Kyoto, au XIe siècle. Sous le portique d'un vieux temple en ruines, Rashômon, trois hommes s'abritent de la pluie. Les guerres et les famines font rage. Pourtant un jeune moine et un vieux bûcheron sont plus terrifiés encore par le procès auquel ils viennent d'assister. Ils sont si troublés qu'ils vont obliger le troisième voyageur à écouter le récit de ce procès : celui d'un célèbre bandit accusé d'avoir violé une jeune femme et tué son mari, un samouraï. Le drame a eu lieu dans la forêt à l'orée de laquelle est situé le portique de Rashômon. L'histoire est simple : Qui a tué le mari ? Le bandit Tajomaru, la femme, un bûcheron qui passait ou le mari lui-même qui se serait suicidé ? Autant d'hypothèses vraisemblables. Mais les dépositions des témoins devant le tribunal apportent à chaque fois une version différente du drame, et la vérité ne percera qu'après de nouvelles révélations surprenantes...
Rôle principal
Rôle principal
Rôle secondaire
Rôle secondaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Petit rôle
Merci à baba qui a créé cette fiche
Une histoire terrible à la morale sommaire : tous coupables, tous des salauds.
Mon premier Kurosawa, et visiblement pas des moindres puisque j'ai découvert par la même occasion que ce film était à l'origine d'un procédé scénaristique que l'on retrouve maintenant dans énormément d'oeuvres, autrement dit, un film qui a complètement bouleversé les codes de la narration, ce qui n'est pas rien.
Mais au-delà de cet impact, ce qui fait la force de Rashomon, c'est tout d'abord son propos. Le film pose des questions très profondes sur la manière dont les hommes vont jouer avec la vérité, pourquoi ils en viennent à agir ainsi, dans quel but... Dans ce tissu de mensonges, il fait ressortir des vérités très douloureuses, difficiles à accepter et à assimiler tant elles semblent cruelles, et pourtant, le récit se termine sur une note d'espoir, une vraie. Ce n'est pas uniquement un film sur la cruauté des hommes, c'est aussi sur l'humanité qui demeure même dans la tragédie, et c'est ce qui donne toute sa grandeur à l'oeuvre. Je ne m'attendais pas à être aussi émue.
Je dois aussi parler de la mise en scène, qui est excellente et a particulièrement bien vieilli ! C'est prenant, ça nous fait passer par toutes les émotions possibles, certains passages en viennent à donner des frissons rien qu'avec la musique et le jeu d'acteur. [spoiler] Je pense par exemple à la scène de la médium, qui débute de façon terrifiante et évolue vers quelque chose de bouleversant, tout ça pour redevenir glaçante quand on comprend la vérité. [/spoiler]
En parlant du jeu d'acteur, j'ai été très impressionnée, en particulier par Machiko Kyo, d'une intensité fascinante, Noriko Honma, dont l'unique scéne parvient à faire ressortir une variété de jeu et un talent assez incroyables, et Masayuki Mori, qui parvient à glacer le sang en un regard (mais vraiment, tous sont plus qu'excellents).
Ça m'a donné très envie de découvrir le reste du travail de Kurosawa, ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais mais c'est justement ça qui est fascinant, il y a quelque chose de tellement moderne dans ce film.