Franz26 a dit (17 Mai 2022 à 23:10)
A peine un an après la refonte du second opus, Capcom persévère et Resident Evil 3 fait à son tour peau neuve sur Playstation 4. Devant les similitudes entre les deux volets je ne m’éterniserai pas, et vous renvoie sans gêne à ma review de Resident Evil 2 remake réalisée l’année dernière :
https://www.seriebox.com/jeux-video/resident-evil-2-2019__ps4.html
Mais une nouvelle virée en enfer dans les rues de Raccoon City hantées par un Némésis au sommet de sa forme, ça ne se refuse pas !
Sans surprise, cet opus s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur et les premiers pas en compagnie de la belle Jill Valentine ne déboussoleront pas les habitués. En particulier si vous avez déjà replongé dans les affres de Raccoon City avec le remake de Resident Evil 2, puisque le célèbre commissariat de la ville se veut ici partiellement réutilisé. Un air de déjà-vu au rabais récurrent, car le level design de ce troisième volet n’égal pas celui de ses ainés et ne renouvèle guère son terrain de jeu. Si l’exploration se veut toujours aussi plaisante et efficace, aucun lieu ne rivalise avec la sublime architecture du manoir Spencer ou le génie des dédales du commissariat. Sans parler de la fidélité au matériau brut, remise en question avec tout un pan de jeu, le Beffroi, absent ! Conséquence immédiate : une durée de vie aussi faiblarde qu’à l’époque, en deçà de la dizaine d’heures pour la trame principale. Et ce n'est pas la présence anecdotique de Resident Evil : Resistance qui relèvera le niveau. Passons sur le scénario de série Z sans grand intérêt, nanar assumé qui tient la route, notamment grâce à une mise en scène bien fichue mais dont la prévisibilité prête à sourire.
Encore une fois Capcom s’efforce de moderniser la recette sans dénaturer l’esprit de la saga, en adaptant les mécaniques d’antan aux normes actuelles. Si les premiers épisodes misaient sur le sentiment d’insécurité avec des protagonistes sous-équipés privilégiant lâchement la fuite, cette fois l’accent est clairement mis sur l’action pure ! Les munitions en abondance permettent ainsi de défoncer sereinement toutes les horreurs en présence, même si la gestion de votre inventaire nécessite toujours un peu de bon sens. Mais la véritable S.T.A.R de cet opus reste le fameux Némésis qui, à l’instar du Tyran ou de Mister X, n’aura de cesse de vous poursuivre durant toute l’aventure. L’indestructible entité horrifique a bénéficié d’un sacré lifting et se révèle plus belliqueuse que jamais !
D’un point de vue technique rien de nouveau à signaler, le moteur de Resident Evil 2 (PS4) fait des merveilles et retranscrit parfaitement l’apocalypse de Raccoon City. Pour autant, de part une action omniprésente et une inspiration moindre en terme d’environnements, l’atmosphère ne prends pas aux tripes comme à l’accoutumé. Et si l’ambiance sonore joue très bien son rôle, on regrettera un fond davantage axé sur la tension et les « jump scares », peinant à encrer un réel sentiment d’angoisse dans le cœur du joueur.
Difficile de passer après le travail titanesque réalisé sur le second opus, et Resident Evil 3 souffre de la comparaison avec son prédécesseur, plus complet à tous les niveaux. D’autant que les développeurs, en manque d’inspiration et osant quelques partis pris contestables, semblent avoir vite expédié l’affaire ! Mais trêve de négativité : portée par une réalisation généreuse et un gameplay respectueux des mécaniques historiques, désormais digestes, l’expérience globale vaut largement le détour. Capcom nous livre ainsi un remake discutable mais un excellent survival-horror. On s’en contentera.
Franz26 a dit (08 Mai 2022 à 08:49)
Développé par PlatinumGames, à qui l’on doit entre autres les fameux Bayonetta, Astral Chain se présente comme un jeu d’action nerveux et déjanté typiquement Japonais. Exclusivité Switch accompagnant les premiers pas de la console, voyons voir ce que le dernier né du studio nous réserve.
Astral Chain nous place dans la peau d’une jeune recrue des forces d’élites locales, dont la mission principale consiste à maintenir l’ordre et à lutter contre des entités dimensionnelles monstrueuses menaçant sérieusement l’humanité. Les hommes se sont retranchés dans une immense arche concentrant les derniers vestiges de civilisation, et espèrent ainsi échapper à la corruption et à l’extinction. A cet effet, les chercheurs ont mis au point un procédé peu banal : apprivoiser (ou plutôt enchainer) les chimères, baptisées Légions, et les retourner contre leurs congénères. Notre héros se découvre alors une affinité particulière avec la créature, et va multiplier les missions de sauvetage tout en enquêtant sur les dessous de cette situation critique. Malgré un casting plutôt convenu l’intrigue bénéficie d’un background travaillé et d’un univers futuriste crédible. L’ambiance apocalyptique, la tension permanente, les révélations scénaristiques et bien évidemment la bande son lient le tout avec brio, et assurent une excellente immersion. Les musiques se révèlent d'ailleurs très réussies : plutôt orientées "Electro", elles savent aussi sublimer le drame ou soutenir certaines scènes à coups de grands chœurs épiques lorsque la situation s'y prête.
Loin d’être une vitrine technologique, Astral Chain ne brille pas par sa réalisation datée et n’a guère l’occasion de se mettre en valeur. Environnements urbains grisâtres et zones dimensionnelles aussi épurées que psychédéliques représentent en effet l’essentiel du terrain de jeu. Le titre se rattrape via une animation exemplaire, un déluge d’effets visuels et une direction artistique réussie, mais n’émoustillera pas vos mirettes. Aux bons souvenirs de la génération PS360…
Dans les grandes lignes, le gameplay repose sur la complicité formée par le joueur et sa Légion enchainée au bras. En résulte une coexistence complexe qui va nécessiter un minimum dextérité. Car si votre Légion se comporte de façon autonome, c’est à vous de lui donner les consignes adéquates, d’exploiter ses coups spéciaux, de surveiller sa jauge de vie et de synchroniser vos attaques afin d’en maximiser l’efficacité. Vous devrez ainsi apprendre à jongler en temps réel entre cinq entités distinctes, tout en maîtrisant le polymorphisme de votre matraque X. Cette dernière peut, au choix, prendre la forme d’une arme de jet, d’une lame polyvalente ou encore d’une épée lourde mais peu maniable. S’ajoute un système d’esquive pour parachever un gameplay dynamique et jouissif, occasionnant des joutes aussi stylées que techniques. Un constat élogieux bonifié par un bestiaire de qualité et une multitude de boss bien vénères !
