Franz26 a dit (14 Décembre 2022 à 07:46)
Petit jeu d’action-réflexion sorti en 2017, Little Nightmares nous plonge dans un univers macabre en défilement horizontal, à la manière d’Inside histoire de citer la référence du genre. Mais si le titre de Tarsier Studio peut se targuer d’une ambiance horrifique exceptionnelle, il pèche par des approximations de gameplay dommageables.
D’un point de vue réalisation, Little Nightmares brille davantage par sa direction artistique que sa technique pure. La 3D s’avère de qualité moyenne, et le filtre granuleux qui accompagne les teintes grisâtres ne flatte guère nos rétines. Néanmoins, cela ne nuit en rien à l’atmosphère délicieusement lugubre du périple. Des cales aux cuisines, en passant par la soute ou les cabines, ce sont les environnements peu reluisants d’un sinistre paquebot qui officient comme terrain de chasse, au rythme de la houle. Timidement guidé par la flamme vacillante de son briquet, notre chétif avatar au ciré jaune va tenter d’échapper à ses geôliers. Entités humaines décharnées et belliqueuses.
La bande son vient conforter cette ambiance pesante, en s’appuyant grandement sur des bruitages angoissants. Bruits de portes, craquement de planchers, cris stridents, résonnances métalliques, etc… c’est tout l’attirail de l’horreur qui se met au service de la peur. Un régal. En résulte une escapade réussie sur la forme, qui prend aux tripes et installe une réelle sensation d’empathie pour ce petit être martyrisé. Sur le fond en revanche, Little Nightmares souffre de quelques imperfections.
Nous voici en face d’un jeu d'action-réflexion au gameplay volontairement minimaliste. Six, notre héroïne malgré elle, peut courir, s’accroupir, sauter, attraper des objets et activer des mécanismes avec la vivacité d’un mollusque. Une lourdeur accentuant la vulnérabilité de la petite fille, mais qui finit par peser sur le confort de jeu… notamment lors des phases de plate-forme, déjà pénalisées par une perspective souvent difficile à appréhender ! Heureusement, les checkpoints sont légion et la progression, très linéaire, accorde une place prépondérante à la résolution d’énigmes. Salles après salles, il faudra faire preuve d’observation et de logique afin de surmonter les défis. Un ensemble équilibré qui, malgré quelques bonnes idées, manque toutefois d’audace et d’originalité.
Les 3 niveaux du DLC « Secrets de l’antre » corrigent un peu le tir en proposant des casse-têtes plus diversifiés, et notamment tout un pan de coopération avec les petits êtres au chapeau pointu que vous avez le loisir de croiser durant votre périple. Mention spéciale au dénouement de cette aventure additionnelle, tout aussi brillant que dérangeant, portant de ce fait la durée de vie à une petite dizaine d’heures de jeu, récolte des collectibles inclus.
Bien qu’imparfaite, l’expérience proposée par Little Nightmares reste largement positive. Une croisière de l’étrange à vivre dans le noir total, sauf âmes sensibles, histoire de profiter à fond de l’atmosphère lugubre des lieux et de la poignante narration muette qui l'accompagne. Il me tarde désormais de m’essayer à la suite, planifiée dans mon agenda pour l’année prochaine.
Franz26 a dit (07 Décembre 2022 à 07:48)
Jeu indépendant développé par l’anonyme Tom Happ, Axiom verge est le fruit d’un travail de longue haleine. Des graphismes au game design, en passant par la bande son où le scénario, le monsieur a bâti son projet seul 5 ans durant ! Sorti en 2015 et acclamé par la presse et les joueurs, le succès du titre lui vaut une sortie physique sur tous les supports de la génération. Voyons-voir ce que nous réserve ce Metroidvania old-school.
Car d’emblée Axiom Verge surprend par son esthétique en pixel art, véritable hommage à l’ère 8 bits et à la saga Metroid, le rendu HD en plus. Un style rétro épuré porté par une direction artistique aux petits oignons, nous propulsant dans un monde biomécanique coloré des plus étranges. Notre héros, Trace, se réveille guidé par une voix mystérieuse à la suite d’une expérience scientifique ratée et va devoir percer les mystères de cette planète atypique. Entre cauchemars et réalité, à vous d’échapper à ce bourbier labyrinthique empli d’entités hostiles de chair et de métal.
Comme tout Metroidvania qui se respecte, Axiom verge apporte un soin particulier à son level design afin de justifier en douceur les allers et retours inhérents au genre. A ce niveau, le titre de Tom Happ impressionne de par la cohérence de ses maps, interconnectées avec intelligence et dévoilant leurs secrets au rythme des capacités acquises. Outre la quantité astronomiques d’armes disponibles, on retiendra surtout des outils incroyables comme la foreuse, le familier téléguidé ou encore le « dash-téléporteur » qui exploitent des mécaniques de jeu originales et portent l’aspect exploration à son paroxysme. Parcourir les dédales tortueux de cette mystérieuse planète se révèle donc un pur régal, conforté par une palette de possibilité dense indispensable à l’accumulation d’upgrades et bonus optionnels. La montée en puissance se ressent et offre quelques sensations grisantes.
Le gameplay peut également s’appuyer sur une maniabilité au poil, Trace se mouvant avec célérité et précision. Petit bémol au niveau des raccourcis directs d’armes, assez brouillons avec la DualSense, sans pour autant remettre cause une prise en main quasi parfaite. Et ce ne sera pas du luxe pour venir à bout des dangers en présence tant les niveaux regorgent de mobs retords ! Les boss ne sont pas en reste et, en sus d’impressionner de par leur taille, apportent une bonne dose de challenge (heureusement compensée par des salles de repos bien placées). On appréciera d’ailleurs le principe de sauvegarde automatique qui suit un trépas, vous renvoyant alors dans la dernière « safe-zone » visitée tout en conservant la progression intacte. Ce qui ne vous empêchera pas de vagabonder une quinzaine d’heures dans ces enchevêtrements de salles labyrinthiques avant de visionner les crédits de fin avec un pourcentage d’achèvement décent. Quant à en découvrir l’ensemble des secrets, c’est une autre paire de manches ! D’autant que certains sont abusivement bien camouflés… Flemme oblige, je me suis contenté d’un satisfaisant 81% d’items collectés pour une mappemonde explorée à 97%.
