A la fin des années 70, un couple d'homosexuels recueillent un jeune adolescent handicapé abandonné par ses parents. Mais la justice ne va pas accepter cette adoption... (Source : Allociné)
Rôle principal
Rôle principal
Rôle principal
Rôle secondaire
Rôle secondaire
Rôle secondaire
Rôle secondaire
Rôle secondaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Rôle tertiaire
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Petit rôle
Hé bé... S'il y a un film capable à la fois de détruire ma foi en l'humain à coup de hache, de la restaurer à coups de caresses et d'amour, puis de la détruire de nouveau à coup de boule de démolition... Je crois que c'est celui-là. Le fait que ce soit inspiré d'une histoire vraie n'aide pas.
C'est un très beau film, très émouvant, mais surtout très important. Il traite de discrimination, d'injustice... Mais surtout d'amour dans un monde qui tente de le détruire par des prétextes absurdes et pourtant légalement reconnus.
C'est ça le plus marquant à propos de ce film, il est profondément ancré dans cette notion d'amour sans faille, sans limites, que ce soit entre deux amants ou entre des parents adoptifs et un enfant en quête d'un véritable foyer. Ce qui ne fait que rendre les obstacles mis en travers de cet amour d'autant plus insupportables.
Car c'est ça qui est fort avec ce film : il y a tellement de moments qui m'ont semblé absurdes... Et puis je me suis rappelé que c'était une réalité. Et que même si le monde a fort heureusement évolué depuis les années 70, le problème, ou devrais-je dire les problèmes, n'ont pas encore été complètement réglés.
Oui je dis LES problèmes, parce que le film traite de l'homophobie, et il le fait avec une profonde sincérité qui rend ça poignant, mais il traite aussi du rejet de la différence de manière générale, de la maltraitance infantile, de la place de l'enfant au sein du système juridique et à quel point sa voix n'est pas entendue.
Et il traite du handicap. Et ça, ça m'a particulièrement touchée parce que j'ai rarement vu une œuvre le faire avec autant de sensibilité. Le handicap de Marco n'est pas minimisé, le film reconnaît les difficultés rencontrées, les met en avant, mais il insiste surtout sur le fait de le reconnaître au-delà de son handicap. La fin est particulièrement puissante sur ce point, mais tout le film est rempli de moments qui semblent si simples mais qui sont en fait si importants.
Du côté des personnages, je me suis beaucoup attachée au personnage de Rudy, mine de rien très atypique comme protagoniste mais dans le bon sens du terme, on voit tout simplement un homme drôle, passionné, mais aussi d'une extrême sensibilité, d'un amour immense prêt à être donné au monde, et tout ça le mène à se battre pour le droit d'exister et d'aimer. (Et justement, ce qui est fort, c'est qu'il ne tombe jamais dans le symbole ou le cliché du héros militant "parfait".) J'ai trouvé l'écriture de son personnage particulièrement impressionnante car jusqu'au bout, j'ai eu l'impression de voir quelqu'un qui existe vraiment, j'ai vu un humain qui aime et qui se voit refuser ce droit si fondamental, et c'est d'une tristesse... Mais ça en fait aussi un très beau personnage, très marquant.
Un autre personnage marquant est évidemment Marco. J'ai déjà complimenté la représentation qui est faite à travers lui, mais en plus de ça, on a un personnage si touchant, également si humain, un petit bonhomme qui n'aspire qu'à trouver une maison et la garder. J'ai été très émue par ce personnage.
Maintenant, pour les autres, je dois avouer que j'ai été moins emballée. J'ai beaucoup insisté sur la finesse d'écriture de Rudy et Marco justement parce que j'ai trouvé les autres rôles plus monolithiques voire caricaturaux, pas mauvais, pas du tout, mais moins "réels" dans leur manière d'être, mis à part, dans une certaine mesure, la mère de Marco et la juge pour leur ambiguïté qui a été bien exploitée sans exagération.
Même Paul est un personnage auquel j'ai moins cru que je l'aurais voulu. (Il reste un bon personnage, mais j'ai trouvé sa caractérisation un peu étrange par moments... Cela dit, je pense que c'est davantage dû au jeu de Garret Dillahunt qu'à l'écriture elle-même.)
Mais ça reste tout à fait correct et dans le fond je pense que c'était un moyen de ne pas perdre le message de vue donc je respecte, mais c'est vrai que Rudy et Marco sortaient presque un peu trop du lot.
En ce qui concerne les acteurs, c'est un peu la même chose.
Moi qui ai déjà été très impressionnée par certains rôles d'Alan Cumming mais dans un registre bien plus stylisé, j'ai été très agréablement surprise de le voir dans un registre beaucoup plus naturaliste. Et il m'a bluffée ! Je pense que si Rudy paraît aussi réel, c'est tout autant pour son écriture que pour la manière dont Cumming l'a interprété, il s'est fondu dans le personnage et il en fait ressortir tellement d'émotions sincères (c'est d'ailleurs fou de voir à quel point il peut incarner avec le même talent et la même sincérité un personnage théâtral au possible ou un personnage qui se veut purement humain et réel). Une magnifique prestation. Et il faut le dire aussi : il a une très belle voix !
Quant à Isaac Leyva dans le rôle de Marco, il m'a prouvé ce que je pensais déjà : les acteurs en situation de handicap sont tout à fait légitimes pour incarner de VRAIS rôles (toutes mes petites remarques sont peut-être une petite balle perdue pour un certain film sorti l'année dernière, j'avoue). Pas une seule seconde je l'ai trouvé à côté de son personnage pourtant pas si simple à interpréter, et on ressent une vraie sincérité dans son jeu, j'ai vraiment vu Marco à l'écran. Je ne sais pas ce qu'il a fait depuis mais s'il n'a pas encore eu de nouvelle occasion de prouver son talent, j'espère que ça viendra !
Pour le reste, comme je l'ai dit, c'est pareil pour les autres personnages. Aucun acteur n'est mauvais, vraiment aucun, mais encore une fois, j'ai trouvé leur interprétation moins naturelle, peut-être plus calculée. Garret Dillahunt a de jolies démonstrations d'émotions mais j'ai quand même trouvé que son jeu était trop dans la retenue, qu'il le soit au début c'est une chose, mais par la suite, je m'attendais à un lâcher-prise plus grand. Ça a rendu le personnage moins mémorable qu'il aurait pu l'être, c'est dommage.
Pour finir, j'ai peut-être trouvé la fin un petit peu rapide [spoiler] l'annonce de la mort de Marco qui se fait dans une lettre de Paul, bon... Ça aurait peut-être pu être fait différemment, même si ça peut aussi être un moyen de nous faire encore plus ressentir l'injustice de la situation [/spoiler], mais ça ne retire rien à l'émotion, la beauté mais aussi la tragédie de l'oeuvre et de son message.
Un petit mot sur la réalisation : elle n'a rien d'exceptionnel, mais elle est bien faite, elle fait bien ressortir les émotions quand il le faut et il y a quelques belles idées.
Dans l'ensemble, c'est dommage que ce film n'ait pas eu l'occasion d'être plus connu, il est non seulement beau mais surtout essentiel pour ce qu'il raconte.