition des « Souls-Like ». Un régal de level design, malgré quelques inégalités et des zones souvent trop linéaires. Si les missions principales ont fait l’objet d’un soin remarquable, les secondaires se contentent souvent d’un recyclage au rabais de zones déjà visitées. Petit défaut déjà souligné dans le premier opus. La difficulté des obstacles et la mort punitive, engendrant la perte de votre expérience accumulée, apporte une saveur particulière à l’exploration. Principe bien évidemment pompé sur la saga de From Software, avec la possibilité de récupérer son dû en retournant sur les lieux du trépas sans accros.
En terme de gameplay la donne ne change guère, et on retrouve un système de build - assez permissif - basé sur des points de compétences à répartir selon plusieurs critères : vitalité, force, endurance (anima), magie, etc… Améliorant par causalité l’affinité avec certains types d’armes. A ce niveau le titre nous gâte, et offre un arsenal monstrueusement diversifié allant du double sabre aux tonfas, en passant par le bâton, la lance ou encore le glaive. J’en passe ! Il y en aura pour tous les goûts, et ajoutez le principe de postures (basses, moyenne et haute) pour cimenter l’ensemble et découvrir votre manière fétiche d’occire du monstre.
Les deux grosses nouveautés de gameplay proviennent du contre Yôkai et de l’utilisation des âmes en plein combat. L’une consiste en une parade parfaite selon timing, occasionnant dégâts et baisse de la jauge d’anima adverse tout en procurant un game feel assez jouissif, et l’autre permet de rattacher des orbes à aux compagnons divins afin de booster vos caractéristiques et déclencher des attaques spéciales. Quant aux esprits mystiques justement, ils reviennent en très grand nombre ! Ces divinités fantasmagoriques assurent alors un bonus de stats spécifique, et surtout la possibilité de se transformer en Yôkai afin de déchainer sa fureur l’espace d’un instant. Sans trop s’éterniser, mentionnons rapidement le système de loot, classique mais vite chronophage, ainsi que le sphérier de compétences dédié aux différents domaines (magie Onmyo, Ninjutsu, Samurai, etc...) histoire d’aiguiser sa panoplie mortelle. On passera d’autres points secondaires mais utiles : forge, dojo, salon de thé, etc…, car le gameplay de Nioh 2 se veut aussi complet que passionnant une fois l’ensemble apprivoisé !
Comme son prédécesseur, Nioh 2 n’est pas forcement accessible à tous les joueurs, mais la difficulté m’a semblé largement lissée par rapport au premier opus. Rien d’insurmontable avec un peu de persévérance, et seuls quelques boss retords m’ont demandé un chouia d’acharnement. Mention « très bien » pour ces ennemis uniques et souvent originaux, qui jouent leur rôle de gardiens à merveille dans un déluge de violence et de haine souvent déstabilisant le temps d’assimiler leur patern. Selon votre affinité avec le genre comptez environ 80 heures pour terminer l’histoire principale, une myriade de quêtes secondaires et le premier DLC. Considérant l’expérience comme suffisamment complète, je n’ai pas ressenti le besoin de dépenser mes pépettes pour les deux autres contenus additionnels.
Côté technique, comme nous l’avons vu plus haut, Nioh 2 brille davantage par sa direction artistique que par ses graphismes. Mais si certaines textures laissent à désirer, les effets visuels et l’animation rattrapent le tout et assurent un constat très plaisant malgré quelques baisses de framerate constatées occasionnellement (y compris sur PS5). Sans transition, n’oublions pas l’excellente bande son du titre. Variée, elle alterne les styles et abuse d’instruments caractéristiques du pays pour nous plonger dans l’action et nous happer en plein cœur de ce Japon féodal ravagé. Le doublage Japonais complète cette immersion authentique.
Véritable confirmation pour le studio, Nioh 2 surpasse son aîné avec quelques ajouts de gameplay bien sentis et un contenu dantesque ! L’exploration se veut toujours aussi délectable grâce à un level design travaillé et un monde passionnant pourtant découpé en missions et chapitres. Le titre ne réconciliera probablement pas les quelques détracteurs de franchise, mais comblera amplement les fans. J’en fais partie, et si une pointe de challenge et de technicité ne vous rebutent pas, je ne peux que vous recommander ce petit bijou du genre ! « L’effort » en vaut la peine, et vous découvrirez alors un titre d’exception d’une rare générosité.