A l’image de la réalisation, le sound design d’Axiom Verge se veut très rétro, tant au niveau de ses musiques, typées « synthwave » mais néanmoins variées, que ses bruitages, volontairement criards. Un ensemble éclectique détonnant parfaitement adapté à l’univers SF-Fantastique décalé du titre, confortant ainsi une ambiance quasi hypnotisante !
Hommage solennel au genre et à la saga de Nintendo, maitrisé sur le fond comme sur la forme, Axiom Verge propose un périple généreux, jouissif et parfois innovant. Les rares imperfections susmentionnées (dont un boss final décevant) ne tarissent aucunement le plaisir de jeu, et malgré un marché saturé par l’offre il se hisse sans mal parmi les meilleurs Metroidvania de ces dernières années. Performance d’autant plus remarquable pour une œuvre indépendante. Amateur du genre : foncez !
Franz26 a dit (30 Novembre 2022 à 07:50)
Après un dernier opus canonique controversé, Square-Enix lance sa plus grosse cartouche afin de redorer son blason et celui d’une franchise mythique en perdition. Nous voici donc en présence du fameux Final Fantasy VII Remake, version Intergrade qui plus est, fantasmé depuis des lustres. L’erreur n’est pas permise : interdiction de salir l’aura unique qui entoure le matériau de base ! Verdict ? Lisez la suite mes chers fidèles Serieboxiens.
Attendu comme le messie par la masse populaire, je me suis positionné à contre-courant au fur et à mesure du développement, sceptique devant l’orientation très « action » du titre et son format épisodique douteux. Il faut avouer que les dernières tentatives de Square-Enix n'ont pas joué en leur faveur, et ne parlons pas de l’arrière-gout mitigé laissé par Crisis Core ou Dirge of Cerberus à l’époque. Une refonte HD soignée avec un vrai travail de fond sur la définition des décors en 2D m’aurait amplement comblé. A défaut, je me suis contenté du portage Switch pour boucler une énième partie de Final Fantasy VII l’année dernière. Histoire de me rafraichir la mémoire avant d’attaquer ce remake ambitieux, dont les excellentes critiques ont piqué ma curiosité.
Bref, avant de débuter l’aventure il est indispensable de prendre un peu de recul : nous sommes en présence d’un REMAKE. Comprenez que les développeurs ont pris la liberté de revisiter complètement l’expérience de jeu, tant en terme de gameplay que de narration. Nous y reviendrons. C’est donc bel et bien un titre inédit que nous tenons entre les mains, qui s’émancipe de son modèle malgré des fondements communs suffisamment denses afin de ne pas (trop) rebuter les fans. Je vais donc m’efforcer de conserver une ligne objective tout au long de cette review. Final Fantasy VII étant probablement mon jeu culte, la tâche s’avère délicate… Car il y a tant de choses à dire, en positif comme en négatif.
Premier point noir de ce remake, et non des moindres : son contenu. Les développeurs ont choisi de condenser le périple de nos héros aux évènements survenant à Midgard seulement. Le jeu n’a pas commencé qu’il se tire déjà une balle dans le pied ! En effet, comment retranscrire la substantifique moelle de Final Fantasy VII si l’on ne se cantonne qu’à une parcelle de son aventure originale, quand bien même retravaillée. Et qu’on ne vienne pas me titiller en invoquant des « contraintes techniques-mon-cul », la firme ne cherche qu’à capitaliser un maximum sur l’aura de la franchise en vendant une épopée morcelée dans un format épisodique rentable ! Salaaaauds ! Pour preuve : les « open world triple A » développés ces dernières années démontrent bien la faisabilité d’un remake complet. Bref, si ce choix n’a pas que des incontinents, il se révèle déjà un non-sens à mes yeux.
Maintenant que j’ai posé le contexte et craché un peu de venin, rentrons dans le vif du sujet. FFVII Remake débute par une introduction remaniée toute aussi magnifique que l’originale, où se dévoile l’immense cité industrielle de Midgard. Le train arrive en gare et l’opération de sabotage du réacteur à Mako n°1 peut commencer. Comme prévu, la refonte technique impressionne et apporte un aspect réaliste assez bluffant pour qui se remémore les sprites SD d’origine. C’est aux commandes d’un Cloud Strife plus classe que jamais et d’un Barret imposant que l’on se familiarise avec un tout nouveau système de combat.
Histoire de coller à l’ère du temps, les développeurs ont intégralement revu la copie et nous proposent des affrontements nerveux et dynamiques en semi temps réel. Si la barre ATB a été conservé, c’est bien l’action qui prédomine : déplacements, esquives, parades, attaques classiques, raccourcis directs, etc…, il faudra maitriser cette nouvelle liberté de mouvement et s’adapter au terrain de jeu. Les capacités avancées en revanche (magies, compétences, objets, etc…), s’utilisent sous la contrainte d’une jauge qui se charge plus rapidement au fur à mesure des coups assénés. De ce fait, la tentation de bourriner prime aux premiers abords. Mais cette stratégie se révélera souvent insuffisante pour venir à bout des ennemis retords. A vous de comprendre les compétences de chacun, d’abuser du menu traditionnel afin d’orienter les tâches de l’IA gérant vos coéquipiers (l’action passe alors en pause), et de switcher entre ces derniers en fonction de la situation. L’objectif étant généralement de déceler le patern du boss et son point faible, ce qui peut l’amener en état de « choc » durant lequel les dégâts sont démultipliés. Attention, vos attaques ne feront pas toujours mouches : l’ennemi aussi sait esquiver, parer, ou même vous interrompre pendant le temps de chargement d’un sort.
