HowLongToBeat40 h
65 h
89.5 h
Au cours d’une guerre contre le Dragon déchu, quatre royaumes ont uni leurs forces avec des héros d’autres mondes pour sceller ce mal. Mille ans après, le Dragon déchu commence à reprendre ses forces et est sur le point de se réveiller. En incarnant le Dragon divin, vous aurez recours à des stratégies riches et à une personnalisation robuste afin de prendre en charge votre destin qui consiste à rassembler les Anneaux d’Emblèmes dispersés à travers le monde et à rétablir la paix sur le Continent d’Elyos.
Merci à Cliffhunter qui a créé cette fiche
Après le succès critique et populaire de Three Houses, la Nintendo Switch accueille son deuxième Fire Emblem, cette fois affublé du sobriquet « Engage ». La saga d’Intelligent Systems traverse les générations de façon irréprochable depuis plus de 30 ans, et reste à ce jour une référence incontestée en la matière. Entièrement acquis à la cause de la franchise et la suivant depuis son origine, je vais tacher de garder un esprit critique afin de vous présenter ce nouveau Tactical-RPG exclusif à la console.
Version Nintendo Switch 60 h de jeuCommençons par évoquer la grosse spécificité de cet épisode, directement liée à sa mécanique principale : les 12 anneaux d’emblèmes. Au cœur de l’histoire, ceux-ci permettent d’invoquer les héros des anciens volets afin de lutter contre le dragon déchu fraichement ressuscité : Sombron. Réincarnation du dragon divin, enfin réveillée d’un sommeil millénaire, votre quête vous emmènera donc aux confins du continent à la recherche d’alliés et d’anneaux, tandis qu’entités maléfiques et humains corrompus dévastent tout sur leur passage. Un synopsis convaincant sur le papier, mais beaucoup moins folichon dans les faits. Les quelques rebondissements ne masquent pas la faiblesse de l’écriture, guère mise en avant par les dialogues plats et stéréotypés de protagonistes habituellement plus travaillés. Le casting de ce Fire Emblem souffle ainsi le chaud et le froid, et le character design affiche quelques fausses notes inhabituelles. Le travail reste néanmoins qualitatif, et le nombre conséquent de personnages compense largement.
Une direction artistique peu aidée par une réalisation datée et une mise en scène minimaliste, dans la continuité de son prédécesseur. Nostalgiques de la Playstation 3, bienvenus ! Si l’intérêt principal n’est pas là, il n’y a décidément aucun effort fourni par les développeurs… A ce stade, on en vient vite à regretter les formidables arts dessinés dans anciens volets. Seules les cinématiques majeures rehaussent le niveau général, et l’on ne reprochera somme toute pas grand-chose aux aires de batailles : lisibles et variées. Heureusement, les phases annexes en dehors des combats sont désormais beaucoup plus digestes ; la taille de la base se veut raisonnable et les activités transverses limitées. Shopping, entrainement, forge, farming d’objets, un peu de parlote et diverses tâches à l’utilité douteuse constituent un entre-deux que l’on expédiera aussitôt les préparatifs au combat terminés. Rentrons donc dans le vif du sujet !
Faut-il encore présenter le concept de la saga Fire Emblem ? Tactical-RPG au tour par tour où votre escouade préalablement sélectionnée doit venir à bout d’ennemis sur une carte délimitée et quadrillée, la progression alterne ainsi entre phases de combat et dialogues/interludes. Une mappemonde permet de vadrouiller librement sur le continent d’Elyos et d’avancer à son rythme, via les escarmouches, les entrainements, les chapitres annexes ou principaux.
L’exigence habituelle de la série nécessite d’exploiter les aléas et la configuration du terrain, tout en gardant constamment un œil sur la portée d’attaque des ennemis. Abandonné depuis quelques volets, on retrouve le principe du triangle des armes (épée > hache > lance > épée), largement perturbé par un vaste arsenal secondaire (dagues, arc, tomes magiques, etc…). Il est donc indispensable de constituer une équipe équilibrée et polyvalente afin d’appréhender toutes les situations possibles. L’intendance de son armée se révèle donc un passage obligé, et vite chronophage ! Aux traditionnelles montées en niveau, changement de classe et gestion minutieuse de l’inventaire (malgré un procédé d’usure des armes simplifié), s’ajoute désormais l’administration des anneaux d’emblèmes.
Ces derniers, une fois équipés, assurent un boost de compétences et plusieurs bonus. Mais ils permettent surtout de fusionner le temps de quelques tours avec la version spectrale d’un ancien héros de la franchise. Comme avec les protagonistes, le lien entre l’utilisateur et l’emblème ne cessera de croitre et d’offrir toujours plus de puissance. Chacun ayant même un pouvoir unique utilisable une seule fois par transformation. Car évidemment cette union reste conditionnelle et ne peut se réaliser qu’avec une jauge de fusion pleine. Celle-ci croît à chaque coup porté et se vide après invocation. En parallèle, des anneaux dits « secondaires » peuvent être fabriqués à loisir afin d’équiper vos héros dépourvus d’ornements majeurs. Sur la fin de l’aventure la plupart des vos hommes bénéficient de l’aide d’un emblème, et leurs pouvoirs spéciaux font une vraie différence sur le terrain, renforçant ainsi considérablement l’aspect stratégique des batailles.
La roue du temps permet toujours de revenir quelques tours en arrière pour rattraper une mauvaise décision ou un manque de chance criant, les taux de réussite défiant parfois la loi des statistiques… Une petite souplesse bienvenue pour les amateurs de challenge, toutefois contraints de configurer le jeu en mode « difficile » et « classique » (la perte d’une unité est définitive) pour retrouver les sensations d’antan. Même à ce stade rien d’insurmontable, hormis les escarmouches optionnelles vite galères et quelques missions tendues. Pour aborder ces dernières sereinement, il ne faut pas non plus négliger les relations entre vos héros, s’affinant au fur à mesure des combats et des dialogues au château. Plus la note de soutien est élevée entre les hommes composant votre roster, plus ils s’entraident automatiquement sur le terrain, parant parfois une attaque ou se mêlant à celle d’un allié.
Intelligent Systems nous propose donc un gameplay en béton-armé, éclipsant les petits défauts du titre. Mentionnons également l’excellente bande son composée pour l’occasion, même si je regrette mon choix de doublage anglais au lieu de la VO. Peu de thèmes sortent du lot, mais ils vous accompagnent avec justesse durant cette dense épopée manichéenne. Et malgré un univers manquant un peu de personnalité, les amateurs de la franchise adouberont le fan-service et les retrouvailles spectrales avec les héros des précédents volets.
L’ambition de ce Fire Emblem : Engage n’était pas de bouleverser les mécaniques de la franchise, mais d’assurer une expérience familière enrichie de quelques nouveautés. Contrat rempli ! Mais outre l’excellent système de fusion d’emblèmes, rien de bien nouveaux à l’horizon : les (petites) tares et les (grandes) qualités habituelles reprennent du service, pour le plus grand plaisir des amateurs de la saga. Malgré cette continuité un peu fainéante, couplée à un scénario bancal, Fire Emblem : Engage n’en reste pas moins un Tactical-RPG d’envergure.