Lang revient dans sa ville natale aux portes du désert de Gobi. Alors qu’il travaille pour la patrouille locale chargée de débarrasser la ville des chiens errants, il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux. Une rencontre qui va marquer un nouveau départ pour ces deux âmes solitaires.
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Ce film, dépaysant, m'a transporté dans une région reculée d'une Chine que je ne connaissais pas et qu'on ne souhaite pas ne serait-ce envisager connaître.
Que de maîtrises, cet objet. La narration, les personnages et leurs personnalités simples dans leur complexité témoignent un certain fonctionnement d'une société et valident le parti-pris ou la timidité des dialogues, les magnifiques plans font de cette réalisation sombre mais joyeuse voire humoristique à deux/trois reprises, une réussite à mes yeux.
L'introduction de la relation des deux pro-antagonistes ajoute ce bol d'air frais non négligeable. Celle-ci prend son temps et arrive même à nous faire sourire. Nous pouvons aisément nous identifier à ce couple qui naît sous nos yeux. Deux personnalités qui (re)vivent et construisent des liens puissants et complexes, font qu'il est difficile de ne pas s'y attacher.
Le réel décalage des deux mondes qui se confrontent, celui de la ville dont nous sommes les spectateurs éberlués en mode bouche-bée, et de l'autre accueillant les jeux, est fascinant tant il en dit long sur nos sociétés. La Chine est certes éloignée de nous géographiquement mais pas si loin finalement sur la question de la différence des classes sociales.
Black Dog est une fable envoûtante et crépusculaire, auréolée du prix Un Certains Regard à Cannes, qui marque autant par sa puissance visuelle que par sa profonde humanité. Dans le décor lunaire du désert de Gobi, la rencontre entre un homme marginale et un chien errant devient un voyage introspectif, à la fois âpre et poétique.
Le film séduit par la force de sa mise en scène, une beauté formelle : paysages cendrés, photographie subliment, composition des cadres qui transforme le vide en terrain du cinéma pur. Dès les premières scènes, la tension visuelle attrape le spectateur pour ne plus le lâcher. Mais derrière cette esthétique maîtrisée se cache une profonde tendresse, presque inattendue, qui transparaît dans le lien fragile entre Lang et son compagnon canin. Cette douceur, dissimulée sous une carapace de mutisme et de solitude, confère au film une dimension bouleversante. La portée du film est aussi politique et sociale. En arrière-plan de cette relation, se dessine une Chine contemporaine en mutation, où l'exclusion et le vide des idéologies anciennes laissent place à des steppes fantomatiques, peuplées de ruines d'un monde en déclin.
Rarement le vide n'a été aussi pleins de sens, rarement le silence aussi parlant. Un film de solitude, de reconquête de soi, et d'amitié inattendue, qui caresse autant qu'il mord, qui ne lâche pas, et qui laisse une empreinte.