En amont des combats, la préparation de votre équipe reste une étape importante. Les fameuses matérias font leur retour afin d’octroyer, une fois associées aux équipements, différentes capacités et magies qui s’amélioreront avec l’expérience. Les armes bénéficient désormais d’un arbre de compétences sommaire où vous pouvez, en échange de PA durement gagnés, accumuler divers bonus statiques. A noter le retour des invocations, prenant place avec vous dans l’arène de combat, et des « Limit Breaks » aux effets souvent salvateurs. Après un petit temps d'adaptation l’ensemble se révèle finalement assez technique, et permet même de réaliser des combos très efficaces avec un peu de pratique. Cette orientation, audacieuse il faut l’admettre, est pourtant loin de me ravir. L’action devient parfois brouillonne et les mécanismes ont été largement édulcoré afin de maximiser l’accessibilité. Mon affinité pour le tour à tour traditionnel biaise forcement mon avis, mais malgré des qualités indéniables je n’ai pas adhéré à 100% au gameplay. C’est con vu qu’on partait d’un système quasiment parfait... Oups, objectivité revient parmi nous !
Comme déjà évoqué plus haut, la plastique impressionne d’abord à travers la modélisation et l’animation des personnages, alliés comme ennemis, que nous découvrons sous un jour nouveau. Mais la réalisation peut également s’appuyer sur de superbes effets visuels et des décors réussis. Ces derniers ont été dans l’ensemble largement adaptés pour convenir à l’expérience de jeu, bien que l’on retrouve encore quelques lieux iconiques fidèlement retranscris. Mention spéciale au bidonville du secteur 7 et au Wall Market, deux zones centrales très bien retraitées. Malheureusement l’esthétique globale souffre d’une certaine redondance, limitée par l’aspect Steampunk de Midgard très loin de refléter la richesse artistique globale de Final Fantasy VII. A noter que cette version Integrade a bénéficié de quelques améliorations dans le rendu des textures et de la profondeur de champ.
D’un point de vue sonore le travail se révèle assez remarquable et respecte les formidables compositions d’Uematsu. Quelques réinterprétations et nouveaux thèmes peuvent prêter à polémique, mais dans l’ensemble la réorchestration des morceaux et l’apport du doublage Japonais garantissent une bande son d’exception. Un atout de taille.
Revenons un peu sur l’univers et les choix de construction de ce remake. Le fait de condenser l’histoire à une fraction du jeu d’origine permet, à sa décharge, d’approfondir les relations entre certains personnages avec notamment un focus intéressant sur Biggs, Wedge et Jessie. En contrepartie, la refonte de Midgard n’a rien de révolutionnaire et on se tape un remplissage grossier de quêtes secondaires, scènes inédites et autres passages à rallonge guère reluisants. Constat venant confirmer ma première impression quant à la justification foireuse de Square-Enix sur le découpage de l’œuvre... Les évènements tirent en longueur, et si la mise en scène entretient un certain rythme il ne se passe fondamentalement pas grand-chose durant les 30 à 35 heures nécessaires pour boucler l’aventure, quêtes optionnelles incluses. D’autant que le titre se veut d’une linéarité affligeante en abusant de couloirs et d’aires très limités, anéantissant alors tout sentiment d’exploration. Difficile dès lors d’apprécier le level design, assez quelconque malgré un final un peu plus travaillé. A ce propos, la liberté prise pour conclure le premier acte de façon magistrale fera probablement grincer des dents… mais difficile de leur en vouloir tant le rendu se révèle épique !
En supplément Bacon, le DLC Integrade nous propose d’incarner la pimpante Youfie dans une quête d’infiltration plaisante, bien que largement dispensable. Quelques heures de jeu supplémentaires afin d’apprécier le gameplay de la petite shinobi, des plus dynamiques, et le mini-jeu de plateau « Fort Condor » : hyper prenant ! Scénaristiquement ? C'est plat, contrairement au magnifique décolleté de Scarlet, qui officie comme adversaire principal et nous laisse admirer ses formes tout du long.
Nous arrivons au bout de cette review, et la longueur de mon texte a dû faire fuir les rares membres de passage. Final Fantasy VII Remake s’impose-t-il comme le digne héritier du RPG mythique de la Playstation ? Clairement, non. En est-il pour autant raté ? Non plus. On s’oriente donc vers un verdict aux airs de déjà-vu, et Square-Enix nous livre un excellent RPG, intelligent et immersif, mais bien loin du standing espéré. Un patrimoine vidéoludique décidément difficile à assumer… En résulte une épopée incomplète qui déstabilisera nombre de fans de par son gameplay modernisé et son choix d’étirer l’aventure jusqu’à la moelle, en limitant l’histoire aux évènements de Midgard. Conséquence directe : un univers largement amputé ne faisant pas honneur à la richesse de Final Fantasy VII. Passé ce point critique, le titre n’est pas dénué de qualités et propose une aventure remaniée efficace, enrobée d’une plastique soignée et d’une bande son monumentale. Il faudra désormais attendre la suite afin de juger et mesurer l’envergure globale du projet, qui a encore un long chemin à parcourir avant de mériter sa place au panthéon des RPGs.
Franz26 a dit (03 Novembre 2022 à 07:53)
Exclusivité Sony développée par Guerilla Games, Horizon Zero Dawn ne cache pas son statut de triple A et vient enrichir la gamme des « open world » sur le marché. Il est grand temps de me plonger dans cet univers post-apo aussi original que magnifique en compagnie de la belle Aloy, épris d’attentes considérables à la vue des critiques unanimement positives.
Si Horizon Zero Dawn a déjà fait l’unanimité auprès des joueurs et de la presse, sachez que je ne suis pas un grand amateur des mondes ouverts. En effet, mon expérience récente se limite essentiellement aux Xenoblade, God of War (PS4) ou encore à l’inévitable Breath of the Wild. Ainsi, c’est avec une confiance relative mais mesurée que je me suis lancé dans l’aventure… Une once d’appréhension très vite effacée !
