Dans un quartier pauvre de Londres, une jeune fille, Lucy, est battue par son père, champion de boxe ivrogne et raciste. Un soir, alors qu'elle erre dans la rue déboussolée et blessée, Cheng Huan, jeune immigré chinois timide et idéaliste, la recueille chez lui. Il prend alors soin d'elle et en tombe amoureux. Mais le père ne tarde pas à les retrouver...
Rôle principal
Rôle principal
Rôle secondaire
Merci à Achranide qui a créé cette fiche
Bordel c'est violent ! C'est pas trop montré mais ça l'est quand même. Chose cocasse c'est que le réalisateur dénonce le racisme du père alors qu'il a fait un film de 3h sur le Ku Klux Klan et embelli l'image de ces ... Je ne sais pas comment le dire sans insultes alors je vous laisse finir la phrase.
Je ne m'attendais pas à ce que ce film soit aussi émouvant, et beau, aussi. C'est fou à quel point les vrais bons films muets pouvaient être tout aussi prenants que des films parlants, si ce n'est parfois encore plus, en se basant uniquement sur le jeu corporel des acteurs et quelques cartons de dialogues (surtout qu'il n'y en a vraiment pas beaucoup dans celui-ci par rapport à d'autres).
L'histoire est toute simple, c'est ni plus ni moins ce qui est écrit dans le synopsis, pas de surprise, mais c'est réalisé avec tellement d'émotion et de tendresse. On s'attache à ces deux âmes trop douces pour ce monde.
Et cette volonté de montrer des actes altruistes et un amour sincère au beau milieu d'un cadre violent et raciste, ça a une vraie valeur.
Ce qui m'a également beaucoup marquée, c'est évidemment le jeu des acteurs, notamment le duo principal. Richard Barthelmess arrive à faire passer beaucoup d'émotions malgré un personnage très timide et peu démonstratif. Et surtout, la grande Lillian Gish, que je découvre enfin au sommet de sa gloire (après l'avoir vue pour la première fois dans Le Vent de La Plaine sans savoir à quelle point elle avait marqué le cinéma), est à la hauteur de sa réputation. Ce petit bout de femme est envoûtant. Pas pour sa beauté (même s'il faut avouer qu'elle était magnifique), mais pour sa capacité à jouer avec son regard. Tout passe par là, tout est dans ces yeux expressifs, on ressent tout. Et quand on pense que c'est plus ou moins elle qui est à l'origine de ce type de jeu, allant à l'encontre du surjeu un peu ridicule (même si justifié par le contexte) des acteurs de l'époque, on se rend compte que le cinéma lui doit vraiment beaucoup, mais aussi que ce n'est pas donné à tout le monde d'être capable d'atteindre ce niveau.
Pour finir avec les acteurs, il y a un troisième nom à mentionner : Donald Crisp, dans le rôle du père du personnage de Lillian Gish. Bon, lui, j'avoue que j'ai moins accroché, parce que son jeu s'aligne plus avec le fameux surjeu de l'époque. Je ne dis pas qu'il joue mal, mais que ce type de jeu n'a pas forcément très bien vieilli.
Maintenant, bien sûr, c'est difficile de ne pas penser au fait que D.W. Griffith ait réalisé La Naissance d'une Nation quatre ans plus tôt. Mais de ce que j'ai compris, Le lys brisé fait justement partie des nombreux films réalisés au cours de sa carrière ayant pour but de s'excuser de ce qu'il a fait dans ce fameux film de 3h. Faute avouée à moitié pardonnée, on va dire ? Au moins il a voulu se racheter plutôt que de continuer ses films racistes.
Même si bien sûr, le racisme ordinaire est présent dans ce film, rien que l'homme chinois qui est surnommé "l'homme jaune"... Bon. Voilà. Mais il date de 1919. Pas les mêmes mœurs. (Disons que si on commence à s'offusquer à chaque fois qu'un vieux film met en avant ce genre de chose, on ne va pas s'en sortir malheureusement.)
Sinon, je dois quand même dire que j'ai trouvé le film un petit peu lent par moments, il y a vraiment très peu d'action et pas beaucoup de "dialogues" donc c'est assez facile de décrocher de temps en temps (surtout que parfois, pour appuyer l'émotion le film se met à faire des groooos plans sur le visage d'un acteur pendant plusieurs secondes, c'est dur de prendre ce genre de choix au sérieux à notre époque), mais ça reste une très belle œuvre que je ne regrette pas d'avoir découverte.