Franz26 a dit (11 Novembre 2023 à 09:36)
Exclusivité Gamecube sortie en 2003, Viewtiful Joe, Beat’em all décomplexé signé Clover Studio, débarque un peu plus tard sur Playstation 2 dans une version Director’s cut. Si son style unique en Cell Shading au ton décalé saute aux yeux, c’est avant tout son gameplay audacieux qui le démarque de la concurrence. En repensant largement les mécaniques du genre, Viewtiful Joe se pose comme une véritable bouffée d’oxygène.
Alors qu’il profitait d’une séance de cinéma avec sa petite copine, Joe se retrouve propulsé à travers l’écran en plein cœur d’un film rétro de Sentaï Japonais. Super héros improvisé, il s’accommode bien vite de son nouveau rôle et va tenter de sauver son amie kidnappée, non sans péter la gueule aux hordes d’ennemis bariolés sur son chemin. Un synopsis complètement barré, bourré d’humour, de répliques cocasses et de situations loufoques transcendées par une direction artistique absurde et colorée.
En effet, Viewtiful Joe se pare d’une réalisation pétillante en Cell Shading semblant sortir d’une planche de Comics fraichement dessinée ! Un filtre graphique du plus bel effet, auquel se mêle un déluge d’effets spéciaux impressionnants et une palette de couleurs détonantes. Si les décors méritent le coup d’œil, la taille et l’animation des sprites à l’écran volent la vedette et laissent pantois d’admiration !
Beat’em all en scrolling horizontal, notre héros bénéficie de la panoplie d’actions traditionnelles : coups de pieds, de poings, double saut, etc… Mais la vraie sève du gameplay découle de la montre V ; dispositif capable de toutes les folies ! Grace à une jauge spéciale, qui se régénère automatiquement et se renforce au fil des bonus ramassés durant le niveau, il est possible de ralentir ou d’accélérer le temps via les gâchettes de la Dualshock. Outre un effet visuel saisissant, ces pouvoirs sont indispensables pour progresser face aux légions de vilains vous barrant la route. En ralentissant l’action, Joe peut esquiver et contre-attaquer à loisir, favorisant ainsi les dégâts occasionnés et annihilant ceux reçus. Attention toutefois à bien relâcher la pression juste avant de tomber à sec, car tout abus vous rendra temporairement très vulnérable. L’accélération du temps, elle, donne la possibilité de se déplacer à toute vitesse et de déclencher des pluies de coups enflammées (au sens propre) ! S’ajoute l’opportunité de zoomer sur l’action, changeant de ce fait la palette d'attaques et boostant son efficacité ! Toujours sous couvert de votre jauge V, finalement aussi précieuse que la barre de vie. Si le système peut paraître un peu confus aux premiers abords, la prise en main impeccable permet d’assimiler très vite les différentes capacités du héros (également exploitées pour résoudre quelques petites énigmes). S’ensuit un dynamisme incroyable, dégageant un « Game Feel » délectable et un sentiment de puissance jouissif ! Les écrans s’enchainent sans temps morts, dévoilant un bestiaire d’exception qui ne se laissera pas abattre les bras croisés.
Car Viewtiful Joe est un jeu exigeant, et si les checkpoints réguliers lissent la difficulté, déceler les bonnes ouvertures contre les boss nécessite souvent plusieurs essais. Heureusement, vous pouvez dépenser les points récoltés plus ou moins gracieusement (selon le grade obtenu en mission) dans une boutique à chaque checkpoint. Ainsi, on s’empressera vite d’augmenter la jauge de vie et d’apprendre de nouveaux coups spéciaux pour rentre Joe encore plus performant, histoire de se frayer un chemin jusqu’au combat final démesuré qui porte à son paroxysme l’aspect caricatural et l’hommage au genre du Sentaï.
Bien évidemment la bande son vient dynamiter l’ensemble, et le doublage, anglais pour l’édition Européenne, reste dans le ton. De quoi embellir ce déluge d’action qui vous tiendra en haleine une petite dizaine d’heures, à minima ! En effet, difficile de résister à l’envie de prolonger l’expérience dans un mode de difficulté plus élevé, ou en compagnie de Dante, « guest-star » de cette édition Playstation 2.
Si Viewtiful Joe ne se prend pas au sérieux avec sa réalisation atypique et son ambiance complètement décalée, il s’assume comme un défouloir parfaitement calibré, à la fois original, technique et accessible ! Une véritable petite pépite, et tout simplement l’un des meilleurs représentant du genre auquel j’ai pu m’essayer ! Il me tarde désormais de jouer à sa suite, en espérant retrouver un jour la licence sur nos consoles modernes.