Commençons par l’aspect du titre qui ne laissait aucun doute quant à sa qualité : la réalisation. Horizon Zero Dawn impressionne et propose une 3D fine aux textures propres, détaillées, donnant vie à un monde d’une beauté enivrante et empli de panoramas contemplatifs d’exception à la profondeur de champ impressionnante. Les cycles météorologiques et temporels en temps réel viennent renforcer le réalisme de ces terres sauvages, peuplées par un bestiaire mécanique incroyablement animé. L’impact visuel est immédiat, sublimé par une direction artistique hors-norme.
Les évènements d’Horizon se déroulent dans un futur lointain où la civilisation telle que nous la connaissons a disparu. L’humanité semble avoir régressé à l’âge moyenâgeux et subsiste par le biais de petites communautés retranchées dans des villages de fortune et quelques citées médiévales. Car la faune locale se révèle aussi dangereuse que peu commune. Ainsi, rodent librement dans les terres des robots primitifs et agressifs directement inspirés des prédateurs d’antan (de nombreux mobs renvoient à nos chers reptiles du crétacé). Parfois gigantesques, ils vivent en meute et attaqueront à vue ! Les humains, réfugiés dans leurs croyances limitées et dénuées de bon sens pour tout athée qui se respecte, ont appris à vivre avec cette menace permanente. Chassant même les bestiaux afin d’accumuler de précieux composants mécaniques tout en maudissant la technologie du passé, taboue et source des maux actuels.
En résulte un univers passionnant empli d’anachronismes, où les hommes ont bricolé des armes efficaces contre les machines en s’appropriant à leur façon la technologie des anciens. Les amoureux de la nature se délecteront des vastes forêts verdoyantes, rivières limpides et autres montagnes majestueuses, tandis que les amateurs de SF ne seront pas lésés avec un bestiaire atypique et les vestiges d’une civilisation disparue (la nôtre !) à déchiffrer. En résulte une immersion sans faille, même si l’exploration reste balisée par des PNJs en détresse et des collectibles à ramasser. Votre voyage sera ainsi ponctué d’innombrables détours, aiguillés par une mappemonde explicite, au service d’un dépaysement total.
Au milieu de ce background charmant, vous incarnez Aloy, une paria exclue de son village qui va s’efforcer de remporter l’épreuve de l’éclosion afin d’être réhabilitée. Quelques rebonds dramatiques plus tard causés par une communauté hostile, et vous voici libre comme l’air, paré pour une aventure épique avec en toile de fond la survie de l’humanité. Rien que ça. Si l’histoire tient la route et réserve quelques révélations sympathiques, l’envie de dénouer les évènements passés se suffit à elle-même. Ceux désirant approfondir le lore peuvent également s’appuyer sur d’innombrables enregistrements audio et pavés de textes, malheureusement bien trop redondants. A côté, on retrouve évidemment une myriade de quêtes annexes plus ou moins intéressantes (plutôt moins en fait), mais que l’on s’efforcera d’accomplir afin de profiter de l’incroyable univers du titre et de ses mécaniques de jeu efficaces. Car les qualités d’Horizon Zero Dawn s’étendent jusqu’à son gameplay.
Notre chasseuse manie toutes sortes d’armes afin d’occire les saloperies mécaniques en présence, mais devra aussi s'appuyer sur un minimum de stratégie et de furtivité pour s'en sortir sans casse. En effet, les entités robotiques n’hésitent pas à appeler des renforts, et réussir à isoler les plus grosses s'imposera comme une nécessité. Si l’expérience aide à appréhender les batailles, notamment en abusant du point faible adverse (souvent élémentaire), chaque nouvel ennemi représente une menace potentielle à déjouer. Aloy peut ainsi user de son arc, mais aussi d’une fronde, d’un lance-câbles, de pièges divers ou encore de sa lance, précieuse au corps à corps. Des versions plus puissantes se débloquent auprès des marchands et peuvent s'améliorer via des gemmes à disposer dans des emplacements définis (type matérias). Sans surprise, le crafting occupe une place prépondérante et nécessite de récupérer un maximum de matériaux sur son chemin : bois, plantes, métaux divers, etc… afin de pouvoir répondre à un besoin croissant de munitions. L’agilité d’Aloy fera le reste, et la belle rousse n’hésitera pas à crapahuter sur des parois abruptes histoire d'amuser la galerie. Un petit aspect plate-forme limité sans grand intérêt, bien loin des possibilités et de l’interactivité offertes par un BOTW. Enfin, un arbre de compétence permettra de développer les capacités de l’héroïne, et la montée en expérience consolidera sa vitalité. Du grand classique.
Côté bande son le titre de Guerilla Game assure et propose des thèmes soignés, sachant appuyer avec brio la situation. Aspect dramatique, passages contemplatifs ou action pure, les musiques et bruitages accompagnent votre périple avec soin. S’ajoute un doublage VO réussi, au profit d'un ensemble sonore de qualité.
Petit aparté sur le DLC « The Frozen Wilds » intégré à cette « Complete Edition », venant prolonger l’expérience de jeu à défaut de l’enrichir réellement. Au programme : des terres enneigées et glaciales fréquentées par un bestiaire des plus coriace. Mention spéciale aux « Griffes de feu et de glace », véritables tueurs sur pates ! La trame principale de l’extension apporte des éléments forts intéressants au lore général, et l’on prendra toujours grand plaisir à vagabonder en quête de collectibles et d’équipements puissants.
Comptez une bonne soixantaine d’heures de jeu pour faire le tour d’Horizon Zero Dawn et de son DLC. Un contenu dense pouvant néanmoins se parcourir deux fois moins vite pour qui se contentera, à tort, de la trame principale. Le titre de Guerilla Game n’est pourtant pas exempt de défaut, et l’on pourrait citer quelques bugs d’affichage, une certaine facilité d’écriture ou encore un contenu plutôt générique peinant à surprendre passé les premières heures de jeu.
Mais l’univers d’Horizon Zero Dawn fait preuve d’une telle justesse artistique que le voyage reste plaisant de bout en bout. Confortée par un fil scénaristique travaillé, un background passionnant et un gameplay généreux, l’aventure d’Aloy mérite clairement l’investissement. Une épopée dépaysante et sauvage démesurée, exceptionnelle sur la forme, convaincante sur le fond. Amateurs d’aventure et d’exploration ; foncez !