Mais définir Astral Chain comme un simple Beat’em all aux combats frénétiques ne serait pas lui faire honneur, car le titre de PlatinumGames comporte un aspect plus posé, centré sur la gestion et l’exploration. Commençons par présenter le QG de Neuron, détour indispensable entre deux missions. Outre dialoguer avec vos coéquipiers, en apprendre davantage sur le lore et déverrouiller quelques missions annexes, votre base opérationnelle se révèle surtout utile pour upgrader la matraque X et bichonner les légions, chacune dotée d'un arbre de compétences.
Conformément à ses fonctions, notre justicier ne fait pas que péter des dents et élargi son quotidien en s’improvisant détective de terrain. Il conviendra alors de dialoguer avec un maximum de PNJs afin de récolter des informations utiles pour le déroulement de l’intrigue et les regrouper judicieusement. Sans oublier de résoudre par la même occasion un maximum de quêtes secondaires, car votre degré d’implication sera pris en compte dans le scoring final de mission qui définit l’expérience, l’argent et les bonus alloués. Astral Chain, bien que très linéaire, insiste aussi sur l’exploration en récompensant le joueur avec une myriade de petits secrets (souvent révélés grâce à la compétence d’une Légion), et nous pousse à purger les amas de matière rouge, source de corruption. Enfin, on notera la présence d'énigmes passagères, ainsi que des phases de plates-formes et d’infiltration : un cocktail sympathique mais brouillon, insuffisant pour éviter une certaine forme de répétitivité.
Exploitant intelligemment des idées de game design audacieuses, Astral Chain sent pourtant bon le Beat’em all d’antan et renvoie à des titres mythiques tels que Devil May Cry ou Bayonetta, le côté Mecha en plus. Bourré d’imperfections mais généreux en terme de contenu, le soft de PlatinumGames n’a pas à rougir de sa proposition ludique. A n’en pas douter un excellent jeu, qui devrait combler les amateurs du genre et attirer les curieux.
Franz26 a dit (21 Avril 2022 à 07:59)
Longtemps affublé du nom de code « Project Strategy », le dernier né des papas d’Octopath Traveler aborde une esthétique léchée atypique dans la continuité de leur précédent titre. Changement de registre néanmoins, puisque l’on nous promet un Tactical-RPG révolutionnaire où les choix du joueur vont réellement influencer le déroulement de l’histoire. Promu par ce concept ambitieux, voyons voir si Triangle Strategy s’impose comme un digne héritier des Tactics Ogre et autres Final Fantasy Tactics.
En effet, difficile de ne pas penser aux grands noms du genre lorsque l’on pose les yeux sur Triangle Strategy. Usant de la fibre nostalgique via une réalisation en pixel art d’outre-tombe mais suffisamment moderne, le titre dégage un vrai cachet visuel. Un style old school qui réserve néanmoins quelques tableaux enchanteurs ponctués de superbes effets de lumière, malgré certains décors d’intérieurs très austères. Les nombreux artworks rendent hommage à l’excellent character design de Naoki Ikushima, confortant ainsi cette patine esthétique attrayante et soutenue par une direction artistique de grande qualité. S’ensuit une atmosphère Heroic-Fantasy classique mais totalement immersive, dotant l’univers Triangle Strategy de contours solides faisant échos à une trame scénaristique bluffante.
Théâtre de guerres incessantes depuis l’aube de l’humanité, le continent de Norzélia profite d’une paix timide et d’un équilibre bancal partagé entre trois grandes nations. Au nord : Aesfrost, terres arides administrées par le cruel intendant Gustadolv, prônant la méritocratie tout en exploitant les abondants filons de fer enfouis sous les montagnes enneigées. A l’est : Hyzante, nation enrichie par le commerce du sel, denrée prisée à l’origine d’un véritable culte religieux. Et au milieu dans un rôle de médiateur : Glenbrook, vastes plaines fertiles sous les ordres de sa majesté Regna. Alors que ces pays rivaux finalisent l’inauguration d’une mine commune, symbole d’apaisement malgré une tension palpable, les festivités dérapent et ravivent les rancœurs. C’est dans la peau de Serenor Wolfort, futur chef de la maison Wolfort et noble influant au service des Glenbrook, que vous allez subir les évènements et tenter de dénouer ce conflit aux enjeux multiples. Derrière ces bribes scénaristiques se cache un synopsis incroyable, riche et mature, condensé des maux affectants l’humanité : complots, trahisons, manipulations, ambitions malsaines, etc… les bonnes vieilles valeurs morales chères à l’humanité !
Mais outre la profondeur des thèmes abordés, la qualité de la narration et le charisme des acteurs, le scénario de Triangle Strategy prend avant tout une ampleur démesurée grâce au libre arbitre laissé au joueur. Intervient alors un système de votes où vous devrez influencer l’opinion de vos hommes afin d’orienter la trame dans la direction souhaitée. S’ensuit des choix cornéliens et des embranchements multiples ayant de vraies conséquences sur le déroulement du jeu : lieux visités, dialogues, combats et dénouement final vont en effet différer en fonction de vos actes ! En résulte évidemment une durée de vie conséquence, puisqu’à minima un deuxième run en NG+ permettra de déverrouiller la bonne fin du jeu (moyennant soluce…) et quelques chapitres supplémentaires.
