Détails

Date de sortie FR

15 mai 1991

Date de sortie US

22 novembre 1991
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Synopsis

Il y a 20 ans dans deux villes différentes (en France et en Pologne) naquirent deux petites filles pareilles. Elles n'ont rien en commun, ni père, ni mère, ni grands parents, et leurs familles ne se sont jamais connues. Pourtant elles sont identiques : toutes deux gauchères, aiment marcher les pieds nus, et le contact d'un anneau d'or sur leurs paupières. Et surtout, toutes deux ont une voix magnifique, sublime, un sens musical absolu, et la même malformation cardiaque difficilement détectable. L'une profitera des expériences et de la sagesse de l'autre sans le savoir. Comme si chaque fois que la première se blessait avec un objet la seconde évitait le contact de ce même objet. C'est une histoire d'amour, simple et émouvante. L'histoire d'une vie qui continue, quittant un être pour se perpétuer dans le corps et l'âme d'un autre être.

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Commentaires (2)

  • avatar matihldeuh
    15 / 20Le 30 Septembre 2020 à 23:10matihldeuh

    L'actrice est incroyable, j'adore l'idée et elle est plutôt bien réalisée. C'est vraiment cool de l'avoir vu !

  • avatar Aurégane Lemière
    20 / 20Le 04 Mai 2022 à 10:37Aurégane Lemière

    C’est ici la question du double et de l’alter ego qui est abordée. Sommes-nous en correspondance secrète sans pour autant connaître l’existence cachée de cet autre nous-même ?
    Le film recoupe toutes les dimensions qui font la nature du cinéma de Kieślowski ; les trois dimensions politique, métaphysique et esthétique.
    En premier lieu, la piste politique. Une courte séquence met en scène Weronika à Varsovie durant une manifestation. Il n’y a aucune indication visant à replacer le contexte, mais on peut penser qu’il s’agit d’une référence à l’agitation politique qui secoue l’Europe de l’est entre 1989 et 1991. C’est à ce moment précis que Weronika croise son double occidental. Le thème de la rencontre des deux Europes, séparées depuis plusieurs décennies par le Rideau de Fer, sera repris par la suite dans Trois Couleurs : Blanc en 1994.
    Ensuite, la piste métaphysique au travers des questions de hasard, de destin. La mort n’est rien d’autre que l’apogée du hasard, et elle parcourt l'œuvre du réalisateur. L’omniprésence de la couleur verte, qui colore de façon irréelle l’ensemble du film, renvoie à cette dimension. Le vert c’est “la couleur du hasard, du jeu, du destin, du sort, de la chance” (Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet). Mais c’est aussi une couleur ambivalente ; elle tend aussi à la malchance, ici la mort de Weronika. La question du double et du destin est également sensible dans la relation entre Véronique et le marionnettiste. On peut se demander si cet homme ne serait pas le double du réalisateur lui-même. C’est ce que suggère une des dernières séquences du film au cours de laquelle le personnage confectionne deux marionnettes à l’image de Véronique (et Weronika ?).
    Enfin, la piste esthétique : en 1912, Marc Chagall peint Golgotha dont les deux couleurs principales sont le rouge et le vert (deux couleurs très présentes dans le film). L’évocation du peintre par le père de Véronique permet de se replonger dans la tradition chrétienne qui veut que Sainte Véronique, lors de la montée au Golgotha, propose au Christ portant la croix, son voile pour qu’il s’essuie le front. Sur ce tissu, le visage du Christ s’imprime miraculeusement. Il s’agit d’un double dont l’iconographie chrétienne multipliera les exemples ; c’est le Saint-Suaire.
    A noter l’importance de la bande son, en particulier dans la scène de l’écoute de la mini-cassette où l’on entend les bruitages liés aux scènes suivantes, ce qui donne une intensité très particulière.
    « Pour la première fois, peut-être, un film atteint à cette chose rare : le sublime. [...] Kieslowski filme Véronique comme s'il suivait la respiration d'un être en train de se perdre. On sent cette angoisse de la perte et en même temps cette douceur de la mort dans l'extrême fluidité des plans, dans leur folie et dans leur constante beauté qui ne doit son existence qu'au “génie” du réalisateur. Tout est filmé comme une fuite perpétuelle des choses et des êtres qui semblent en suspens dans ce film bouleversant où l'émotion se dit avec une pudeur et une intelligence rare ».

Merci à Yorick qui a créé cette fiche