Franz26 a dit (30 Octobre 2022 à 23:43)
Sniff mon petit benben, je comprends totalement. ;(
Tu y reviendras sans doute dans quelques années, sans que ton expérience de jeu soit gâchée par le contexte. Et tu l'apprécieras à sa juste valeur !
@Fufu : j'en ai justement fait mon premier jeu PS5, un choix pas anodin et extrêmement satisfaisant vu la qualité du titre. ;)
Franz26 a dit (28 Septembre 2022 à 07:49)
Fort du succès de Partners In Time, Nintendo enrichie sa série des « Super Mario RPG » d’un nouvel opus sur Nintendo DS, consciencieusement intitulé « Voyage au centre de Bowser ». Un titre précis à prendre au premier degré, car votre excursion vous emmènera dans les entrailles de la bête, forçant ainsi une coopération désopilante entre nos frères plombiers et leur meilleur ennemi ! A la recherche d’un RPG rafraichissant et bourré d’originalité ? Vous avez tapé à la bonne porte.
Les amateurs de la série ne seront guère surpris du contexte absurde mis en place dès les premières minutes de jeu. Victime d’un vilain convoitant le royaume champignon, Bowser avale nos héros et les habitants du château. Conclusion : Mario et Luigi se retrouvent perdus dans le corps de Bowser, qui de son côté doit annihiler les plans du diabolique (mais ridicule) Gracowitz. Le titre axe ainsi son gameplay autour de la coopération entre les personnages, le grand méchant historique étant dès lors propulsé héros au même titre que nos compères moustachus !
L’aventure comporte deux plans distincts : le royaume champignon dans lequel interagit Bowser, et le monde organique qui accueille malgré eux Mario et Luigi, en plein cœur d’un épisode de « il était une fois la vie » ! Dès lors, afin de servir quelques desseins héroïques, nos plombiers vont s’atteler à « réparer » l’organisme déréglé de leur antagoniste en le manipulant. Bowser, lui, jalouse Gracowitz et ne demande qu’à reprendre par la force sa place de grand méchant attitré. Un quiproquo qui donne évidemment lieux à des scènes cocasses et complètement loufoques, au service d’un scénario efficace qui ne se prend pas au sérieux.
Sur la forme le titre se présente comme un J-RPG classique avec de l’expérience, de l’équipement et des combats au tour par tour d’un rare dynamisme. En effet, chaque action va nécessiter une petite combinaison et un timing précis avant de porter ses fruits. Cela est d’autant plus vrai pour les phases défensives, où il faut lire la trajectoire et le patern de l’attaque adverse afin de la parer plus efficacement. Les coups spéciaux sont aussi soumis à ce régime et requièrent une manipulation spécifique dont la bonne exécution déterminera les dégâts infligés. Réflexes et sens de l’observation sont ainsi mis à l’épreuve afin de déjouer des affrontements pas toujours évidents. L’exploration apporte également sa dose de situations comiques à dénouer, et use intelligemment des capacités tactiles de la console pour exposer des idées de game design souvent excellentes. Enfin, les donjons ne sont pas en reste et, par l’intermédiaire d’énigmes diverses et variées, demandent d’utiliser en bonne intelligence les aptitudes de nos héros histoire de progresser sans encombre. Ajoutez une navigation permanente et en temps réel entre l’écran du haut, dédié à Bowser, et celui du bas, réservé à Mario & Luigi, pour parachever un concept original et fichtrement ingénieux !
Techniquement le titre de Nintendo se pare d’une 2D fine et colorée. En résulte de jolis décors, une animation soignée et d’excellents effets visuels. De quoi appuyer le ton léger de l’intrigue. La bande son vient renforcer cette ambiance bon enfant, en se contentant de thèmes sympathiques et de bruitages convaincants.
Mario & Luigi : Voyage au centre de Bowser s’impose comme une aventure dense et rafraichissante, bourrée d’idées atypiques au service d’un gameplay très fun. Une fois n’est pas coutume, la franchise brille par son audace et son originalité, même si on pourra lui reprocher quelques lourdeurs. En effet, l’humour ne fait pas toujours mouche et l’abondance de didacticiels peut vite agacer. Pas de quoi remettre en question la qualité de l’expérience de jeu, qui s’étale sur une grosse vingtaine d’heures. Et si cet opus réemprunte les mécaniques de base entrevues dans Superstar Saga et Partners in Time, il apporte suffisamment de nouveautés pour attirer l’attention des joueurs. Le mot de la fin Maurice ? Simplement excellent.
Franz26 a dit (30 Août 2022 à 07:32)
Hit méconnu de Squaresoft jusque-là réservé au pays du soleil levant et aux amateurs d’émulation, Live A Live fait peau neuve avec un remake 2D-HD désormais spécialité maison. Une chance pour tous les fans de J-RPG, qui peuvent enfin découvrir ce titre pas comme les autres en Français sur Nintendo Switch.
Live A live est en effet un RPG 16 bits très particulier, mettant en scène l’histoire de plusieurs protagonistes à travers des époques différentes. Préhistoire, Chine impériale, Far-West ou encore science-fiction pure, voici une liste non exhaustive du dépaysement proposé. Car la grande force du titre de Square, par le biais de changements radicaux d’univers, est de renouveler constamment l’expérience de jeu. Non seulement l’ambiance diffère du tout au tout, mais chaque section propose également des mécaniques de gameplay propres et une écriture bien personnelle. Je me garde d’en dire trop afin de vous laisser le plaisir de la découverte intact, car d’un scénario à l’autre les sensations diffèrent et les développeurs se sont autorisés quelques folies. Tantôt réussies, tantôt… audacieuses ! Ainsi, vous pouvez grandement apprécier le périple au Japon Féodal, mais rester de marbre face à l'épopée « Sentai » du futur proche. Cette diversité se révèle au cœur de Live A Live, concept faisant toute la saveur du jeu... mais aussi sa faiblesse.