D’un point de vue gameplay, Triangle Strategy ne fait pas preuve de la même ambition et se contente d’exploiter avec les brio les mécaniques du genre agrémentées de petites nouveautés. On se retrouve donc devant un T-RPG dans la pure lignée d’un Final Fantasy Tactics, où l’on déplace avec minutie sa petite armée dans une arène quadrillée régie par les aléas du terrain. Archers, soigneurs, magiciens, assassins, lanciers, etc… tout le gratin du genre (et plus encore !) fait acte de présence. L’absence d’un système de job ne rend pas pour autant la personnalisation caduque, puisque chaque personnage dispose d’une classe précise et de capacités propres le rendant unique. Ce sont donc vos affinités avec les héros qui vont forger l’identité de votre troupe d’élite, ainsi que les besoins du moment. Certaines arènes favorisant le déploiement de combattants plutôt que d’autres, il faudra souvent composer avec le level design avant de démarrer une escarmouche. A ce propos les zones de combats et les objectifs de missions ne déstabiliseront pas les puristes : une prise de risque minimale au profit d’un ensemble parfaitement équilibré.
En sus du gain d’expérience traditionnel, la montée en puissance s’effectue par l’intermédiaire du forgeron qui, moyennant matériaux et gros sous, upgradera les unités en leur octroyant bonus statiques et nouveaux pouvoirs. L’intendance de votre armée passe donc par le campement, où squatte également marchands et autres utilitaires (dont une tavernière proposant des combats d’entrainement). Si l’ensemble manque un peu d’audace, on saluera un confort de jeu optimal tant dans l’accessibilité générale que l’interface visuelle. Mentionnons enfin les capacités de soutien sur le champ de bataille, permettant de vous tirer de situations désespérées via des interactions cheatées mais à usage limité.
Malgré un gameplay complet et addictif, Triangle Strategy mise donc essentiellement sur la richesse de son synopsis pour accrocher le joueur. Inévitablement bavard et manquant parfois de rythme, il n’échappe pas à la linéarité propre au genre. Un aspect dirigiste conforté jusque dans le recrutement des alliés, automatique une fois le seuil requis de loyauté, pragmatisme et liberté atteint. Non, il ne s’agit pas d'un obscur programme présidentiel mais des valeurs de la balance du jugement, qui progresseront continuellement en fonction de vos choix au cours de l’aventure. L’histoire avance ainsi au gré des évènements programmées et affichés sur la mappemonde, divisés entre scénettes scénaristiques, batailles de rang, votes en bande organisée et phases d’exploration. Un dernier point plutôt anecdotique, où vous pouvez récolter quelques objets et papoter librement avec les PNJs. Les informations glanées à cet effet agrémentent l’incroyable lore du titre, tout en ajoutant des choix de dialogues lors des discussions clés.
Avant de conclure, impossible de ne pas aborder l’aspect sonore de Triangle Strategy tant les musiques concoctées par Akira Senju, compositeur expérimenté mais peu familier du milieu, frôlent la perfection. Des thèmes prenants et puissants, variés et nombreux, confortés par un sound design travaillé et des voix Japonaises immersives ! Un travail d’orfèvre admirable, largement contributeur de l’atmosphère unique du jeu.
Inutile de se complaire dans les éloges, ma note parle d’elle-même. Triangle Strategy s’adresse à des joueurs avertis et amateurs d’un genre de niche, nostalgiques d’une ère révolue et non rebutés par la place prépondérante laissée à l’écriture. Selon votre perméabilité vous découvrirez alors un T-RPG d’exception dans un écrin visuel soigné, conducteur d’un socle imparable : gameplay efficace, bande son d’exception et génie narratif. Complètement sous le charme après avoir exploité le titre jusqu’à la moelle, je me détache enfin de la maison Wolfort et des terres de Norzélia avec la certitude de porter un nouveau chef d’œuvre dans mon cœur.
Franz26 a dit (25 Mars 2022 à 08:32)
Jeu d’action-aventure en 2D abordant une plastique aussi originale qu’esthétique, Tails of Iron attire également le chaland en surfant sur la dynamique des Dark Souls. Au programme : une aventure exigeante mais à l’identité propre, sous couvert d’une symbiose parfaite entre Dark Fantasy et conte fantastique. Mais tout n’est pas que sourire au royaume des rats…
C’est dans un domaine prospère que débute notre aventure en compagnie de Redgi, prince héritier du roi Rattus. Tout juste victorieux du duel devant désigner le successeur au trône, les belliqueuses grenouilles, ennemies jurées des rats, attaquent sournoisement le château. Blessé, notre jeune seigneur reprend ses esprits au milieu des cadavres et s’octroie ainsi la couronne de son défunt père. Loin d’être démoralisé malgré le chaos ambiant, il s’accommode de l’immense tâche qui lui incombe : reconstruire et… se venger !
Un synopsis classique mais qui a le mérite de poser clairement le contexte : on nage en plein fantastique médiéval où les rats et les grenouilles sont humanisés, considérés comme les espèces dominantes tandis que les insectes servent de bétails et de chair à canon. Un monde original qui brille par sa réalisation, entièrement composée de décors réalisés à la main, véritables tableaux animés fourmillant de détails. En contrepartie l'optimisation sur Switch laisse à désirer, avec des plantages de session et bugs d'affichage réguliers. Conduit par une direction artistique sombre et pesante, l’univers du titre émerveille et ose même un aspect post industriel crasseux qui ne se dévoilera qu’au bout de quelques heures. Du grand art.
Grossièrement qualifié de « Dark Souls 2D », il est vrai que gameplay de Tails of Iron se pose à mi-chemin entre Castlevania et la franchise de From Software. Les combats se basent sur un principe d’esquives/parades à utiliser en fonction de l’attaque ennemie, matérialisée par un code couleur pratique. Il se révèle donc impératif de maitriser les patterns adverses, puis de profiter d’un semblant de répit pour porter quelques coups avant de relever lâchement le bouclier. Le timing prévaut aussi avec l'utilisation de la gourde en plein combat, vous laissant complètement vulnérable le temps de remonter la barre d'énergie. Une touche pour l’attaque légère, une autre pour un coup à deux mains, jet à distance, bouclier et roulade, voici l’essence d’un gameplay minimaliste mais exigeant. D’autant que lourdeur assumée des déplacements ne facilite pas les joutes, la célérité du rongeur laissant à désirer. Ici la montée en puissance se fait uniquement par le loot d’équipements et l’upgrade de vitalité via @la.KOUIZINE. Epées, lances, masses, casques, armures, etc… vous allez en récupérer du bordel ! A vous de faire le tri en gardant en tête la notion de charge, nuisant à la mobilité. Il ne manque qu’un système de points de compétences pour ajouter un peu de profondeur à un ensemble déjà très plaisant, qui n’échappe toutefois pas à une pointe de redondance sur la fin.
