Mémoires d’un escargot

"Mémoires d'un escargot" est une bouffée d'air frais dans un monde de plus en plus complexe. Ce film touchant, réalisé en pâte à modeler, nous rappelle que même au cœur des difficultés, l'espoir et la joie persistent. À l'instar de "Mary et Max", il célèbre la beauté de l'imperfection et l'importance de s'accepter tel que l'on est. Il nous enseigne avec douceur que certaines choses en nous sont immuables, et qu'il est essentiel de les accueillir plutôt que de lutter contre elles. Nos défauts, loin d'être des obstacles au bonheur, sont les marques de notre humanité.

Une œuvre rare qui explore des thèmes philosophiques profonds avec une sensibilité unique. Une expérience cinématographique qui ne manquera pas de vous émouvoir.

Je suis un peu déçue parce que je m'attendais à un film émouvant et poétique sur une belle relation pleine de sagesse mais aussi de joie pour contrer le malheur entre cette jeune fille et cette octogénaire, mais en fait ce n'est pas ce que j'ai vu. J'ai vu un film extrêmement déprimant, glauque, réunissant plus ou moins tous les malheurs pouvant surgir dans la vie de quelqu'un, tout ça pour qu'à la fin on me dise "Mais en fait, c'est la peur qui provoque ces malheurs, si tu résistes à la souffrance et décides d'aller de l'avant, la vie te sourira !". Et... D'accord, le message en lui-même est joli, mais dans le contexte du film j'ai l'impression qu'il ne fonctionne pas du tout.

Cette pauvre Grace et son jumeau Gilbert sont nés sous une mauvaise étoile, il faut dire ce qui est. Le film va tellement loin dans l'horreur que ça en devient de l'acharnement. Pourtant, on me dit que c'est eux qui se sont provoqué ce malheur (en particulier Grace qui n'a jamais su comment agir face à cette accumulation de malheurs), et qu'ils auraient dû se battre contre l'adversité plutôt que de la laisser les affecter. Ce que j'aurais pu comprendre et même apprécier si le contexte n'était pas aussi extrême.
D'autant plus qu'on voit Grace à plusieurs reprises essayer d'être heureuse, d'aller de l'avant, d'outrepasser ses traumatismes, tout ça pour qu'un nouveau malheur survienne.
[spoiler] Un exemple très parlant : elle passe une grande partie du film à la recherche d'un petit-ami, mais n'a jamais l'occasion d'en trouver un, généralement parce que la ville dans laquelle elle vit n'est tout simplement pas faite pour les jeunes de son âge. Elle finit pourtant par trouver quelqu'un, un homme qui semble tomber amoureux d'elle au même instant qu'elle. Et elle ose agir, elle ose lui parler, elle ose s'ouvrir à lui, jusqu'à la demande en mariage. Une vraie preuve de résilience de sa part.
Sauf que la veille du mariage, BAM ! Nouveau malheur : son frère jumeau, censé venir la rejoindre, est mort dans un incendie.
Et alors qu'elle plonge dans la dépression, BAM ! Encore un : en fait, son fiancé est un fétichiste de la graisse et n'a toujours aimé que son corps en la forçant à s'engraisser ! Mais apparemment, c'est de la faute de Grace qui n'a pas su avancer dans la vie. [/spoiler]

Le message en devient culpabilisant alors qu'on est face à une personne qui a toutes les raisons de sombrer dans le désespoir.
Et ce n'est pas comme si le film cherchait à montrer la bonne influence de l'excentrique mais bienveillante Pinky, pour amener un message sur, je ne sais pas, la solidarité, la gentillesse, la force d'une main tendue dans l'obscurité, puisqu'elle n'apparaît presque jamais passée son introduction. J'en suis venue à souvent me demander si elle était vraiment si proche de Grace tant la solitude de cette dernière semblait bien trop grande. Le soutien de Pinky n'est pas aussi important qu'on voudrait me le faire croire. [spoiler] Et pire encore : ce n'est qu'après son décès qu'elle offre, à travers une lettre, son fameux message de résilience à Grace. Mais qu'est-ce-que ça lui aurait coûté de lui en parler plus tôt ? Pourquoi attendre ? [/spoiler]

Et tout ça, toute cette horreur, pour qu'on m'apporte dans les dix dernières minutes un message sur la résilience... Avec en prime des malheurs qui trouvent une résolution comme par magie. [spoiler] Gilbert qui revient de nulle part après avoir été pendant une éternité cru mort dans l'incendie ? Et on va me dire "Oui, mais c'est pour montrer que Gilbert s'est battu, lui", et d'accord mais enfin ça me paraît extrême quand même. [/spoiler]
En fait, tout le destin de Grace repose sur le film qui décide ou bien de la faire souffrir, ou bien de lui accorder un peu de répit, tout en nous faisant croire que Grace a entièrement le contrôle de son destin. Non. Elle ne l'a pas, elle ne l'a jamais eu.
Sans compter que le film refuse de prendre en compte un point pourtant essentiel : tout le monde n'a pas les mêmes capacités à supporter les traumatismes, et ce n'est pas une tare. Grace nous est présentée comme une jeune fille timide, sensible, et ce sont de vrais traits de caractère qui rendent ses expériences plus difficile à supporter que pour quelqu'un avec un tempérament plus fort. J'aurais aimé que le film mette cela en avant pour l'aider à avancer à son rythme plutôt que de l'écraser pour ensuite la forcer à s'en sortir artificiellement.

Et finalement, le film est vraiment un enchaînement d'horreurs pendant bien 1h20, avec une résolution jolie mais naïve à la toute fin. Je suis sûre qu'il n'avait pas besoin d'en faire autant pour faire passer son message.
Ça m'a rendu le visionnage très désagréable parce qu'il est beaucoup trop désespérant, ce qui fait que je n'ai pas pu ressentir la beauté de la fin, ça n'a pas eu l'effet réconfortant que ça aurait dû avoir, ce n'était pas assez par rapport au "trop" du reste du film.

Je ne dis pas pour autant que c'est un mauvais film, il a été fait avec le cœur et ça se voit, et même si j'avoue que je ne suis pas une grande amatrice de ce style d'animation en pâte à modeler avec les traits grossiers (ça m'a toujours mise mal à l'aise à quelques exceptions près), on voit que c'est très travaillé. Et le message n'est pas foncièrement mauvais, juste très maladroit, tout comme le film a des passages que j'ai aimés, mais noyés dans le désespoir continu.
Je me suis aussi attachée aux personnages, même si c'est surtout parce que j'ai de la peine pour eux (mais justement, le film a réussi à ne pas m'anesthésier, et dans un sens c'est ça qui a rendu le visionnage d'autant plus difficile).

Je comprends qu'il ait eu du succès, mais je trouve que le synopsis donne une image très mensongère du film, ce qui a peut-être accentué mon sentiment de déception.
Je ne regrette pas de l'avoir vu, et ça ne m'a pas retiré mon envie de voir Mary et Max du même réalisateur, même si j'espère qu'il n'est pas aussi sombre. ​

Un film qui traite de la vie, de la mort, de la maladie, de l’abandon ; un film qui raconte l’histoire de ceux qui vivent à l’écart, en dehors des cases. Un film cruel et bouleversant qui fait réfléchir et dont on se souviendra.