La construction du titre se base sur une multitude de petites histoires qui nécessitent chacune en moyenne 2 heures de jeu avant de dévoiler leur conclusion. Difficile alors de s’attacher réellement aux protagonistes et de profiter du côté « gestion d’équipe » propre au genre. Personnellement cet aspect m’a gêné, et ce malgré un ultime chapitre plus complet regroupant tous les personnages. C’est durant ce dernier acte que va se jouer le dénouement de Live A Live, riche de cinq fins distinctes, au terme d’un finish passionnant.
Le système de combat emprunte au Tactical-RPG tout en utilisant une barre ATB assez familière. On déplace nos héros sur une arène quadrillée où chaque mouvement rempli la jauge ATB des adversaires. Il faut donc veiller à son positionnement et à celui des ennemis afin d’optimiser ses déplacements, puis assigner l’attaque adéquate. La portée de ces dernières variant du tout au tout, maitriser l’arsenal de compétences à notre disposition se révèle primordial pour venir à bout de situations parfois délicates. On abusera notamment des attaques de projection, des effets de boost ou autres dégâts de zone. Un système original et dynamique commun à chaque scénarii, complété par des aspects plus classiques tel que la montée en expérience et la gestion de l’équipement.
Entièrement remasterisé, Live A Live version 2022 bénéficie de graphismes en 2D-HD du plus bel effet, à l’image d’Octopath Traveler ou plus récemment de Triangle Strategy. Conservant habillement son aspect old-school nourri au pixel art et aux décors en 2D, le titre se pare d’effets de perspective et de lumière magnifiques. Ajoutez une modernisation générale de la mise en scène pour obtenir une réalisation convaincante sentant bon la nostalgie 16 bits, malgré quelles inégalités.
D’un point de vue sonore la métamorphose est également de taille. Les superbes thèmes de Yoko Shinomura ont bénéficié d’un savoureux arrangement et transcendent avec brio l’atmosphère du jeu, si bien que l’on se délecte de la qualité et de la diversité de la musique au rythme des époques parcourues. Le doublage Japonais, inédit et soigné, conforte à sa façon une bande son exceptionnelle.
Live A Live n’est décidemment pas un simple J-RPG lambda de la Super Nes. Construit, ou plutôt déconstruit justement, il nous invite à vivre le temps de quelques heures l’histoire d'un héros anonyme à travers les âges. Un défilé d’ambiances, d’époques et de protagonistes distincts, nanti de mécaniques rafraichissantes. Certes, la fugace traversée de ces courts récits freine un peu l’immersion, mais l’expérience accumulée mérite clairement le détour. Impossible alors de faire l’impasse sur ce remake soigné, transcendant l’œuvre originale au profit d'un superbe voyage temporel et inter-dimensionnel. Framboise sur le Milk-Shake : avec Live A Live, Square-Enix laisse entrevoir la démocratisation de ses légendes 16 bits méconnues. Et si l’histoire semble en marche (Romancing Saga, Tactics Ogre, etc…), d’autres attendent encore patiemment. O Bahamut Lagoon, Treasure Hunter G ou Rudra no Hihou, ma carte bleue est déjà prête. Praise the sun !
Franz26 a dit (09 Août 2022 à 07:34)
Développé par les petits gars de Dennaton Games, Hotline Miami s’est rapidement fait un nom sur la scène indé. Titre arcade au concept aussi violent que jouissif, le succès fut tel que le studio enchaina avec un second opus, occasionnant une compilation en boite sur Nintendo Switch. Sujet du jour. Amis tueurs en série aux tendances psychédéliques, voilà de quoi vous divertir en tout impunité !
Nous voici en présence d’un titre arcade rétro non sans rappeler, du moins au premier coup d’œil, un certain GTA. Constat réducteur, dû à la caméra suivant l’action du dessus et à une réalisation 2D pixélisée. Ce qui n’empêche pas Hotline Miami de dégager un vrai cachet visuel, directement lié à son sens du pixel art, sa palette de couleur néon ou encore son goût prononcé pour l’hémoglobine. Car du sang, vous allez en répandre, croyez-moi !
Hotline Miami pourrait se définir comme un die & retry mélangeant action, shoot et puzzle-game. Vous incarnez Jacket, un homme instable en proie à des illusions, tueur sanguinaire à ses heures perdues. Chaque niveau débute donc par une petite scénette vous conduisant sur les lieux du futur massacre. Une fois sur place, l’objectif est clair : s’infiltrer et éliminer les menaces les unes après les autres. Mais la difficulté de Hotline Miami ne pardonne pas la moindre approximation, et analyser minutieusement la situation se révèle primordial afin d’anticiper tout écueil mortel. Car un petit raté de timing, une avancée trop téméraire ou encore un ennemi embusqué causera instantanément votre perte. Fort heureusement, l’IA n’a pas inventé l’eau tiède et notre bonhomme bénéficie d’un arsenal barbare fichtrement efficace. Si le corps à corps se veut plus risqué qu’une arme à feu, ces dernières annihilent toute la furtivité de l’entreprise. Sabre, pied de biche, couteau, fusil à pompe, mitraillette, etc… à vous de faire le tri parmi un bazar conséquent (et aléatoire), jusqu’à vous sentir suffisamment à l’aise pour nettoyer la zone tout en surveillant votre jauge de combo afin d’exploser le scoring. Les essais s’enchainent sans temps mort dans l'attente du carnage parfait, matérialisé par un glorieux sillage de sang ininterrompu.
Le gameplay s’en trouve réduit à son plus simple appareil : un joystick pour orienter le personnage, l’autre pour viser/verrouiller un ennemi, une touche pour frapper/tirer et une seconde pour lancer/ramasser une arme. Il faudra néanmoins quelques minutes avant de se familiariser avec les commandes, la nervosité des déplacements et du viseur n’étant pas facile à synchroniser. Mais une fois apprivoisé, le gameplay procure des sensations grisantes ! Se dégage alors un feeling exaltant, véritable transe frénétique sanglante où l’ultra-violence n’a plus de limite. Bien sûr tout cela reste à prendre au 5e degré tant le titre se pavane dans le gore et l’exagération. Un ensemble sublimé par une bande son électro enivrante, avec des musiques parfaitement dans le ton pour retranscrire l’ambiance Miami des années 70’s, sentant bon la coke, la mafia et les putes.