Le level design reste plutôt sage et linéaire, conforté par une mappemonde détaillée dans la pure tradition des Metroidvania. On regrettera une durée de vie faiblarde, oscillant autour de la douzaine heures pour en faire le tour, post-game compris, non sans éviter nombres d’allers-retours et quêtes Fedex dispensables. Un manque de rythme guère pénalisant tant la qualité de l’univers et l’atmosphère qui s’en dégage assurent à eux seuls l’immersion, bien aidés par une bande son royale. Thèmes d’ambiance et bruitages millimétrés viennent conforter la crédibilité sonore, mais on relèvera surtout l’excellent doublage du narrateur, omniprésent, qui n’hésite pas à user de traits d’humour pour dédramatiser la situation ou apporter une note burlesque savoureuse.
Manquant un peu d’ambition dans son contenu, Tails of Iron n’en reste pas moins une très bonne expérience. Sa patte graphique somptueuse exhibe un monde envoutant qui profite également d'un gameplay pointilleux, à la courbe de progression lissée par les possibilités de loot et l’abondance de points de sauvegarde. Un titre atypique pour un périple haletant (et parsemés de boss retords), au terme duquel vous ne considèrerez plus jamais votre hamster comme un simple rongeur inoffensif. Longue vie à Sir Redgi, longue vie au roi !
Franz26 a dit (24 Mars 2022 à 08:11)
Associé aux heures de gloire de la Playstation et parmi les jeux de plates-formes les plus en vogue de sa génération, le Bandicoot, longtemps oublié, fit un retour détonant avec la compilation N’Sane Trilogy en 2017. Trois remakes aux petits oignons des premiers épisodes, succès commercial et critique ayant remis la série sur les bons rails. Ce nouvel opus cross-gen intitulé : It’s About Time profite de cette aura retrouvée, et cherche à séduire tant les amateurs du genre que les nostalgiques de la licence. Voyons voir si la magie opère toujours avec ce 4e volet officiel, terminologie désavouant une large partie des jeux développés depuis le 3e titre.
Passé une introduction prétexte et toujours aussi farfelue, Crash reprend du service aux côtés de son fidèle Aku-Aku, de la belle Coco et de nouveaux venus que je tais volontairement. Bien entouré, notre boule de poils rousse va ainsi mettre sa dextérité à l’épreuve afin de déjouer, encore, les plans machiavéliques du docteur Nefarious tout en composant avec une défaillance temporelle l’envoyant aux 4 coins du monde, et autant d’époques différentes ! Un contexte propice à un dépaysement total sans aucune cohérence entre les environnements traversés. Lieux désertiques, futuristes, jungle, Asie, Indes Orientales, etc… autant de zones extrêmement soignées et conductrices d’ambiances bien différentes. Cela se traduit à l’écran par un véritable enchantement visuel, tant en terme de direction artistique que de technique pure. Des décors hauts en couleur et une animation détonante confortent ainsi une réalisation de grande qualité.
Le gameplay reprend la recette habituelle de la franchise, alternant entre phase de plates-formes en scrolling horizontal et en 3D libre, néanmoins gouvernées par un effet couloir continu. La grosse nouveauté de cet opus réside dans les masques à disposition du Bandicoot, lui conférant ainsi diverses capacités : switcher entre parties du décor matérielles et immatérielles, déclencher un super tourbillon, ralentir le temps ou encore inverser la gravité, voilà les pouvoirs originaux qui vous attendent ! Une vraie réussite, véhiculant un peu de piment à un gameplay minutieux mais qui malheureusement n’arrive jamais à trouver le juste équilibre. Car ce quatrième épisode de Crash Bandicoot est d’une difficulté aberrante. Oubliez toute logique et ne comptez pas sur une hypothétique courbe de progression : d’entrée se sont de grosses fessées gratuites qui attendent les plus perfectionnistes ! Si avec un peu de persévérance terminer les niveaux s’avère largement abordable, récupérer l’ensemble des gemmes et relever les challenges en présence impose un aspect « Die and Retry » complétement abusif et, au final, peu gratifiant tant l’absurdité des obstacles et la précision demandée va vous écœurer. Un mauvais calibrage, accentué par des niveaux trop longs et peu adaptés aux défis proposés, qui nuit grandement au plaisir de jeu.
Toujours dans les erreurs de game design, le soft cherche à multiplier les personnages secondaires et la variété des situations… au détriment de la jouabilité ! Il est déjà difficile de maitriser parfaitement Crash et Coco, mais lorsque les capacités des guests viennent s’en mêler : préparez les manettes de rechange ! Je suis d’ailleurs étonné que ma DualShock 4 ait survécu à ce périple… En résulte des sensations mitigées puisque l’on se retrouve avec un gameplay généreux empli de bonnes idées, mais totalement déséquilibré. De quoi frustrer les joueurs les plus motivés.
Difficile alors de juger la durée de vie du titre, plus artificielle que conséquente. Car outre les 6 gemmes à récupérer dans chaque niveau, les cassettes défis et les courses chronométrées, les développeurs ont eu l’idée de génie de rallonger nos tourments avec un mode miroir pour chaque monde du jeu ! Quelques variables dans les secrets à débloquer et un filtre graphique original (mais nuisant à la visibilité...) comme seuls facteurs de motivation pour nous inciter à repartir au charbon… Franchement dispensable.
La déception prédomine donc, après plus de 40 heures à m’acharner sur le titre pour atteindre un pourcentage honorable de 83 unités au compteur. Pourtant Crash Bandicoot 4 ne démérite pas, il excelle d’un point de vue artistique et expose un univers coloré animé à la perfection, avec un côté cartoon qui apporte une touche d’humour agréable. Une réalisation de haute voltige, de surcroit appuyée par une bande son d’excellente facture et puisant dans un sound design fidèle. Bienfaisant sur la forme, le dernier né de la franchise ne l’est malheureusement pas sur le fond.
