Détails

Date de sortie FR

26 janvier 1994

Date de sortie BE

17 février 1994

Date de sortie US

10 juin 1994
Sources
Plus d'infos

Synopsis

Karol a tout perdu après son divorce avec Dominique, il ne peut même pas retourner en Pologne et refuse de devenir meurtrier pour de l'argent. Après avoir enfin réussi à retourner dans son pays, il se lance dans diverses entreprises et tombe dans le piège de sa vengeance sur Dominique.

Ce film fait partie de la saga :

90 membres ont vu ce film

37 membres veulent voir ce film

Commentaires (1)

  • avatar Aurégane Lemière
    20 / 20Le 04 Mai 2022 à 10:25Aurégane Lemière

    Dans Trois couleurs : Blanc, on nous parle du couple. Est-ce que l’amour ça marche ? Le réalisateur exprime ses réflexions sous le prisme de l’égalité, ou plutôt de la non-égalité, et plus précisément du rapport entre dominant et dominé, qui existe dans le couple.
    Au début du film, c’est Dominique qui “tient les rênes” : elle demande et obtient le divorce pour mariage non-consommé. Karol est humilié. Son impuissance est étalée en plein jour. Juliette Binoche fait une brève apparition à ce moment-là. Son personnage, Julie, entre par erreur dans la salle d’audience. Cette même scène est dans Bleu du point de vue de Julie cette fois. Revenons à Blanc, au cours du procès, Karol cherche vainement à expliquer sa situation au juge dans un français mal assuré. Son avocat finit par se contenter de traduire les propos qui sont échangés en français au lieu de défendre véritablement les intérêts de son client. Cette inégalité face au langage traduit en fait l’injustice dont Karol est victime face au juge et à l’appareil d’État. Suite au divorce, il perd tout : sa carte bancaire est inutilisable, on la lui détruit, il se retrouve, seul, à la rue, dans un pays étranger. Il est en position d’infériorité par rapport à Dominique. Et elle ne cesse de le provoquer, de le tester, de l’écraser (pour qu’il se relève). Tout au long du film ensuite, on voit Karol qui veut s’en sortir. Il fait tout pour se réhausser à ses propres yeux et à ceux de la femme qui l’a abandonné. Il l’aime encore, il se met donc en pleine reconquête de celle-ci. De brave amoureux éconduit, Karol se change en calculateur capitaliste. Pour revoir Dominique, il va jusqu’à mettre en scène sa propre mort. Dominique se retrouve accusée du meurtre de son ex-mari. Cette fois c’est elle qui fait les frais de l’inégalité de la justice à l’égard des étrangers et se retrouve condamnée et incarcérée.

    Mais finalement Karol est-il en reconquête de sa femme ou de sa position de dominant ? Les deux à la fois. Il est à la recherche de l’inégalité perdue. Nous sommes témoins de cette inégalité au sein du couple, de ce rapport dominant/dominé qui s’interchange au fil du film (et aussi hors-champs temporel, avant le début et après la fin du film). C’est ça qui maintient le couple. Cela suggère que l’amour, dans la relation amoureuse, est nécessairement accompagné de cette interchangeabilité de ces positions. Interchangeabilité qui représente un point d’équilibre malgré l’instabilité. Cela serait le seul moyen d’entretenir une relation amoureuse, en tendant à l’égalité dans cette alternance. C’est du moins la question qui est posée par le film, et le mode de fonctionnement effectif pour les deux protagonistes.
    La notion d’égalité traitée ici passe par plusieurs canaux ; l’inégalité de statut à la fois dans la société et dans le couple. L’État, tant français que polonais, fait preuve d’une grande injustice à l’égard des étrangers. Et la violence, dont les deux protagonistes sont capables de faire preuve pour écraser l’autre, leur permet de se séduire l’un l’autre. Tous les coups sont permis. Le point final de l’histoire est le plan de Dominique derrière les barreaux de la prison, qui fait un geste à Karol pour lui faire comprendre qu’elle l’aime et qu’à sa sortie de prison ils vont se remarier.
    Le postulat du film est qu’il n’existe pas d’égalité. « C'est une histoire sur la négation de l'égalité. Le concept d'égalité suggère que nous sommes tous égaux. Or je pense que ce n'est pas vrai. Personne ne veut vraiment être l'égal de son prochain. Chacun veut être plus égal. » (Krzysztof Kieślowski). Mais quand deux êtres inégaux luttent pour prendre l’ascendant l’un sur l’autre, ne sont-il pas en train de toucher cette fameuse égalité ?
    Ce changement de rapport de force peut être vu comme une guerre, un savant mélange amour/haine. “Quand je te dis que je t’aime tu ne comprends pas. Quand je te dis que je te déteste tu ne comprends pas non plus. Tu ne comprends rien.” (de Dominique à Karol au début du film dans le salon de coiffure). Cette guerre menée entre eux se matérialise dans leurs rapports sexuels : par l’impuissance ou l’érection de Karol qui symbolise la perte ou la reprise d’ascendant. Avec l’omniprésence de la couleur blanche, on décèle un certain symbolisme, jusqu’au flash de lumière blanche au moment de l’orgasme final (blanc qui est aussi la couleur du sperme).

Equipe technique

Réalisateur

Compositeur

Producteur

Chroniques de blogueurs (0)

Des films dans le même genre

Merci à Lyra Sullyvan qui a créé cette fiche