Hotline Miami 2 : Wrong Number conserve cette recette à succès et l’agrémente de quelques nouveautés. Ainsi, on suit cette fois le destin de plusieurs personnages à la santé mentale douteuse et aux intrigues croisées toutes aussi macabres les unes que les autres ! S’ensuit une narration nébuleuse jouant sur la perception des sens, jusqu’à livrer un final sous amphétamine où la folie atteint son paroxysme.
Si le premier opus nous proposait une vaste sélection de masques en début de niveau, chacun associé à un effet bonus particulier, se sont directement les héros qui usent de capacités distinctes dans Hotline Miami 2. Entre le duo infernal maniaque de la tronçonneuse, le flic fou qui ne peut utiliser d’arme létale ou encore la brute de service se battant uniquement à mains-nues, il faudra prendre en compte les spécificités de chacun pour venir à bout d’arènes impitoyables.
La longévité de cette compilation dépendra de votre skill et de votre envie de scorer. Ce deuxième facteur m’ayant laissé de marbre tant la simple traversée des niveaux se révèle être un challenge en soit ! Notez que le second opus m’a semblé un poil plus long et difficile que son aîné malgré des mécaniques de gameplay désormais familières, tirant la durée de vie globale vers la quinzaine d’heures de jeu. Vu l’intensité des parties, cela suffit amplement ! D’autant qu’on y reviendra avec plaisir histoire de se défouler quelques minutes.
Hotline Miami Collection n’est pas une cartouche à mettre entre toutes les mains moites. Son concept exigeant, purement arcade, ultra-violent et porté par une ambiance limite malséante s’adresse à une niche de joueurs. Soyez prévenu. Mais pour peu d’adhérer à l’expérience, vous découvrirez deux ovnis absolument jouissifs… et épuisants ! Véritable trip vidéoludique décomplexé.
Franz26 a dit (04 Août 2022 à 07:46)
Difficile d'ajouter quoi que ce soit à l'exhaustive et excellente Review de mon compère benben, que je partage complètement. Par principe, je me dois néanmoins de rédiger un petit billet personnel en guise d'hommage solennel à ce titre unique.
Jeu emblématique de la GameBoy, Link’s Awakening détient une place privilégiée dans mon petit cœur de joueur. Mais malgré des dizaines d’heures à vagabonder sur cet écran noir & blanc bon marché, m’attelant à la taille des herbes hautes avec une frénésie digne d’un jardinier Mexicain, je n’ai jamais réussi à en voir le bout. Trop jeune à l’époque pour affronter la non linéarité du titre. Un remake sur Nintendo Switch ? En voilà une riche idée ! Shut up and take my money !!
Link’s Awakening fut donc ma première expérience dans la peau de… Link. En effet, ma mère me refusait l’achat d’une Super Nes, et si je profitais de « A Link to the Past » chez des amis, mon Zelda à moi, c’était sur GameBoy que ça se passait ! Un jeu magnifique au gameplay maitrisé et fidèle aux codes de la série, reprenant la recette de l’épisode 16 bits pour l’adapter à la perfection sur la portable grise. Ce volet connu même une adaptation GameBoy Color intitulée « DX », enrichie d’un donjon bonus. Et nous voilà, 30 ans plus tard, devant ce titre mythique entièrement revisité.
Un remaniement visuel d’abord, qui débute par une petite cinématique animée fidèle à la version GameBoy, présentant Link en difficulté dans sa modeste embarcation face à une mer déchainée. On assiste ensuite au réveil du héros dans le village des mouettes, bien décidé à s’échapper de cette prison naturelle : l’île Cocolint, caractérisée par un œuf géant niché sur son plus haut sommet. Pour se faire, il devra réunir les 8 instruments magiques afin de réveiller le poisson-rêve, entité au cœur de ce grand mystère. Au revoir Hyrule, princesse Zelda et Ganondorf, ce qui fait de Link’s Awakening un opus un peu à part.
Premier constat : le jeu conserve la vue de ¾ originelle et exhibe une 3D chatoyante au style cartoon très enfantin. Tableaux après tableaux, on contemple ce défilement de petits diaporamas adorables à la finesse remarquable ! A mon sens la direction artistique sied parfaitement à l’univers coloré de l’île Cocolint, et le travail sur les textures et les effets force le respect. Attention cependant, cet aspect « jouet » ne plaira pas à tout le monde. J’ai opté pour une expérience en mode nomade, histoire de conserver le côté « portable » de l’œuvre. Un régal. Mise à part cette refonte technique au parti pris singulier, Link’s Awakening Remake fait preuve d’une fidélité exemplaire et met un point d’honneur à ne pas dénaturer le materiau brut. Ennemis, PNJs, items, décors, secrets, etc… tout est disposé au pixel près comme dans la mouture Gameboy, pour le plus grand plaisir des puristes.
A peine dépoussiéré, si ce n’est par le biais d’une maniabilité et d'une interface assouplies, le gameplay se révèle toujours aussi plaisant. La recette ne surprendra personne et accorde une place prépondérante à l’exploration. L’objectif sera donc la main mise sur des accessoires bien utiles : grappin, bombes, arc, etc… l’arsenal classique de tout elfe en tunique verte qui se respecte ! Ces items régissent ainsi la progression et seront mis à l’épreuve aussi bien dans les donjons qu’au quotidien, afin de dénicher les nombreux « quarts de cœur » et autres collectibles. Car malgré les indications récurrentes du hibou, votre esprit d’aventurier va devoir s’aiguiser en vue de percer les mystères de l’île ! Comme d’habitude, les donjons réservent leur lot d’énigmes et nécessitent un minimum de bon sens. Rien d’insurmontable, d’autant qu’il est désormais possible d’inscrire des annotations sur la carte afin de se repérer plus facilement dans ces dédales obscurs au level design exemplaire. Quoiqu’un peu sage. On appréciera aussi les phases de plates-formes 2D, références directes à Mario Land jusqu’au thème musical les accompagnants, égaillant ainsi un gameplay maitrisé mais sans surprise. Au rayon des défauts, les boss s’avèrent complètement oubliables et n’opposeront guère de résistance une fois leur point faible dévoilé.