Soit vous prenez le jeu comme un « Die and Retry » hardcore et vous allez chialer des larmes de sang devant l’aberrance du challenge, accentué par une maniabilité perfectible notamment dans l’appréciation des sauts. Soit vous partez pour une finalisation partielle des niveaux, afin de profiter des points positifs du game design et de la plastique du titre en ignorant les objectifs secondaires. Flirtant entre les lignes de cet entre-deux, j’ai probablement un peu trop insisté sur les collectibles à tel point que mon expérience de jeu ne fut pas toujours très plaisante.
Preuve qu’un grand jeu vidéo ne peut faire l’impasse sur des petits détails moins tangibles comme l’équilibrage de ses diverses mécaniques, Crash bandicoot 4 : It’s About Time souffre d'un énorme problème de calibrage (#Jackie&Michel) où le ratio efforts/satisfaction ne plaide pas en faveur du joueur. Plutôt amateur de challenge et du « Try Hard », je suis pourtant passé en partie à côté du sujet, sans ressentir ce sentiment d’accomplissement habituel après tant d’acharnement. Les qualités soulignées dans cette critique en font malgré tout un bon jeu de plates-formes, et mon amour pour la licence m’incite à la sévérité. Sachez seulement à quoi vous attendre avant tenter l’aventure. « Bon chance »
Franz26 a dit (13 Mars 2022 à 08:45)
Licence mythique de Sega, c’est en 2004 via le remake du premier opus sur… Game Boy Advance que je découvris tardivement la série ! On ne va pas refaire l’histoire du jeu vidéo… Si avant de sombrer dans l’oubli et la médiocrité la franchise des Shining s’est essayée à différents registres, elle doit avant tout sa renommée au Tactical-RPG. Ça tombe bien, il s’agit d’un de mes genres de prédilection ! Le voyant rouge de la Megadrive s’allume, celui de la TV cathodique également, et comme à chaque fois la vérification du matériel s’accompagne d’un petit soupir de soulagement. Paré pour une expérience 16 bits dans les conditions originelles.
Fire Emblem, Ogre Battle ou encore Final Fantasy Tactics, des noms bien associés à l’histoire du T-RPG et incontestablement cultes à mes yeux. La saga qui nous intéresse a également contribué à la noblesse du genre, et l’aura sacrée qui entoure Shining Force II laisse admiratif. Un constat que j’aurais sans aucun doute partagé les yeux fermés en 1994, mais j’avoue afficher une pointe de scepticisme aujourd’hui. Pourtant rompu à l’exercice du rétro-gaming, j’appréhende toujours un résultat hasardeux car rigoureusement soumis aux aléas du temps et de nos exigences, même inconscientes, de joueur moderne. Le cépage « RPG 16 bits » jouit toutefois d’un vieillissement plutôt clément, et la cuvée en question mérite largement la prise de risque.
L’histoire débute dans un obscur sanctuaire où un voleur brise involontairement le pouvoir du sceau magique retenant le roi démon Zeon. La boulette ! Car bien évidemment l’entité maléfique n’attendait que ça pour retrouver des forces et menacer à nouveau l’humanité. Heureusement sir Astral, votre mentor, conseiller du roi et puissant magicien au demeurant, découvre vite l’embrouille et vous confie le sort du royaume. Il est grand temps de partir en quête d’alliés et de constituer une « Shining Force » capable de contrer les forces du mal ! Un synopsis sans grande ambition, qui donne dans le traditionnel et assure un fil conducteur suffisamment immersif et rythmé.
A la manière d’un J-RPG rétro classique, Shining Force II laisse le joueur libre de ses mouvements sur une mappemonde vaste mais un peu trop vide, contraint de parcourir les longs kilomètres reliant les étapes où l’attendent les batailles programmées. L’exploration se veut ainsi plus poussée que les standards du genre, et incite à dialoguer avec les PNJs tout en fouillant minutieusement les villes en présence. Car Shining Force II n’est pas avare en secrets et en personnages jouables, pour beaucoup complètement optionnels. Et si la motivation de recruter un maximum d’alliés porte ses fruits, l’intérêt du titre réside bien évidemment dans son système de combat au tour par tour mêlant sens du placement et de la stratégie. Guerriers, sorciers, pégases, archers, etc… tout le bestiaire d’un bon univers d’Heroic-Fantasy qui se respecte. Après avoir composé judicieusement votre troupe d'élite limitée à 12 combattants, on applique alors les codes traditionnels de la guerre : soldats robustes en première ligne, archers et magiciens en retrait, utilisation des bonus de terrain, etc… pour progresser sans encombres. L’expérience et la montée en niveau permettent de gonfler les statistiques de vos unités, qui ne devront pour autant pas négliger leur équipement via les magasins à disposition. Une gestion de l’inventaire assez laborieuse d’ailleurs, nécessitant des allers-retours réguliers avec la réserve afin de délester vos hommes du surplus ramassé. Arrivé à un certain stade il devient possible de promouvoir un personnage, et même de se forger des armes ultimes via les précieux mythrils collectionnés.
L’ensemble n’échappe toutefois pas aux affres de temps et la rigidité du gameplay ne conviendra pas à tout le monde. On regrettera notamment l’impossibilité d’examiner la portée des ennemis, à la manière d’un Fire Emblem, causant ainsi des déplacements exagérément prudents au détriment d’avancées téméraires. Malgré une relative simplicité les bases du Tactical-RPG sont pourtant exploitées avec brio, assurant de surcroit un challenge appuyé devant l’adversité de certaines mobs ! Heureusement seule la mort du héros s’avère punitive, les autres unités pouvant être ressuscitées à l’église du bled. Moyennant finance évidemment, question de réalisme.
