Fedora

Un film étrange, voire extravagant, puis la sombre affaire cède peu à peu le pas au destin tragique, dans une mécanique implacable qui nous entraîne jusqu'à la fin, attendue mais néanmoins spectaculaire. Construit sur un fil scénaristique différent, Fedora puise de nombreux éléments narratifs dans le légendaire Sunset Boulevard, de la star recluse à la quête de l'immortalité des acteurs en passant par l'intrigue policière, jusqu'à offrir à William Holden un de ses derniers rôles. Wilder boucle ici la boucle, pour son avant-dernier film, en renouvelant sa réflexion quasi philosophique sur les ravages du temps et la finitude de l'Homme, grossie à la loupe de la démesure du cinéma, dont il souligne le côté parfois cynique et désenchanté (la scène de la remise de l'oscar est à cet égard assez extraordinaire). Holden n'a plus la même vigueur, mais campe un vieux sage en habile contrepoint à l'hybris de Fedora, et la sépulcrale Hildegard Knef n'est pas très loin de Gloria Swanson. Malgré les parallèles évidents avec Boulevard du Crépuscule, pas une redondance. Est-ce la qualité de la construction de la narration ? La densité des dialogues ? En tout cas, si le film a pris quelques rides sur le plan technique, l'immense talent de Billy Wilder pas une.