Malgré tout la durée de vie reste honorable, comptez au bas mot une quinzaine d’heures avant d’en faire le tour correctement. Honnête pour un opus portable. Ce remake incorpore évidemment le temple des couleurs de la version DX et se dote d’un éditeur de donjons. Enfin, soulignons le travail effectué sur la bande son, entièrement réorchestrée. Alternance équilibrée entre musiques d’ambiance et thèmes épiques, formant un ensemble solide consolidé par un sound design familier.
Véritable déclaration d’amour pour les fans de la première heure, cet opus parlera probablement moins aux nouveaux venus sur l’île Cocolint. Mais si la nostalgie joue forcement dans l’appréciation finale, les qualités de Link’s Awakening Remake sont indiscutables. Portée par une réalisation séduisante et des mécaniques de jeu intemporelles, l’épopée réchauffée de notre héros mythique a fière allure. Un petit chef d’œuvre, à (re)découvrir impérativement.
Franz26 a dit (02 Août 2022 à 07:42)
« Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, Tortues Ninjas, KOWABUNGA, le cri des ninjas ! Quatre tortues d'enfer, dans la viiiille ! Chevaliers d'écailles, et de vinyyyyle ! » Pardonnez-moi ce petit moment d’égarement, mais à l’évocation de ces doux mots impossible de ne pas me remémorer le dessin animé mythique diffusé chez nous début 90 (lancez l’opening pour vous mettre dans le bain en lisant cette Review) ou les films d’antan, associés aux innombrables goodies. Deux jeux vidéo exploitant la licence ont particulièrement marqué leur époque : le fameux opus Nes à la difficulté aberrante mais qui aura fait rêver des millions de gosses, et le grand Turtles in Time de la Super Nes. Tribute Game rend aujourd’hui hommage à ces titres par le biais d’un beat’em all typiquement rétro. Voyons voir si la mayonnaise prend aussi bien qu’avec Street of Rage IV, licence également ressuscitée d’outre-tombe il y a peu.
Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenche (TMNT) se présente donc comme un beat’em all old school, et joue clairement sur la fibre nostalgique des gamins ayant grandi en compagnie de nos justiciers en herbe amateurs de pizzas. J’en fais parti. Inutile de vous présenter la bande à Leonardo ni les nombreux antagonistes mythiques de la série que vous allez côtoyer durant votre parcours. Le titre peut s’appréhender jusqu’à 6 joueurs en coopération locale (bon, à 3 c’était déjà le bordel…), soit en Arcade avec un nombre de vie limité, soit via le mode Story. Ce dernier use d’une mappemonde, aux bons souvenirs de l’opus Nes, sur laquelle vous sélectionnez les niveaux en déplaçant le « Turtle Van ». Après avoir choisi un personnage, aux statistiques de base individualisées, il va falloir traverser des stages emplis de collectibles et de défis bonus. Heureusement, vos héros vont progressivement gagner en puissance afin de surmonter l’adversité croissante… mais pas trop ! Le jeu étant relativement permissif, même en mode Arcade.
Si la prise en main est immédiate, la maitrise de sa tortue demande un minimum de doigté avant d’assimiler toute la panoplie de mouvements, et notamment la science de l’esquive. User du terrain à son avantage sera aussi le b.a.-ba d’une progression sans encombre, et ce malgré une interaction avec les décors assez réduite. En résulte des combats nerveux, fluides et jouissifs, entrainant le joueur dans une transe frénétique au rythme endiablé. Enfin, LES joueurs, car l’aspect coopération n’est pas à négliger et parcourir le titre à plusieurs démultiplie carrément l’intérêt et le fun.
L’autre grand atout de TMNT provient de sa réalisation délicieusement rétro, exhibant une 2D chiadée tout en pixel art. Outre de jolis décors, les sprites sont magnifiques et jouissent d’une animation exemplaire, venant conforter ce plaisir coupable de violence gratuite mais décalée. En effet, on retrouve un humour très 1er degré dans les animations et les mimiques des protagonistes, la mise en scène ou les divers écrans fixes transitoires. Au passage, mention très bien pour la vidéo d’intro calquée sur le générique culte du dessin animé. Dopée par une direction artistique géniale, l’ambiance du jeu fond dans la bouche tel un savoureux caramel et viendra ravir les fans de la première heure. D’autant que la bande son pérennise ce constat : les musiques font le job, au même titre que les bruitages et le sound design général. Les voix VO se révèlent évidemment excellentes, même si on n’aurait pas craché sur une petite VF avec les doubleurs d’origine.
Avant de conclure, soulignons l’excellent bestiaire et les boss épiques qui barreront votre route 16 niveaux durant. Quel plaisir de défoncer les sbires de Krang et Shredder puis d’affronter ces derniers dans le grand final ! Du fan service de qualité. Malheureusement la durée de vie, genre oblige, n’excédera pas les 3 heures pour un premier run. Et si l’on recommencera avec plaisir l’aventure afin d’incarner de nouveaux personnages tout en augmentant le challenge via les niveaux de difficulté, TMNT ne vous retiendra pas tout l’été devant l’écran. A ressortir occasionnellement entre potes.
Teenage Mutant Ninja Turtles : Shredder’s Revenche se veut un formidable hommage aux beat’em all des années 90. Bénéficiant d'une aura affective hors-norme, le titre de Tribute Game a su moderniser ses mécaniques de jeu afin d’offrir une expérience old school accessible et parfaitement équilibrée. Difficile de bouder son plaisir devant l’un des meilleurs jeux Tortues Ninja sorti à ce jour, excellent représentant du genre.