Cet univers Heroic-Fantasy cohérent compose avec une ambiance plutôt générique mais non dénuée de charme, largement renforcée par une bande son de bonne facture. En effet, des thèmes sympathiques accompagnent avec soin ce périple mémorable, qui nécessite une quarantaine d’heures d’investissement avant de dévoiler sa conclusion au terme d’une bataille épique et difficile ! Techniquement Shining Force 2 accuse un peu le coup et exhibe une 2D vieillotte, loin de pousser la 16 bits de Sega dans ses retranchements. Néanmoins, les sprites et les arrières plans lors des animations de combat se révèlent vraiment magnifiques, et rehaussent une réalisation sommaire sans fioritures. On appréciera aussi les petits artworks illustrant nos héros, mettant en valeur un character design parfaitement maitrisé.
A l’heure d’apposer un verdict je me retrouve sans surprise tiraillé dans les couloirs du temps. Charmé par un titre légendaire aux qualités indéniables, désormais logiquement nuancées. La balance penche néanmoins du côté lumineux de la force, et l’expérience offerte par Shining Force II se veut encore viable de nos jours. Un T-RPG mythique érodé par le poids des ans, mais à l’allure digne et au contenu solide. A faire, tant pour les amateurs du genre que pour la culture du médium.
Franz26 a dit (24 Février 2022 à 08:02)
Trompé de support j'avais annoté "terminé" et des commentaires sur la compilation PS4, alors que c'est bien sur PS3 que j'ai terminé maintes fois cette merveille. Tout le monde sans fou oui, mais je suis en train de faire "du propre" dans mon suivi JV. ^^
Bref :http://www.gamekyo.com/blog_article281576.html
Franz26 a dit (15 Février 2022 à 07:55)
Imaginez un jeu d’aventure qui remet en question ses mécaniques toutes les heures, qui exploite sans cesse de nouvelles idées de game design, qui renouvelle autant ses environnements que ses situations, et qui enrobe l’ensemble d’une esthétique extrêmement léchée. Mmmm’voyez ? Comme dirait M. Mackey. Et bien vous avez déjà un bon aperçu de l’expérience proposée par It Takes Two.
L'histoire débute en compagnie d’un couple battant de l’aile et, pour ne rien arranger, miniaturisé contre son gré dans un univers fantastique burlesque. Un contexte dont s’accommoderait bien la petite Alice. Réincarnés sous la forme de poupées rafistolées et forcées de suivre une thérapie sans queue ni tête, nos jeunes parents vont alors entreprendre un périple de l’étrange afin de retrouver forme humaine. Sous fond de thématique familiale et de problèmes conjugaux, l’histoire aborde des propos intéressants mais n’est pas toujours traitée avec grande subtilité. Les cinématiques à rallonges orchestrées par l’insupportable Dr Hakim, un livre animé à l’humour douteux et aux longs monologues moralisateurs, peinent à convaincre. Un synopsis tout en métaphores mais un peu trop bavard à mon gout, cassant le rythme d’un gameplay tellement plaisant que la moindre interruption se vit presque comme une contrainte ! La rançon de la gloire.
Plateformer-réflexion coopératif, l’aventure se partage donc à deux en écran splitté et vous invite à un voyage inoubliable. Vos minuscules avatars vont découvrir sous un jour nouveau l’immensité de leur maison, mais aussi les dangers du jardin et des alentours. Une succession savoureuse de zones travaillées, chacune propice à de nouveaux concepts ingénieux et complémentaires. Véritable sève du jeu, la coopération oblige à travailler en harmonie afin de résoudre les différents challenges et puzzles en présence. Je me garde de toute illustration, histoire de vous laisser intact le plaisir de la découverte. En résulte des sensations de jeu grisantes, sans cesse renouvelées afin d’entretenir un étonnement quasi constant. La frénésie retombe volontairement avec des phases d’exploration garnies en mini-jeux et interactions sympathiques, le temps de souffler quelques minutes.
Les énigmes ne sont pas bien difficiles et seuls quelques boss énervés viendront freiner votre progression. Eux aussi très bien conçus, ils apportent un peu de tension à une aventure champêtre sans grande difficulté... Sous réserve que le dernier jeu vidéo de votre tendre moitié ne remonte pas à Pokémon bleu ! Les produits laitiers, des sensations fortes (putain, je me sens vraiment vieux pour faire cette vanne de merde). Outre de rares soucis de caméra, le gameplay ne souffre d’aucun défaut et se révèle idéalement calibré. Modèle d’accessibilité et de fun.
Non content de soigner le fond, It Takes Two bichonne aussi la forme avec une réalisation irréprochable. Fluide, beau et parfaitement animé, le titre d’Hazelight Studios peut également compter sur sa magnifique direction artistique pour flatter nos rétines. L’originalité des environnements émerveille à bien des égards, et le character design, très cartoon, conforte l’ambiance absurde qui se dégage du jeu. Malgré des zones très linéaires, le plaisir de la découverte se dévoile à travers la petitesse de nos avatars et les phases de jeu jouissives s’enchainent. D’un aspirateur qui prend vie à un commando d’écureuils, les rencontres donneront dans l’insolite au profit d’un humour omniprésent, tant via des situations cocasses (et parfois sadiques !) que des dialogues épicés.
La bande son mérite quelques louanges appuyées et, à l’image des niveaux, se révèlera aussi variée que surprenante. On appréciera également un sound design très sympathique, bien aidé par de nombreuses références et objets du quotidien qui parleront à chacun. Petit carton jaune à la voix latine dégueulasse du Dr Hakim pour accentuer la caricature du protagoniste. Oui, je conchie sur ce personnage.
Difficile de rester impassible devant une telle générosité, et si le dernier tiers de l’aventure surprend un peu moins, It Takes Two s’impose comme une référence en matière de plateformer coopératif. Une quinzaine d’heures bien remplie, pot-pourri d’idées géniales et de mécaniques subtiles à apprivoiser tranquillement en duo. Portée par une réalisation impeccable, l’expérience se veut peu commune et fichtrement réussie.
Franz26 a dit (09 Février 2022 à 23:39)
Dernier Zelda 3D sur console de salon privé d'une mouture HD, l’annonce de ce portage a d’abord déçu la plèbe avide d’une suite directe à Breath of the Wild. De mon côté, ayant fait l’impasse sur l’opus Wii, d’abord par manque de temps puis par soucis d’éviter tout contact avec ces satanées Wiimotes, j’attendais ce remaster avec impatience pour enfin découvrir l’un des derniers volets de la franchise manquant à mon actif. Plongeons ensemble dans les cieux nuageux de Skyward Sword, à la découverte des origines de la saga.
Initialement sorti fin 2011 sur une Nintendo Wii en fin de vie et en total décalage avec les standards graphiques de la génération, Skyward Sword n’a pas connu un franc succès. Voulant de surcroit exploiter le concept de la Wiimote, foireux à de rares exceptions près, les approximations de gameplay furent largement pointées du doigt. Ainsi, malgré toute la bonne volonté du monde, une originalité louable et des critiques plutôt élogieuses, cet épisode reste l’un des plus mal-aimé de la saga. Maintenant que le contexte est posé, voyons-voir si les remaniements opérés changent la donne.
On commence par le point qui fâche : la maniabilité. Largement perfectible à l’époque, la copie ne fait guère mieux aujourd’hui. En voulant conserver la moelle épinière du gameplay, axée sur la capture des mouvements, les commandes sont loin d’être intuitives à la manette pro et assez approximatives aux Joy-Cons. Aucune solution ne séduit entièrement et il faut batailler plusieurs heures avant d’apprivoiser Link. Néanmoins, le gameplay se révèle en soit très complet et s’appuie sur des mécaniques bien rodées : exploration, donjons, énigmes et combats, recette traditionnelle immuable.
On retrouve ainsi un Link déjà rompu à l’aventure et au maniement d’objets spécifiques, indissociables à la progression linéaire et la découverte des secrets enfouis sous les cieux. A l’opposé de The Wind Waker, qui offrait un univers marin parsemé d’ilots, le monde de Skyward Sword prend place dans les airs où quelques rochers flottants concentrent une bien maigre civilisation. Les humains dépendent alors de destriers volants pour se déplacer, et votre baptême de l’air marquera le début de l’épopée. Car en grattant un peu sous l’épaisse couche de nuages en contrebas, Link va découvrir un monde d’Hyrule encore inexploré, empli mystères… et de dangers ! A la poursuite de la princesse Zelda œuvrant aussi pour le salut du monde (les féminises apprécieront), notre preux chevalier et élu au demeurant va également tenter d’accomplir sa mission divine.
Tout en laissant une certaine liberté au joueur, Skyward Sword propose un périple rythmé et s’impose comme un modèle de level design. Une construction exemplaire, au service d’un univers généreux, immersif et empreint de magie. Mention spéciale aux donjons, particulièrement réussis, mais aussi à de nombreuses zones qui regorgent d’excellentes idées de game design. Les boss ne sont pas en reste et occasionnent quelques affrontements mémorables, et ce malgré les caprices de la caméra et la rigidité des commandes. Plusieurs concepts implantés dans BOTW proviennent d’ailleurs cet opus, et l’on notera par exemple l’importance du crafting pour upgrader armes et armures ou encore la fameuse jauge d’endurance. En parallèle, diverses quêtes annexes renforcent la durée de vie du titre, déjà alimentée par l’ivresse de l’exploration et les nombreuses récompenses qui en découle.
D’un point de vue technique, le lifting HD gomme efficacement les séquelles du temps et permet d’apprécier à juste titre la magnifique direction artistique du jeu. Les textures accusent évidement le coup, mais n’entachent aucunement le rendu visuel global, très agréable. Même constat niveau sonore, la bande son alternant avec brio selon l’ambiance en présence, non sans proposer des envolées lyriques magnifiques. En sus d’un sound design délicieusement familier.
Peut-être trop ambitieux en voulant surexploiter des mécaniques de gameplay basées sur la reconnaissance de mouvements, ce Zelda pèche par sa maniabilité malgré d'excellentes séquences de jeu. Un déséquilibre peu courant chez Nintendo, qui porte préjudice à un ensemble d’exception. Car malgré ce raté, The Legend of Zelda : Skyward Sword propose un voyage inoubliable, véritable ode à l’exploration au sein d’environnements atypiques marquants, avec en toile de fond les origines et l’atmosphère si particulière de la saga. Un grand cru, méritant reconnaissance.
Franz26 a dit (26 Janvier 2022 à 08:03)
Dernier From Software en date, Sekiro : Shadows Die Twice vient redynamiser la recette des Souls via des mécaniques inédites et un contexte délaissant en partie la Dark Fantasy pure. L’épopée de notre rônin se déroule dans un Japon Féodal au folklore sinistrement réinterprété, où une lutte de pouvoirs internes va conduire à un périple haletant régi au doux son des katanas.
Dévasté par la mort de son mentor et père adoptif, « Loup », samurai déchu et brisé, cherche son salut dans la servitude aveugle et la protection du jeune maitre : l’élu au sang divin. Mais au terme d’un duel poétique à l’issue tragique, l’ambitieux général Genichiro Ashina vous laisse pour mort et kidnappe l’héritier du trône… Le ton est donné. Après cette intense introduction, valant tutoriel, notre ninja se réveille déboussolé et amputé dans la quiétude d’un temple abandonné autour duquel va s’articuler l’aventure. Sauvé par le mystérieux sculpteur, qui lui octroie une prothèse mécanique taillé pour le combat, Sekiro se lance à la recherche du jeune maitre afin de retrouver son honneur de shinobi. Et l’on note déjà la première différence majeure vis-à-vis des Souls : ici pas de création d’avatar, From Software nous propose d’incarner un samurai avec son propre vécu et une personnalité définie. Un choix qui va influer sur le récit, davantage narré qu’à l’accoutumée, même si le titre propose évidemment son lot de sous-entendus et de secrets à percer tant la générosité du lore force le respect. En résulte une intrigue prenante, sombre et immersive, emplie de protagonistes atypiques. Et bien que l’histoire soit un aspect quasi secondaire de l’expérience ludique proposée par Sekiro, elle a bénéficié d’un soin minimaliste appréciable.
Si sur la forme Sekiro ressemble à ses ainés, son gameplay apporte des changements significatifs quant à la façon d’aborder les défis et chamboule les repères des habitués. Désormais l’infiltration va de pair avec une progression efficace, puisque surprendre un ennemi de dos occasionne un coup mortel direct. Indispensable pour éviter d’être submergé par les racailles patrouillant en nombre, auquel cas la fuite deviendra vite la solution privilégiée. Dans un souci de furtivité notre samurai peut donc utiliser divers artifices et compter sur son grappin pour prendre de la hauteur, afin de discerner tranquillement chaque situation. Négliger les bases du combat serait toutefois rédhibitoire, ce qui nous amène à une autre innovation de taille : la barre de posture. Simili jauge d’endurance pour les habitués des Souls, la posture joue ainsi sur votre capacité à parer efficacement les coups adverses. Elle se remplie donc au fur et à mesure des chocs et, une fois brisée, déstabilisera notre guerrier quelques secondes. Un concept valant aussi pour l’adversaire qui, sous la pression et malgré sa garde, finira par craquer. En résulte deux stratégies opposées : user l’ennemi à petit feu et gringotter sa vitalité, ou rester agressif et jouer l’épuisement de sa barre de posture en visant un coup mortel. Ainsi, la maitrise de la parade, ou plutôt de la déviation moyennant timing parfait, se révèlera indispensable pour annihiler une attaque sans perdre en posture tout en usant plus efficacement celle des autres. En résulte de véritables joutes mortelles où coups, déviations et contre-parades, s’enchainent dans un fracas métallique enivrant ! A qui cédera le premier. Mais les affrontements sont loin de se résumer à cette seule mécanique, aussi géniale soit-elle, puisque les ennemis peuvent lancer des attaques imblocables devant impérativement faire l’objet d’une esquive de côté ou d’un saut en hauteur. Ajoutez les différentes compétences de shinobi et les nombreux outils de prothèses à utiliser en bonne intelligence, pour comprendre que ce gameplay complet et exigeant ne se dompte qu'au prix de réflexes affutés.
Car en parallèle aux grandes lignes susmentionnées, des arbres de compétences permettent d’améliorer les capacités de combat. Acquisition de nouvelles prothèses pour le bras mécanique, apprentissage de techniques spéciales ou de bonus passifs, l’expérience accumulée assure le développement de tout un arsenal pour faire face au danger. Et ce ne sera pas de trop, croyez-moi ! Comme à son habitude From Software propose un challenge corsé, et outre une exploration tendue où chaque mob peut nous punir en cas d’erreur grossière, c’est surtout la présence abondante de mini-boss qui rend la progression difficile. Allant du Samurai vénère ou troll enchainé, en passant par une entité fantomatique mortelle ou un putain de sanglier enflammé, ces guerriers de l’extrême sont généralement optionnels mais nous gratifient, une fois mort, d’une perle de chapelet. 4 perles forment un collier, améliorant alors notre barre de vie et de posture. Les boss majeurs, quant à eux, laissent derrière leurs cadavres un artefact boostant la puissance d’attaque. Un système d’upgrade limité qui, couplé à l’absence d’équipements (les items ne sont que des consommables), nécessite plus que jamais une maitrise complète de son personnage pour espérer entrevoir les crédits de fin. La montée en puissance artificielle via des heures de leveling n’étant plus d’actualité. Heureusement les sanctuaires (points de repos/sauvegarde) sont placés en abondance et bonne intelligence, condition minimale pour ne pas saborder le joueur déjà pénalisé par une caméra souvent bancale. On retrouve également le principe des fioles d’Estus, recharges de vie à usage limité, matérialisées ici par une gourde magique. Difficile de dresser une liste exhaustive de toutes les subtilités en présence, mais je me dois de terminer avec la charge de résurrection. Outil de la deuxième chance généré grâce au sang divin du maitre, il permet de défier la faucheuse une fois avant toute mort définitive. Une thématique au cœur du jeu, judicieusement convertie par cette mécanique de gameplay.
Savoir-faire From Software oblige, on retrouve un level design exceptionnel avec des environnements plus ouverts et usant de la verticalité. Ils offrent un ensemble délicieusement cohérent, régi par une direction artistique divine. D’une cité médiévale Japonaise à d’arides montagnes enneigées, en passant par un dédale empoisonné, des temples bouddhistes ou un donjon malfamé, le voyage assure un dépaysement perpétuel conforté par une solide réalisation. Sans prétendre concurrencer les ténors de la génération, Sekiro se pare d’une technique solide largement convaincante. Si la qualité des textures n’affolera pas les mirettes, la fluidité de l’animation et l’efficacité des effets visuels assurent le spectacle malgré quelques ralentissements. Le sens de la mise en scène et les valeurs artistiques du jeu font le reste. L’héritier des Souls tempère néanmoins la noirceur de son univers avec de nombreuses zones verdoyantes emplies de lumière, laissant transparaitre une certaine quiétude relaxante avant que le bestiaire impitoyable ne nous ramène à la dure réalité…
Les musiques catalysent efficacement l’atmosphère du titre, et la bande son peut également s’appuyer sur un savoureux doublage Japonais pour renforcer l’immersion générale, déjà comblée par un lore d’une rare richesse. Il s'avère néanmoins complexe d’en déchiffrer l’intégralité dès la première partie, et l’on regrettera notamment le déroulement assez obscur de certaines quêtes annexes. Sekiro se dote ainsi d’une durée de vie conséquente, et le New Game+ tentera les amateurs avides de surenchérir sur une difficulté déjà assommante. Prétexte idéal pour découvrir les fins multiples du titre.
Difficile de ne pas faire le parallèle avec Nioh, lui-même inspiré des Souls, lorsque l’on se contente d’observer la partie émergée de l’iceberg. Mais Sekiro ne manque pas de caractère et présente un gameplay divinement calibré, à peine entaché par une caméra régulièrement prise en défaut : un comble dommageable vu la difficulté imposée. Et si la construction des contrées d’Ashina ne laisse pas transparaitre le même génie que ses ainés, l’incroyable maitrise du studio suinte par tous les pores de l’œuvre. Prise de risque salutaire et savoir-faire d’exception, voilà comment caractériser ce bouquet final luxueux offert par From Software.